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Législatives : juin 2009 - Pour aller plus loin

Hariri décide de réagir et invite Aoun à se réunir avec lui « à Baabda ou place de l’Étoile »

À en devenir lassant, le statu quoi persiste, sur fond de déclarations venimeuses de part et d'autre de l'échiquier politique. Ainsi, et comme l'ont souligné hier des sources du palais Bustros, « à chaque fois que le Liban est sur le point de redorer son blason sur le plan diplomatique, il s'enfonce un peu plus au niveau interne ».
Une constatation simple, mais effarante de vérité, à l'heure où le Liban s'apprête à faire partie du club très fermé des membres non permanents du Conseil de sécurité de l'ONU. Quelle image le Liban compte-t-il offrir au monde en se rendant à New York, noyé dans le vide gouvernemental jusqu'au cou, faisant du surplace dans un contexte qui fait froid dans le dos tant il rappelle celui qui a précédé le 7 mai 2008 et le très peu reluisant accord de Doha. Un accord qui, certes, aura eu pour mérite premier de désamorcer la violence mais qui, dans le fond, n'aura réussi, à coups de violations constitutionnelles manifestes, qu'à calmer les esprits en rapiéçant les lambeaux d'une classe politique qui, plus d'un an plus tard, n'a toujours pas su tirer les leçons d'un 7 mai qui a eu pour conséquence directe de conduire le pays vers un gouffre sans fond, avant d'en être extirpé in extremis et de manière très malhabile à Doha.
Se dirige-t-on vers un Taëf bis, ou pire, vers un Doha bis ? Naïm Kassem l'a nié jeudi dernier, mais plusieurs députés de la majorité avaient toute la semaine dernière mis en garde contre un changement de système qui serait induit par une conférence type Taëf II ou Doha II. Hier, dans une allocution pour le moins musclée, le député Ibrahim Kanaan a annoncé rien de moins que « l'amendement de Taëf », amendement avec lequel « la vie politique au Liban va reprendre le droit chemin ». Pour lui, le moindre empiètement sur « la proportionnelle ou sur la majorité est de nature à violer la Constitution tant que le confessionnalisme politique n'est pas encore aboli ».
Chaque partie politique a sans doute ses raisons de souhaiter un changement de système, mais la réalité sur le terrain impose un constat et un seul : si le ridicule blocage persiste, les Libanais seront une nouvelle fois non seulement la risée de la communauté internationale et régionale, mais trimballés dans un pays arabe quelconque afin de s'y réunir et de signer, comme toujours au forceps, un vague document qui, cela est de plus en plus certain, ne sera pas meilleur que celui de Doha. Par bonheur, certaines voix se sont enfin élevées récemment pour réclamer, à l'instar de Dory Chamoun et Samir Geagea, une réaction de la part de Saad Hariri et Michel Sleiman, réaction rendue tout à fait possible grâce aux prérogatives constitutionnelles qui sont les leurs.
Prenant probablement conscience de la gravité de la situation, Saad Hariri a choisi de réagir hier soir en lançant ce que Koraytem n'a pas tardé à qualifier « d'initiative de l'iftar ». En effet, au cours de sa traditionnelle allocution quotidienne tout au long du mois de Ramadan, M. Hariri a en quelque sorte invité le député Michel Aoun à se réunir avec lui « soit au palais présidentiel de Baabda, soit place de l'Étoile », dans l'enceinte du Parlement. Il convient de rappeler que quelques heures plus tôt, le député Nabil Nicolas avait affirmé que c'est au Premier ministre désigné de se rendre à Rabieh et que ce dernier devait en plus « s'excuser » auprès de Aoun. Sans se départir de son calme, sans céder à la pression, M. Hariri a invité M. Aoun à le rejoindre à mi-chemin, c'est-à-dire à Baabda ou place de l'Étoile. La réaction est louable, mais elle demeure insuffisante, car l'enjeu est de taille : la crise institutionnelle se durcit à l'heure où un nombre incalculable de paramètres - allusions à l'implantation des réfugiés palestiniens, visite de Javier Solana la semaine prochaine dans le but de réactiver les efforts de paix israélo-arabe, déclaration d'Amine Gemayel suggérant des négociations indirectes avec Israël, mouvements dans le nord du pays de groupuscules salafistes armés, apparemment alliés Hezbollah à en croire les propos de Moustapha Allouch - viennent menacer la stabilité d'un pays que la moindre petite secousse est susceptible de faire basculer dans la violence.
Une constatation simple, mais effarante de vérité, à l'heure où le Liban s'apprête à faire partie du club très fermé des membres non permanents du Conseil de sécurité de l'ONU. Quelle image le Liban compte-t-il offrir au monde en se rendant à New York, noyé dans le vide gouvernemental jusqu'au cou, faisant du...