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Législatives : juin 2009 - Pour aller plus loin

L’Iran et l’affaiblissement du Hezbollah…

La visite du président syrien Bachar el-Assad à Téhéran est un message clair adressé à la communauté internationale et aux pays arabes sur la solidité de la relation entre la Syrie et l'Iran.
Le message se résume comme suit : ceux qui misaient sur un froid dans les relations entre les deux pays ou ceux qui croyaient que les troubles internes au sein de la République islamique pouvaient remettre en question l'alliance stratégique entre les deux pays se trompaient du tout au tout. Les relations resteraient donc aussi solides et la situation interne en Iran serait plus rassurante qu'on ne le croit. Toutefois, des sources diplomatiques arabes sont beaucoup plus nuancées. Ces sources vont même jusqu'à comparer la situation actuelle du président réélu Ahmadinejad à celle du président libanais Émile Lahoud au cours des trois dernières années de son mandat, après la prorogation de 2004. Pour ces sources diplomatiques arabes, les derniers événements en Iran, après l'élection présidentielle, auraient provoqué une sorte de crise de confiance entre le peuple et la classe gouvernante et, s'il n'y a pas encore véritablement une crise de régime, une cassure s'est produite et le nombre des contestataires qui souhaitent pour l'instant, selon les termes occidentaux, être gouvernés « par un islam plus moderne et ouvert » ne cesse d'augmenter. Que ces incidents aient été ou non encouragés, voire fomentés, par des pays occidentaux, comme l'affirment les piliers du régime, il reste que les idées de changement font leur chemin dans les esprits, d'autant que le président réélu n'a pas encore montré qu'il était prêt à plus de souplesse dans son exercice du pouvoir.
Les sources diplomatiques arabes affirment que les développements en Iran ne sont donc pas à prendre à la légère et que désormais, « le ver est dans le fruit », ou si on veut être plus positif, le processus est déclenché, et il serait irréversible. Ce ne serait donc plus qu'une question de temps, avant que le changement ne se traduise concrètement dans la politique générale du pays. Les mêmes sources ajoutent que le Hezbollah a pris note de ce qu'on qualifie pour l'instant de « changement d'humeur populaire » en Iran, et il suit de très près l'évolution de la situation dans ce pays. D'autant qu'au plus fort des manifestations des opposants, certaines voix se sont élevées pour réclamer la suspension de l'appui au Hezbollah sous prétexte que le pays traverse une grave crise économique et que les efforts doivent se concentrer sur la scène intérieure, au lieu d'appuyer le Hezbollah et le Hamas ou d'autres mouvements étrangers. Les mêmes sources précisent qu'en dépit des déclarations rassurantes et confiantes des dirigeants du parti, celui-ci aurait pris brusquement conscience des conséquences d'un changement éventuel dans la politique iranienne à son égard. Bien entendu, la dimension religieuse n'est pas remise en question, mais plutôt l'ampleur des aides et de l'appui sous toutes ses formes de la République islamique au Hezbollah. Ses noyaux de réflexion étudieraient déjà des options de rechange, notamment davantage d'ancrage au Liban et dans le monde arabe. Toutefois, les sources diplomatiques arabes estiment que l'affaiblissement du régime iranien a des conséquences directes sur le Hezbollah, et vice-versa. Elles précisent donc que ce n'est pas un hasard si les rumeurs sur une éventuelle implication de ce parti dans l'assassinat du Premier ministre Rafic Hariri ont commencé à circuler simultanément avec le déclenchement de manifestations contestataires en Iran. Elles voient donc un lien entre la multiplication des rumeurs sur une réédition de l'article de l'hebdomadaire allemand Der Spiegel et la situation en Iran. Il s'agirait du même plan visant à affaiblir ces deux forces : d'un côté, l'Iran serait empêtré dans ses problèmes internes, et de l'autre, le Hezbollah devrait se justifier devant les parties libanaises et internationales et assurer sa défense. Les sources diplomatiques arabes pensent qu'il n'y aurait pas véritablement une implication directe dans l'acte d'accusation du Tribunal spécial pour le Liban, annoncé dans les deux prochains mois, mais une simple convocation de cadres du Hezbollah (on parle de quatre personnes), dont les noms auraient été cités au cours des investigations. À ce sujet, le président de la Chambre Nabih Berry aurait récemment rencontré une personnalité européenne qui aurait abordé cette question avec lui. Très intéressé par le sujet, il aurait sollicité plus d'informations et il aurait obtenu une confirmation de cette hypothèse, ainsi que l'annonce que l'origine de l'information serait israélienne. Ce qui aurait augmenté son inquiétude, le poussant à recouper ainsi les thèses de Walid Joumblatt, sur « un second Der Spiegel ». Il aurait d'ailleurs aussitôt informé les parties concernées des éléments en sa possession. Les sources diplomatiques arabes concluent cet exposé en précisant que si le Hezbollah affirme ne pas craindre une guerre avec Israël dans le proche avenir, c'est une autre forme de guerre qu'il pourrait avoir à affronter, un encerclement à la fois interne et politique, le temps que les développements en Iran se précisent et que le TSL annonce sa couleur... Et le gouvernement dans tout cela ? Chaque partie choisit la cause qui lui convient, mais l'attente semble appelée à se prolonger.
Le message se résume comme suit : ceux qui misaient sur un froid dans les relations entre les deux pays ou ceux qui croyaient que les troubles internes au sein de la République islamique pouvaient remettre en question l'alliance stratégique entre les deux pays se trompaient du tout au tout. Les relations resteraient donc aussi solides et la situation interne en Iran...