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Législatives : juin 2009 - Pour aller plus loin - Éclairage

Nul, et surtout pas Washington, ne peut se désintéresser des législatives libanaises

Majorité et opposition se mobilisent à fond pour décrocher la timbale électorale... et le pouvoir qui va avec. Un enjeu suivi de près par les capitales, Washington en tête, car dans le jeu de dominos régional un pion en équilibre instable comme le Liban peut tout faire basculer. C'est que Barack Obama s'est mis en tête de relancer et de consolider un processus de paix que nombre de facteurs rendent plus impératif que jamais.
D'abord la crise financière et économique mondiale, qui met en relief le rôle stabilisateur d'un or noir du Golfe qu'il faut lui-même stabiliser, face aux visées perses. Ensuite, et toujours dans le haut du tableau géographique, la nécessité de se dégager du double guêpier irako-afghan qui commence à mordre sur le Pakistan. Et, dans ce cadre même, la nécessité de recadrer, justement, la lutte stratégique contre le radicalisme fondamentaliste subversif qui affecte de plus en plus pesamment le conflit central israélo-palestino-arabe, avec d'autant plus d'effet que la droite dure de Benjamin Netanyahu, également hostile à la paix, a pris le pouvoir en Israël en démarrant d'entrée de jeu par une attitude de défi illustrée par un ordre donné aux militaires de procéder sous peu à de grandes manœuvres. Le timing choisi a pour but de court-circuiter sur le terrain, par cet étalage de muscles, les efforts déployés pour réactiver la feuille de route du quartette et dynamiser le plan Mitchell. Ainsi du reste que l'initiative arabe de l'an 2000 fondée sur une double équation que le président Obama soutient : la terre moyennant la paix et la création d'un État palestinien.
Dès lors, les gouvernements étrangers, dont celui des États-Unis, tentent de cerner la position du Liban par rapport aux formules de paix sous étude. Comme, et peut-être surtout, par rapport aux projets de certaines parties. Avant et après Hillary Clinton, plus d'un officiel américain a effectué une visite d'exploration à Beyrouth et l'on attend vendredi David Hale, bras droit de Mitchell, qui viendra lui-même avant la fin du mois. Et l'on se doute que cette échéance cruciale en termes d'orientation du Liban préoccupe les Américains, car, pour ce qui est des options libanaises concernant le dossier régional, il y a longtemps qu'ils sont fixés. Les officiels locaux n'ont jamais cessé de leur répéter que le Liban est attaché à l'initiative arabe forgée par Abdallah d'Arabie saoudite ainsi qu'aux préceptes de la conférence de Madrid et à la résolution 1701 de l'ONU, qui prévoit un mécanisme de négociation de paix. Il a également été redit aux Américains que le Liban refuse de conclure une paix séparée et rejette toute procédure qui ne serait pas placée sous l'égide de l'ONU, avec garantie des États-Unis, qui sont les seuls à pouvoir faire pression sur Israël.
Cette ligne libanaise, les Américains sont loin de la désapprouver. Mais ils craignent manifestement qu'elle ne se trouve modifiée, dans un sens négatif à leurs yeux, en cas de victoire des prosyriens aux élections du 7 juin. D'autres Occidentaux s'inquiètent également et dépêchent des missions d'observation pour s'assurer que le scrutin sera régulier, libre et sans intimidation.
À cet effet, le ministère de l'Intérieur envisage de suspendre les permis de port d'armes du 15 mai au 15 juin. Une mesure qui va de soi, surtout que des agressions visant les partisans d'un candidat libertaire se répètent tous les jours. D'autres postulants ont informé la commission de supervision électorale qu'ils ont été prévenus que leurs scrutateurs ne seraient pas autorisés dans des bureaux de vote déterminés. Situés, bien évidemment, au sein des fameuses cités interdites (à la police), également appelées périmètres ou îlots de sécurité.
Retour aux inquiétudes de l'extérieur. Elles se trouvent attisées, ces jours-ci, par les attaques de démolition de la justice, après d'autres menées contre diverses institutions. Ainsi que par les promesses, qui sont autant de menaces, que répandent les cadres du Hezbollah. Ils affirment en effet que tout ce que l'État libanais a pu réaliser, ou décider, sous l'égide du 14 Mars serait tout de suite annulé après une victoire du 8 Mars aux élections. Et surtout, actualité oblige, ils soutiennent que la libération des quatre généraux n'est pas le début mais bien la fin du TSL. Or, pour les démocraties, la question relève des fondamentaux quand il s'agit de traiter avec le Liban. Comme les loyalistes le soulignent, on voit mal comment une aide occidentale ou arabe modérée pourrait se porter vers un Liban qui aurait été happé par l'axe d'acier syro-iranien.

D'abord la crise financière et économique mondiale, qui met en relief le rôle stabilisateur d'un or noir du Golfe qu'il faut lui-même stabiliser, face aux visées perses. Ensuite, et toujours dans le haut du tableau géographique, la nécessité de se dégager du double guêpier irako-afghan qui commence à mordre sur le Pakistan....