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Liban - Commentaire

Dernière injonction du Hezbollah : Oubliez un peu nos armes…

Passez muscade. Magnanime, Hassan Nasrallah veut mettre le nouveau gouvernement à l'abri d'une crise immédiate. Il affirme, au sujet du problème des armes miliciennes, que « si nous commençons par là, nous courons droit au clash. Discutons plutôt à tête reposée de tout dossier autour de la table de dialogue. Évitons, dans la déclaration ministérielle, de courir après des décisions que nous ne pouvons réaliser pour ne pas nous rejeter ensuite mutuellement la responsabilité de cette incapacité. Et laissons le gouvernement travailler ». Sans s'en préoccuper ni s'en occuper.
Donc, malgré le 7 Mai et ses lourds effets, notamment politiques, la question des armes n'a rien de prioritaire aux yeux du parti qui les détient. Il lui semble de loin préférable que l'État s'en dessaisisse au profit de cette ONG qu'est le comité de dialogue. Nasrallah, appelant les parties prenantes à faire montre de responsabilité, les presse de se focaliser entièrement « sur cette urgence qu'est la crise socio-économique ainsi que sur la lutte contre la corruption qui sévit dans les services de l'État ». Un double objectif qui n'a certes rien de vain. Mais qui ne gomme pas, tant s'en faut, les autres vrais problèmes des Libanais, sécuritaires ou culturels.
Vus sous l'angle tactique, les propos du Hezbollah donnent à penser que, pour peu que la question de ses armes soit reléguée au placard, le parti est disposé à coopérer dans le domaine du redressement économique. Donc des réformes qu'encadrent les résolutions de Paris III. D'autant plus volontiers que son arsenal, vital à ses yeux dans le combat contre Israël et contre l'Amérique, est plus important que tout le reste. Comme il en a fait la démonstration en lâchant du lest au sujet du nombre de ses ministres et de la qualité des portefeuilles qu'ils assument. Son message se résume, tout compte fait, à lier la tranquillité politique du pays à sa propre quiétude au sujet des armes. Les formules de légalisation de son arsenal, il ne veut pas en entendre parler. D'où le renvoi à la table de dialogue, où le débat, après s'être éternisé, se terminerait encore une fois en queue de poisson. On sait en effet que les précédents échanges sur la stratégie de défense n'ont rien donné. Parce que les études exposées s'annulaient les unes les autres et surtout parce que le Hezbollah, principal intéressé, n'a présenté pour sa part aucun projet.
La thèse officielle du parti de Dieu, c'est : pas de désarmement avant une paix juste dans la région. Mais en filigrane, pour lui comme pour les Iraniens, il ne peut y avoir une telle paix tant que l'entité sioniste subsiste.
Sans aller jusqu'aux finalités, le parti reçoit dans la phase actuelle le soutien nuancé du Liban officiel. Dans son discours d'investiture, Michel Sleiman a rappelé que la déliquescence antérieure de l'État avait rendu la résistance nécessaire. Il en a évoqué les mérites, les martyrs et la réussite. Pour souligner que Chebaa et les menaces israéliennes exigent en réponse la mise en place d'une stratégie de défense sachant profiter du potentiel de la Résistance, précisant toutefois que les réalisations de celle-ci ne doivent pas être exploitées dans des conflits intérieurs.
Saad Hariri a, de son côté, fait savoir qu'il est préférable de ne pas polémiquer sur la question des armes sur la scène publique et de laisser le comité de dialogue en traiter. À mots couverts, les officiels disent donc au Hezbollah : d'accord pour vos armes, mais il faut leur donner un encadrement légal et veiller à ce qu'elles ne puissent plus être tournées vers l'intérieur.
Mais étant donné les rapports de force réels, ce ne sont là que des vœux pieux. Il se confirme ainsi de tous côtés que le nouveau gouvernement ne s'occupera, en pratique, que de la crise socio-économique.

Passez muscade. Magnanime, Hassan Nasrallah veut mettre le nouveau gouvernement à l'abri d'une crise immédiate. Il affirme, au sujet du problème des armes miliciennes, que « si nous commençons par là, nous courons droit au clash. Discutons plutôt à tête reposée de tout dossier autour de la table de dialogue. Évitons,...
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