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SEPTIÈME ART Le cinéma français vous offre un «Joyeux Noël»: un film qui ne ressemble à aucun autre

Première Guerre mondiale, 1914. En a-t-on lu des livres, en a-t-on vu des films qui nous ont raconté – et montré – la fureur des combats, la survie épuisante dans la boue des tranchées. La tragédie, l’horreur. Pourtant, étrangement, certains épisodes de la chronique «officielle» sont restés peu connus, sinon complètement occultés: sans doute parce qu’ils s’inséraient mal dans la vision des stratèges de l’époque et des responsables politico-militaires du conflit. L’exemple de l’affaire des mutineries dans l’armée française – et des fusillés «pour l’exemple», en 1915 – a fini par être exposé au grand public : le grand film de Stanley Kubrick, Paths of Glory (Les sentiers de la gloire – 1957), y est certes pour beaucoup. Mais, avec ce Joyeux Noël (déjà ce titre, qui sonne comme une provocation!), il s’agit de tout autre chose. De surprenant, de presque incroyable: de scènes de fraternisation – très provisoires, bien sûr, mais réelles – entre combattants d’armées ennemies. Une sorte d’entracte insolite entre les tueries. «Frères de tranchées» Dans un livre intitulé Frères de tranchées, coécrit par Marc Ferro, Malcolm Brown, Remy Cazals et Olaf Muller (paru aux Éditions Perrin), on peut lire ce qui suit: «Les fraternisations de Noël 1914, faites de rencontres dans le “No Man’s Land” autour d’un verre ou de tabac et de nourriture, eurent une ampleur particulière sur le front anglo-allemand, mais ces moments de contacts pacifiques ont existé avant et après, jusqu’en 1918.» Le film de Christian Caron se situe donc en décembre 1914, à la veille de Noël. Soldats français, allemands et anglais vont « décréter » un arrêt des combats (sans en avoir référé à leurs supérieurs, ce qui est difficile à concevoir ?), en organisant même une partie de foot (et qui jouait l’arbitre ?!). Le producteur du film, Christophe Rossignon, est un habitué des paris risqués. Pour Joyeux Noël, il a livré une bataille acharnée (l’expression est à sa place) : un budget de 18 millions d’euros, ce n’est pas rien ! Il est même parvenu à décider les Japonais à participer financièrement à la production. De son côté, le réalisateur de Joyeux Noël, Christian Carion, a dû affronter bien des difficultés. Un seul exemple : un général français qui refuse le tournage du film dans le camp militaire d’Angoulême pour cause de… trahison (sic !). Mais le film existe, on l’aime partout, et il pourrait bien représenter le cinéma français dans la course aux prochains Oscars. Détail réaliste important : selon leur nationalité, les soldats s’expriment dans leur langue, soit en anglais, soit en français, soit en allemand. Pour conclure La leçon qu’on peut retenir de cette histoire – si leçon il y a – est finalement ambiguë, pour ne pas dire décourageante. D’un côté, cette fraternisation qui transcendait haine et préjugés. De l’autre, la reprise des combats, le lendemain même de la « fête ». Inévitable, certes. Mais on se pose des questions sur la complexité insondable de la nature des hommes. De quoi méditer… après avoir vu le film. De toute façon, Joyeux Noël à tous ! J.-P. GOUX-PELLETAN
Première Guerre mondiale, 1914. En a-t-on lu des livres, en a-t-on vu des films qui nous ont raconté – et montré – la fureur des combats, la survie épuisante dans la boue des tranchées. La tragédie, l’horreur.
Pourtant, étrangement, certains épisodes de la chronique «officielle» sont restés peu connus, sinon complètement occultés: sans doute parce qu’ils s’inséraient mal...