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Nos Lecteurs ont la Parole

« Patrimoine et enjeux actuels »

Par Serge SÉROFF
C'est sous ce titre que paraît, sous l'égide de l'ALBA, la dernière publication à ce sujet.
À bien y regarder et à la lecture de l'ouvrage, on se rend compte que le titre patrimoine au singulier couvre à lui tout seul des époques séparées de plusieurs millénaires. En effet, aujourd'hui, cette étude s'intéresse à la fois à l'amphithéâtre antique de Byblos et aux édifices libanais du XXe siècle.
Pour ce qui est des parties de l'ouvrage relatives aux techniques de relevé et de visualisation des bâtiments, on ne doute pas que l'électronique actuelle ait fait de grands progrès pour consigner sur papier ou sur écran finalement les édifices ou les immeubles intéressés en 2D et en 3D. Mais passons sur ces progrès de la technologie d'aujourd'hui et revenons au cœur du sujet qui est celui de la disparition du patrimoine beyrouthin.
En fait de patrimoine, il vaudrait mieux ajouter un « s » à ce mot si tant est que l'on peut identifier au moins trois patrimoines distincts : l'édifice ou le bâtiment pris isolément, l'ensemble urbain et le mode de vie du quartier.
Pour l'édifice ou le bâtiment, on sait aujourd'hui que même les immeubles construits dans les années 50 ne font plus le poids face aux appétits des promoteurs à qui des lois ont permis récemment de construire des tours dans quasiment chaque recoin de la ville. C'est à se demander qu'est-ce qui permettrait de sauver les bâtisses de moindre importance. Dans l'absolu, la municipalité ou l'État devrait, au moyen de commissions ad hoc, statuer de l'intérêt architectural de tel où tel édifice. Mais on n'est pas dans un pays à ce point évolué, et à l'heure actuelle, la conservation ou la destruction des édifices dans la plupart des quartiers de la ville tient plus du jeu de Monopoly que d'autre chose.
Pour l'ensemble urbain, après avoir assisté à sa dislocation dans le centre-ville, ou tout au moins à sa partielle disparition (totale pour ses habitants d'origine), on assiste au même phénomène dans d'autres quartiers de Beyrouth. Les quartiers en périphérie du centre-ville, mais aussi d'autres parties d'Achrafieh ou de Ras-Beyrouth, dont les morphologies se modifient au fil des destructions et des constructions de tours à leur place, subissent le même sort. La question qui se pose est bien ce qui restera du mode de vie du quartier. Sera-t-il durable s'il n'est plus qu'un ensemble de tours, toutes à peu près identiques, et dont les rez-de-chaussée sont occupés par des voitures de luxe et des mini-espaces privés très chic et de bon genre ?
Ces questions, qui sont en fait celles concernant la modification des quartiers, ne peuvent éluder, loin de là, la question des changements de population. À changement d'habitat et d'activités, changement d'habitants et d'usagers. Ce qui nous autorise à nous demander s'il y aura encore de la vie dans ces quartiers, et dans l'affirmative, de quel type sera-t-elle ?
La réponse peut-elle être donnée par certains secteurs « modèles » du centre-ville de Beyrouth ? Il faudra sans doute observer cela quartier par quartier.
C'est sous ce titre que paraît, sous l'égide de l'ALBA, la dernière publication à ce sujet.À bien y regarder et à la lecture de l'ouvrage, on se rend compte que le titre patrimoine au singulier couvre à lui tout seul des époques séparées de plusieurs millénaires. En effet, aujourd'hui, cette étude...

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