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Nos Lecteurs ont la Parole

Anne, ma sœur Anne…

Par Dr Carine Chamoun
CHAMMAS
Je reconnais devant Dieu Tout-Puissant qu'Israël est mon ennemi. Qu'il est cruel, jaloux, envieux, impitoyable, vicieux et sanguinaire.
Mais Anne est mon amie. Elle m'a accompagnée dans mon adolescence. Terrée dans les abris, à la lueur des bougies, elle m'a tenu la main. Elle m'a dit que malgré la peur l'espoir continue. Qu'il faut rêver encore et toujours. Que demain est possible.
Aujourd'hui, Anne est au banc des accusés. Accusée d'être trop émotive, à fleur de peau... Au point d'interpeller la partie la plus sensible de tout un chacun. Et là, attention danger ! Danger d'éprouver de la pitié pour la race honnie à travers une adolescente de 15 ans disparue dans les camps de la honte. Accusée de propagande pour un État qui n'existait pas encore au moment de sa mort.
Pour la énième fois, le Hezb insulte mon intelligence. Serais-je sotte au point de ne pas distinguer mon ennemi d'une innocente victime des instincts les plus vils de l'humanité ? Serais-je aveugle au point de ne pas voir que le peuple opprimé du XXe siècle s'est transformé à son tour en oppresseur du XXIe siècle ? Serais-je bête au point de mêler judaïsme et sionisme ?
Je voudrais dire aux membres du Hezb que des Anne Frank, il y en a partout. Pourvu qu'ils se donnent la peine de se pencher sur les états d'âme de leurs femmes et filles. Dans le Sud violé, dans la banlieue sud pilonnée, il y a des Fatma et des Aïcha, sœurs d'Anne. Dans Gaza assiégée, il y a des milliers d'Anne, des jeunes filles qui voient leur quotidien basculer dans l'enfer, leurs corps se transformer, leurs émotions les submerger.
Anne est morte, il y a soixante ans. Mais parce qu'elle a lutté avec ses émotions, un crayon et un cahier, elle est vivante à jamais dans la mémoire de l'humanité.
Et eux, les mollahs, que proposent-ils ? Le doigt menaçant, le discours haineux et méprisant, ils vont avec les ciseaux de la censure, amputant ça et là ce qui choque leur vertu et constitue une menace à leur régime vermoulu. Marjane Satrapi, Gad el-Maleh, Anne Frank ne sont que les premières victimes de leur offensive.
Pendant ce temps, l'ennemi se cultive, apprend, réfléchit, creuse, invente et théorise. Je ne citerais pas les centaines d'intellectuels, savants, médecins, chercheurs et scientifiques juifs. Je n'oserais pas. Au bout du compte, qui restera dans les livres de l'humanité ?
À eux qui pensent pouvoir nous gouverner parce qu'ils ont le pouvoir des armes, je dis à mon tour l'index menaçant : Attention ! Beyrouth n'est pas Téhéran.

Je reconnais devant Dieu Tout-Puissant qu'Israël est mon ennemi. Qu'il est cruel, jaloux, envieux, impitoyable, vicieux et sanguinaire. Mais Anne est mon amie. Elle m'a accompagnée dans mon adolescence. Terrée dans les abris, à la lueur des bougies, elle m'a tenu la main. Elle m'a dit que malgré la peur l'espoir continue. Qu'il faut rêver encore...

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