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Législatives : juin 2009 - Pour aller plus loin

Hariri-Aoun : une discussion « franche » et « calme »

La première journée de consultations parlementaires entreprises hier par le Premier ministre désigné, Saad Hariri, après sa seconde nomination s'est principalement caractérisée par une rencontre plutôt positive avec le général Michel Aoun. Les consultations, qui se déroulent au siège du Parlement, doivent se poursuivre jusqu'à mardi prochain. M. Hariri, fraîchement rentré d'Arabie saoudite, a entamé ses réunions par une rencontre avec le président de la Chambre, Nabih Berry.
Le Premier ministre désigné s'est entretenu par la suite avec le vice-président du Parlement, Farid Makari, qui fait partie de son bloc. À l'issue de cet entretien, M. Makari a déclaré : « J'ai émis le souhait que M. Hariri prenne en compte le fait que le pays ne peut pas rester sans gouvernement. »
« M. Hariri n'a pas eu de manquements. Il n'a épargné aucun effort et il a fait preuve d'ouverture pour former le gouvernement. Mais, hélas, d'aucuns ne veulent pas que ce pays puisse enfin décoller ni que ses institutions puissent fonctionner normalement », a ajouté M. Makari.
Selon lui, le Premier ministre désigné est ouvert à « toutes les formules et à toutes les idées dans le but de former son gouvernement le plus vite possible ».
Interrogé sur le point de savoir si la visite du président Bachar el-Assad en Arabie saoudite aurait des effets positifs sur la question gouvernementale au Liban, le député du Koura a dit : « Il est regrettable de voir que l'extérieur influe sur la formation du gouvernement. Le mieux serait que les Libanais soient capables de former le cabinet sans compter sur l'étranger. »
Après M. Makari, le Premier ministre désigné a reçu les membres du Bloc du développement et de la libération, que préside M. Berry. S'exprimant au nom de ses collègues, le député de Hasbaya, Anouar el-Khalil, a indiqué que son bloc réclame la formation d'un gouvernement d'union nationale sur la base de la formule des 15-10-5.
Le bloc Berry demande aussi « une application intégrale de l'accord de Taëf, en prélude à l'abolition du confessionnalisme politique et à la mise en place d'une politique de développement équilibré pour toutes les régions libanaises ».
Les autres doléances du bloc, selon M. Khalil, se résument ainsi : assurer le suivi de l'affaire Moussa Sadr, mettre en œuvre le projet du Litani et régler les indemnisations pour les dégâts subis lors de la guerre de l'été 2006.
Saad Hariri a ensuite rencontré Robert Ghanem, député de la Békaa-Ouest. Ce dernier a souligné, à sa sortie, que « ce qu'il faudrait pour parvenir à une solution, ce n'est ni un miracle, ni la conclusion d'un marché, ni des atteintes à la sécurité. Ce qui est souhaitable, c'est qu'on s'élève au-dessus des intérêts personnels et des surenchères et qu'on cesse de lire la Constitution comme s'il s'agissait d'une proposition ouverte à toutes les interprétations ».
« Ce gouvernement, a-t-il souligné, devrait être un modèle illustrant la capacité à traduire les résultats des élections législatives et non pas une occasion pour sauter par- dessus les institutions. »
À la suite de M. Ghanem, M. Hariri a rencontré le chef du CPL, le général Michel Aoun, venu en compagnie des membres de son bloc.
Au terme des discussions, le député du Kesrouan a fait la déclaration suivante : « Nous avons entamé les consultations de manière non classique. Toutes les questions complexes ont été abordées et nous avons échangé nos points de vue à cet égard. Je peux affirmer que la discussion a été franche et calme. Chacun de nous a écouté l'autre et nous sommes convenus de tenir une seconde réunion pour parachever la concertation, dans la mesure où les sujets à discuter sont vastes et nombreux. »
« Je pense que ce que nous avons fait aujourd'hui est très utile. J'espère que nous pourrons continuer sur un rythme suffisamment rapide afin de parvenir à une solution le plus vite possible », a ajouté le chef du CPL.
Le Premier ministre désigné a ensuite rencontré aux alentours de 17h le chef de la Rencontre démocratique Walid Joumblatt, qui a affirmé, sans s'attarder sur cette longue journée de consultations, que « la rencontre entre le roi Abdallah d'Arabie saoudite et le président syrien Bachar el-Assad a permis de rétablir le contact et la communication ». « Il ne fait pas de doute que le fait que le président syrien Bachar el-Assad ait répondu présent à l'invitation du roi Abdallah d'Arabie saoudite (...) constitue un événement politique important et permet de rétablir le contact et la communication. Cela est très important car il est de nature à préserver l'accord de Taëf et à le consolider (...). Il ne fait pas non plus de doute que cela va influer positivement sur la situation au Liban. »
Puis ce fut au tour du chef du bloc parlementaire du Hezbollah Mohammad Raad de discuter avec M. Hariri. « Les consultations parlementaires sont une étape très importante qui permet de discuter de nombreux points qui ont trait au plan interne et aux défis auxquels nous devons faire face », a-t-il ainsi souligné, avant de relever que son bloc a voulu « tirer profit des expériences du passé et se fonder sur les points d'accord préexistants, notamment en ce qui concerne la formule 15-10-5, la composition du cabinet et la distribution des portefeuilles. De notre côté, nos revendications ne sont pas exceptionnelles au niveau des portefeuilles et je suppose qu'avec nous les choses seront faciles », a-t-il ainsi expliqué. Concernant la différence entre la première et la seconde désignation de M. Hariri, M. Raad a noté « une écoute et une compréhension. Nous avons la même approche que le Premier ministre désigné ». À la question de savoir si cela impliquait que M. Hariri allait accepter d'octroyer le ministère des Télécommunications au ministre sortant Gebran Bassil, M. Raad a répondu : « Ceci est un détail sur lequel nous ne nous attarderons pas. »
L'un des derniers à se rendre place de l'Étoile a été le député Michel Murr qui a affirmé avoir discuté avec M. Hariri du fait que « le climat de la seconde désignation est de loin plus confortable que celui de la première, surtout à l'aune de la visite effectuée par Bachar el-Assad en Arabie saoudite ». Pour lui, la tendance reste clairement aujourd'hui à la formule 15-10-5. Le député Nicolas Fattouche a de son côté indiqué avoir souhaité la mise en place d'un gouvernement « qui se soucie du citoyen à l'ombre de la difficile conjoncture économique ».

Un nouveau souffle
De source autorisée citée par notre correspondant au palais Bustros, Khalil Fleyhane, on s'employait hier à souligner le nouveau souffle apporté par Saad Hariri à ce second acte des consultations parlementaires. « La méthode adoptée par M. Hariri a rencontré un écho positif auprès de toutes les parties politiques, notamment concernant le dialogue amorcé par le chef de la majorité parlementaire avec l'ensemble de ses partenaires politiques ». M. Hariri a ainsi entrepris de poser une série de questions aux parlementaires et chefs de bloc qu'il a rencontrés hier, parmi lesquelles : « Existe-t-il une crise du système institutionnel dans le pays ? Existe-t-il une crise entre les différentes communautés ? Quelle est la structure gouvernementale qui vous voudriez voir adopter : la 15-10-5, un gouvernement de pôles assorti de ministres technocrates ou un cabinet composé exclusivement de pôles politiques ? Quelle est votre position en ce qui concerne l'abolition du confessionnalisme politique ? Quid de la lutte contre le terrorisme, adhérez-vous à la méthode adoptée pour y faire face ou bien souhaiteriez-vous y apporter des modifications, et si oui quelles sont-elles ? Comment percevez-vous la gestion des affaires administratives et financières et pensez-vous qu'il faille s'atteler de manière prioritaire à résoudre la crise socio-économique ? »
Le Premier ministre désigné s'est entretenu par la suite avec le vice-président du Parlement, Farid Makari, qui fait partie de son bloc. À l'issue de cet entretien, M. Makari a déclaré : « J'ai émis le souhait que M. Hariri prenne en compte le fait que le pays ne peut pas rester sans gouvernement. »« M. Hariri...