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Liban - Commentaire

C’est le contrôle de l’Exécutif plutôt que du Législatif que ciblent Damas et ses alliés

La Syrie fait aujourd'hui son deuil d'une victoire du 8 Mars aux législatives. Plus exactement, elle réalise que, quel qu'en soit le vainqueur, la différence en sièges serait trop minime pour être décisive. C'est-à-dire pour décrocher le vrai pouvoir, l'Exécutif, en solo. Elle se concentre donc, dès à présent, sur la reconduction de la formule Doha d'un cabinet dit d'union avec tiers de blocage.
On comprend dès lors que le président Berry minimise à souhait l'importance des élections. Et refuse qu'elles déterminent le choix, le verdict, du pays entre les deux projets d'avenir national diamétralement opposés, que proposent les souverainistes et les prosyriens.
Sans traiter directement de ce paramètre, Hassan Nasrallah va directement à son contre-effet, pour exiger, toujours au nom d'un principe de participation interprété de manière erronée, ledit cabinet d'union. Son bras droit, cheikh Naïm Kassem, rejoint pour sa part le leader du mouvement Amal quand il déclare que « celui qui s'attend à ce que les élections modifient le cap d'avenir du Liban se trompe. Tout ce qui peut en sortir, c'est un changement relatif des positions de certaines forces politiques. C'est-à-dire qu'on verrait un plus de deux députés par-ci et un moins de deux députés par-là. Les mobilisations politiques aiguës vont persister dans le pays, et le clivage va continuer à peser sur la décision politique ».
Quant au numéro un du bloc parlementaire du Hezbollah, Mohammad Raad, il précise que le parti « veut un gouvernement formé à la lumière d'un engagement pour un choix national authentique. La déclaration ministérielle doit être un document d'arrangement entre des forces politiques ayant chacune sa ligne en termes de choix national. Les législatives vont produire un cabinet homogène, plus dynamique, s'il y a entente unanime sur le choix des élus ». Enfin, le député hezbollahi Hussein Hajj Hassan ressasse que « tout pouvoir contrevenant au prologue de la Constitution, qui met l'accent sur l'impératif de la coexistence, serait frappé d'illégitimité. Car le Liban est le pays de la cohabitation, de la participation et du dialogue ».
Retour au régime syrien. Dans ses confidences au Safir, le président Assad estime, au sujet des élections libanaises, que « la différence en sièges sera réduite. Indépendamment de l'identité du vainqueur, (l'essentiel est que) le Liban se gouverne par l'entente ». Prié de dire s'il traiterait avec la majorité ou n'accepterait de le faire qu'avec un cabinet d'union, il répond : « Si la majorité s'exprime, par la suite, à travers un cabinet d'union, nous traiterons avec elle. Mais si elle se montre identique à la majorité précédant Doha, qui monopolisait le pouvoir, et à laquelle une partie des Libanais était opposée, nous ne pourrions pas traiter avec elle. » Et de répéter que « le Liban se gouverne par l'entente et nous ne saurions considérer aucun tableau ne reflétant pas ce principe ».
Il est clair, dès lors, que la Syrie, tout en évitant d'intervenir dans les élections, pour ne pas attirer les regards réprobateurs du monde libre sur elle, s'immisce d'ores et déjà dans la formation du prochain gouvernement libanais. Alors que dans les réalités du vécu politique, l'Exécutif est la quintessence même d'un État souverain, indépendant, protégé de toute ingérence dans ses affaires intérieures.
Le chef de l'État syrien estime « prématuré d'imaginer ce que seraient les relations bilatérales à l'avenir ». Sans craindre de contredire ses assertions précédentes qui aliènent d'avance la structure du pouvoir libanais, il ajoute : « Dans les grandes lignes, il n'y aura, réciproquement, pas d'immixtion dans les affaires intérieures. Mais un respect mutuel. Il n'y aura pas de retour militaire de la Syrie au Liban. » Revenant aussitôt à son immixtion, il répète qu'il ne porte « pas un intérêt particulier aux résultats des prochaines législatives libanaises. Sauf pour ce qui a trait à cet impératif convenu à Doha qu'est la mise en place de gouvernements d'union ».
La Syrie veut donc que l'exception, pour anticonstitutionnelle qu'elle soit, devienne la règle. Car le tiers de blocage lui permet de contrôler le Liban politique à travers ses alliés. C'est pourquoi elle avait posé cette condition pour accepter de coparrainer la conférence de Doha.
La Syrie fait aujourd'hui son deuil d'une victoire du 8 Mars aux législatives. Plus exactement, elle réalise que, quel qu'en soit le vainqueur, la différence en sièges serait trop minime pour être décisive. C'est-à-dire pour décrocher le vrai pouvoir, l'Exécutif, en solo. Elle se concentre donc, dès à présent, sur...
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