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Liban - Commentaire

Seule utilité en vue du dialogue : tester les intentions de Damas

La table ronde de Baabda c'est, pour le moment, le Parnasse littéraire, l'art pour l'art, le dialogue pour le dialogue. Car son objectif déclaré, la stratégie de défense, reste hors de sa portée du fait qu'il est entièrement conditionné par les facteurs extérieurs, régionaux ou même internationaux. L'unique perspective positive qu'offre le processus se résume dans la possibilité de relancer Damas au sujet de l'application des résolutions libanaises de 2006.
Pour ce qui est du dossier de l'armement, il est d'abord lié au traitement du contentieux du nucléaire entre l'Iran et l'Occident, États-Unis en tête. Ensuite, à la reprise des pourparlers israélo-syriens sur le Golan. Tout comme, à un moindre degré, au problème palestinien, au conflit israélo-arabe et aux relations interarabes.
Le Hezbollah refuse donc obstinément de transiger sur le maintien de son arsenal. Il fait valoir qu'il ne s'en désisterait qu'après instauration d'une paix régionale globale et juste. Ce qui ne saurait aller, précise-t-il, sans un accord entre l'Iran et la communauté internationale sur la question du nucléaire.
En pratique, tout ce que l'on peut obtenir, en l'état actuel des données, c'est de limiter la casse. En verrouillant mieux le transit, pour réduire la densité de l'afflux d'armes destinées au Hamas à Gaza et au Hezbollah, comme à ses alliés, au Liban. Dans l'espoir que les frontières, çà ou là, deviennent suffisamment sécurisées pour assurer une trêve régionale durable.
À partir de là, il faut attendre les résultats des efforts déployés en vue d'une paix globale. Fondée, en principe, sur l'initiative arabe lancée lors du sommet de Beyrouth en 2002. Pour offrir à Israël la sécurité moyennant la terre. Si un arrangement est jamais conclu sur cette base, ou sur tout autre, l'armement hors légalité n'aurait plus lieu d'être. Et, de plus, les pays de la région cesseraient automatiquement la présente course aux armements, si dispendieuse. En épargnant de la sorte des fonds pouvant servir à leurs projets de développement.
Au cas où le processus multilatéral de négociations devait échouer, la responsabilité de la confrontation ne devrait plus retomber sur les épaules d'un seul pays, mais du monde arabe réuni. Ou incomber, à tout le moins, à l'ensemble des pays bordant l'État hébreu dans le cadre d'un plan défensif commun qu'il faudrait exécuter coûte que coûte.
Dans cette logique, il paraît vain de courir après une stratégie de défense pour un Liban qui ne peut assumer seul la lutte contre un ennemi dont la capacité de nuisance, et de destruction, reste quasi totale. Il est indispensable que le fardeau soit partagé, pour que ce pays puisse résister, survivre sans subir d'incommensurables pertes en vies humaines et en dévastations. Et pour qu'il puisse espérer qu'Israël se trouverait dissuadé de passer à l'action par l'étendue, et la force de riposte, du front arabe qui lui ferait face.
Il reste que, même si on ne peut attendre des miracles de la part du dialogue, il constitue un test intéressant des intentions de Damas. À l'égard de sa nécessaire contribution à la concrétisation des résolutions, adoptées à l'unanimité, de la première table ronde libanaise organisée en 2006. Les Quatorze, au lieu de perdre leur temps à tenter d'atteindre l'inaccessible étoile de la stratégie de défense, devraient s'efforcer de donner corps à leurs décisions antérieures, restées en suspens. Donc, en fait, d'essayer de voir si le régime syrien a changé de comportement, comme il l'assure aux Occidentaux. En permettant le démantèlement des bases palestiniennes hors camps d'obédience syrienne, en acceptant le tracé des frontières, en homologuant la libanité de Chebaa et en réglant le problème humanitaire des détenus libanais qui croupissent sans jugement dans ses geôles. Pour bien montrer qu'il n'utilise plus, abusivement, la carte libanaise comme levier de pression régional ou international. Et pour que de véritables relations privilégiées puissent s'établir entre les deux pays voisins.
La table ronde de Baabda c'est, pour le moment, le Parnasse littéraire, l'art pour l'art, le dialogue pour le dialogue. Car son objectif déclaré, la stratégie de défense, reste hors de sa portée du fait qu'il est entièrement conditionné par les facteurs extérieurs, régionaux ou même internationaux. L'unique perspective...
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