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Législatives : juin 2009 - Pour aller plus loin

Le déblocage ministériel dans l’attente d’une redéfinition du rôle régional de la Syrie

Le président Michel Sleiman, soutenu en cela par le Premier ministre désigné Saad Hariri, souhaite que le nouveau gouvernement puisse être mis sur pied à l'occasion de la fête de l'Armée, le 1er août, ce qui constituerait en quelque sorte, le cas échéant, un « cadeau » offert aux Libanais dans le sillage des célébrations du 1er août. Mais il y a loin de la coupe aux lèvres.
C'est du moins ce qui ressort des positions contradictoires qui émergent de plus en plus des milieux du 8 Mars.
Les déclarations des différents pôles de l'opposition concernant le processus de formation du cabinet Hariri laissent supposer que la fumée blanche est loin de devoir se dégager du palais de Baabda à court terme. Certes, le chef du Législatif et leader du mouvement Amal, Nabih Berry, a déclaré après ses concertations avec le Premier ministre désigné que le gouvernement serait formé d'ici à la fin du mois de juillet. Et il y a quelques jours, il devait revenir à la charge sur ce plan, soulignant qu'il ne comprenait pas le pessimisme de ceux qui ont mis en doute ses propos à ce sujet. Il reste que des sources dignes de foi qui suivent de près les démarches de Saad Hariri affirment que la déclaration de Nabih Berry ne repose sur aucune donnée sérieuse et ne constitue en réalité qu'une simple prise de position visant uniquement à donner l'impression que le 8 Mars facilite la mission du Premier ministre désigné et que, par voie de conséquence, le retard enregistré au niveau de la formation du cabinet est dû principalement aux appétits des alliés de M. Hariri, plus particulièrement dans les rangs des chrétiens du 14 Mars.
Mais force est de relever dans ce cadre que les déclarations des dirigeants du Hezbollah sont aux antipodes des propos optimistes de Nabih Berry. Le secrétaire général du parti chiite, Hassan Nasrallah, a en effet invité explicitement les responsables locaux à ne pas faire pression sur le Premier ministre désigné et à ne pas le presser à former le gouvernement de manière précipitée. Ce qui signifie, en clair, que le Hezbollah ne semble pas particulièrement enthousiaste à voir le cabinet mis sur pied à court terme. Et dans le même temps, les dirigeants du parti chiite ont focalisé l'attention sur la situation au Liban-Sud, mettant en relief les prises de position du Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, et des responsables militaires israéliens, les accusant de préparer une nouvelle opération de grande envergure contre le Liban afin de se soustraire aux pressions croissantes exercées sur l'État hébreu par le président Barack Obama et certains pays occidentaux en vue de relancer le processus de paix globale dans la région.
La contradiction dans les positions des dirigeants du 8 Mars est apparue également dans la récente déclaration du chef du bloc parlementaire du Hezbollah, le député Mohammad Raad, qui a souligné que le problème qui entrave la naissance du cabinet Hariri se trouve à l'extérieur et non pas au niveau interne, ce qui contredit la position de Nabih Berry qui avait affirmé récemment que la solution viendra de l'intérieur et aura un impact sur les facteurs externes, et non pas le contraire. En tout état de cause, cette incohérence dans les rangs de l'opposition est vraisemblablement l'indice que le dénouement n'est pas pour très bientôt et que, quelque part, le blocage est dû dans une certaine mesure à des facteurs externes. C'est ce qui explique sans doute qu'à la lumière d'un tel contexte encore nébuleux, le Premier ministre désigné évite d'abattre ses cartes de peur que ses propositions, portant sur la combinaison ministérielle en gestation, ne soient brûlées sous les coups de boutoir du 8 Mars. Cela n'empêche pas toutefois Saad Hariri de définir explicitement certains critères qui devraient à son sens dicter la formation de son gouvernement. À titre d'exemple, il s'est déclaré opposé au tiers de blocage réclamé par l'opposition ainsi qu'à l'entrée au gouvernement de personnalités ayant échoué aux élections législatives du 7 juin, de même qu'il s'est prononcé pour la désignation de plusieurs femmes au sein de son équipe ministérielle.
Il n'en demeure pas moins que, pour l'heure, aucune lueur de fumée blanche ne pointe à l'horizon. Certains milieux politiques soulignent à cet égard que les tiraillements sur la scène arabe pèsent quand même de tout leur poids sur le processus de formation du gouvernement. Dans divers cercles locaux, on souligne ainsi que le régime syrien cherche à renforcer davantage sa position sur l'échiquier régional et à faire avancer ses pions sur la scène libanaise, mettant à profit les déclarations des dirigeants français qui ont affirmé récemment que Damas a « respecté ses engagements », notamment en ce qui concerne le dossier libanais. Se montrant glouton en termes d'acquis régionaux et géostratégiques, le régime syrien tente d'obtenir toujours davantage, plus particulièrement dans le cadre des tractations avec l'Arabie saoudite. De source bien informée, on indique ainsi que le déblocage au niveau de la formation du gouvernement est tributaire, entre autres, de la redéfinition du rôle régional de la Syrie, dans la perspective d'une relance du processus de paix au Proche-Orient. Or la redéfinition de ce rôle régional qui serait imparti au régime syrien nécessite un surcroît de contacts et de tractations politico-diplomatiques. C'est dans ce cadre que s'inscrit ainsi le projet de visite du roi Abdallah d'Arabie saoudite à Damas. Pour l'heure, aucun accord ne semble s'être encore dégagé au sujet du rôle futur de la Syrie dans la région, ce qui expliquerait le flottement perçu dans les démarches du Premier ministre désigné.
Mais le temps presse, comme l'illustrent les derniers développements survenus au Liban-Sud. Les incidents qui ont pris pour cible une unité de Casques bleus français apportent en effet de l'eau au moulin de ceux qui appréhendent une nouvelle aventure militaire israélienne dans laquelle pourrait être tenté de s'engager l'équipe de Netanyahu sous le prétexte de la protection de la sécurité de l'État hébreu.
C'est du moins ce qui ressort des positions contradictoires qui émergent de plus en plus des milieux du 8 Mars.Les déclarations des différents pôles de l'opposition concernant le processus de formation du cabinet Hariri laissent supposer que la fumée blanche est loin de devoir se dégager du palais de Baabda à court terme. Certes, le chef du...