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Actualités - OPINION

Courrier

Crise d’identité Je suis un lecteur assidu de L’Orient-Le Jour sur le Net. Libanais habitant la France depuis 25 ans, j’ai été tout particulièrement sensible à l’article d’Anne-Marie el-Hajj sur les violences entre étudiants FL et CPL. Moi-même j’ai été impliqué dans la guerre entre 1978 et 1982, et je pense qu’il faudrait avant tout essayer d’aider ces jeunes à définir leur identité, car tout cela découle à mon avis d’une profonde crise d’identité. Je pense que vous avez des articles et des journalistes de qualité, mais je suis persuadé qu’il faudrait plus d’informations en profondeur sur l’identité ou les identités du peuple libanais. Merci de continuer à nous informer par le biais du Net. Jocelin NABBOUT Bonne route quand même 1) Il n’y a pas de règles pour conduire au Liban. Fiez-vous à votre instinct, foncez sans regarder et, surtout, ne tenez pas compte des autres véhicules. 2) Vous pouvez rouler en sens inverse du trafic si cela vous permet d’atteindre plus facilement votre destination. 3) Ne vous sentez pas obligé de vous mettre dans la bonne file avant de tourner à droite ou à gauche. Coupez simplement le trafic sans vous souciez des autres véhicules. 4) Ne tenez pas compte des lignes blanches tracées sur la chaussée ; elles délimitent les aires de responsabilité des balayeurs de rues. 5) Sur un rond-point, prenez le chemin le plus court. Si un policier vous demande de le contourner par la droite, ne vous sentez pas obligé de le suivre. 6) Les policiers, vous en trouverez partout, et en particulier aux carrefours. Ils sont facilement repérables puisqu’on les trouve au pied de poteaux électriques éclairés par des lumières verte, orange, ou rouge qui s’allument au hasard, parfois en séquence, parfois toutes ensembles. Ne vous méprenez pas sur la signification de ces poteaux, ce ne sont pas des feux tricolores, puisqu’ils n’ont pas d’influence sur le trafic, qui, lui, est réglé par les agents de police. 7) L’agent de police contrôle le trafic au moyen de gestes et de son sifflet. Chaque agent a ses propres gestes. Pour mieux le comprendre, regardez-le dans les yeux et vous saisirez mieux ce qu’il veut faire. 8) En l’absence d’un agent de police à un carrefour, ne vous fiez pas à l’importance des voies. Fiez-vous à votre instinct et foncez ! Bonne route ! Lamia DAROUNI Le problème du « chat » Je dédie cette petite note à mon très cher mari qui est tout simplement l’homme de ma vie. J’aimerais soulever un problème qui touche les jeunes de nos jours et qui, bien que je ne sois plus de première jeunesse, m’a beaucoup affecté. C’est le problème des forums, de l’Internet et du « chat », bref de la virtualité. C’est si facile d’endosser une nouvelle personnalité sur le Net. Ce nouveau personnage sera un amalgame : une petite pincée de notre réalité, quelques-unes de nos fantaisies et beaucoup de notre imagination. Ce jeu, si anodin en apparence, peut s’avérer dangereux à bien des égards. J’espère qu’à travers ces quelques lignes, vous me permettez d’avertir les jeunes et les moins jeunes internautes que ce jeu est risqué et que, tôt ou tard, il aura des répercussions sur leur vie réelle. NDLR Nous avons tenu à respecter l’anonymat auquel tenait l’auteur de cette lettre – pour des raisons qui lui sont propres. À propos des élections au Barreau de Beyrouth Il y a dix jours, lors de l’assemblée générale de l’Ordre des avocats de Beyrouth, nous avons mesuré avec désolation l’influence envahissante que les différentes formations politiques essayaient d’entretenir à l’occasion des élections. Il est certain que les partis sont un élément du jeu de la démocratie, mais ils devraient renoncer à intervenir dans un champ apolitique. Ou alors demander à chacun de leurs membres de voter selon sa propre perception et son propre jugement. Les avocats ont pour cela la maturité et la culture nécessaires, puisque, dès leurs premiers balbutiements académiques, ils ont appris les valeurs inébranlables des libertés de penser et d’agir. Le métier regorge d’hommes de loi indépendants fort respectables, qui ont à leur avantage la probité ainsi que les capacités et les compétences inhérentes à leur statut. Gageons que dans leurs choix, les avocats seront toujours guidés par ces seules valeurs. Ils ne toléreront jamais l’idée d’une immixtion dans leurs consciences. Ils resteront imperméables aux pressions exercées par les différentes forces politiques. J’ai été frappée, le lendemain des élections, par le titre d’un journal qui attribuait la victoire du bâtonnier élu au courant politique qui l’avait appuyé. Or, cette victoire n’a été due en réalité qu’à l’intime conviction et à la volonté souveraine des électeurs. C’est ainsi que le grand vainqueur aura été l’Ordre des avocats de Beyrouth qui, nous l’espérons, constituera toujours au Liban le bastion de l’indépendance et le symbole de l’esprit libre. Claude ASSAF Leçon d’histoire Le désarmement est un sujet qui obsède actuellement tous les Libanais et qui figure à la une de tous les journaux. À chaque regain de tension au Sud, on pense de nouveau à une guerre généralisée. Pourtant, le problème peut être résolu de façon positive. Ainsi, si nous revenons à notre histoire pas si lointaine, et en particulier à L’Orient de 1927, nous verrons qu’un calendrier précis avait été publié pour le désarmement de chaque région, en commençant par le Grand Liban, devenu depuis le Mont-Liban, puis le Liban-Sud et enfin la Békaa. En cas de résistance passive des habitants d’une localité, un certain nombre de ces derniers étaient détenus jusqu’à exécution des injonctions de l’autorité militaire. En outre, une somme était imposée à titre de caution collective aux habitants responsables. Mais ce cautionnement pouvait être restitué en totalité dès livraison des armes. Ne pourrait-on pas aujourd’hui, après plus de 78 ans, appliquer cette même loi à l’amiable, pour assurer un avenir sain et pacifique à nos enfants ? Antoine SABBAGHA Libanais avant tout Trente ans de guerre et de souffrance ne sont-ils pas suffisants ? Le 14 mars 2005, plus d’un million de Libanais, toutes confessions confondues, se sont retrouvés place des Martyrs tous unis, pour réclamer la liberté pour leur pays. Le 26 avril, avec le départ du dernier soldat syrien, cette liberté, tant convoitée, fut enfin réalisée. Le 17 novembre 2005, lors d’une conférence sur les détenus en Syrie, à l’Université libanaise à Achrafieh, une altercation entre sympathisants des Forces libanaises et sympathisants du CPL nous a ramenés quinze ans en arrière, ravivant dans nos esprits certains conflits que l’on avait cru oubliés à jamais. N’est-il pas venu le temps de déchirer la page du passé, de regarder vers le futur et de faire face à nos responsabilités de bâtisseurs d’aujourd’hui et de demain ? Quelle que soit notre religion, quelles que soient nos tendances politiques, nous sommes Libanais avant tout ! Il est de notre devoir de nous unir pour notre souveraineté et notre fraternité. Le temps est venu pour notre gouvernement et nos leaders politiques de prendre enfin leurs responsabilités et de donner l’exemple aux jeunes du Liban afin de défendre l’unique cause qui doit être le dénominateur commun de tous : l’avenir du pays. Nous, Libanais vivant à Paris, sommes tout autant impliqués que vous. Nous espérons que notre message sera entendu pour éviter que d’autres incidents du genre ne se reproduisent et ne déstabilisent l’avenir de notre pays. Assaad BOU-SALEH – Karim FADDOUL – Jean-Philippe FARAH – Antoine SFEIR Adressez vos commentaires par fax (01/360390), par lettre (rubrique Courrier des lecteurs, boîte postale 2488) ou par mail : redaction@lorientlejour.com Le Liban ne peut être gouverné par une seule communauté Deux erreurs majeures ont été commises durant la guerre du Liban, qui se sont retournées contre leurs auteurs. La première : les maronites, par l’intermédiaire du parti Kataëb, se sont armés pour maintenir leurs privilèges, pour les perdre par la suite, et perdre aussi les garanties et le parti lui-même. Deuxièmement : les Palestiniens, qui ont transformé les armes de la résistance en un État dans l’État, plus fort que ce dernier, et qui se sont rapidement métamorphosés dans la conjoncture libanaise en une communauté contre des communautés, se sont glissés dans la « libération » de la Palestine à partir de Jounieh et Ouyoun el-Simane, perdant ainsi la Palestine, tant pour eux que pour nous, pour devenir des quémandeurs de paix avec Israël ! Le Hezbollah, après les provocations sur le front du Sud qui ont entraîné une flambée de violence, a commis les mêmes erreurs : de forteresse nationale de la résistance il se transforme en un parti chiite armé ; d’une organisation tant soit peu libanaise en une organisation syro-iranienne très politisée, défiant la communauté internationale et plaçant la communauté chiite là où se trouvait la communauté maronite en 1975. Le Hezbollah adopte la politique de l’intransigeance par le biais de deux négations : l’État et la milice en même temps, alors que l’État ne peut survivre si une milice s’arroge le droit de déclarer la guerre et d’embraser les frontières. Le Hezbollah ne se protège plus grâce aux communautés libanaises mais contre elles, à un moment où l’écrasante majorité des Libanais aspire à la paix, la sécurité et la prospérité. Le Hezbollah, qui commet les mêmes erreurs mortelles que les Palestiniens et le parti Kataëb en 1975, ignore les changements radicaux survenus dans la région et dans le monde. Du temps des erreurs palestiniennes et phalangistes, il y avait la guerre froide et la Résistance palestinienne menaçait les trônes et les couronnes. Après la chute du Mur de Berlin et de l’Union soviétique, la fin de la guerre froide, l’accroissement du nombre des traités de paix avec Israël, avoués ou cachés, et surtout le 11 septembre, la Syrie est devenue le seul pays qui réclame un traité de paix sans toutefois l’obtenir. De plus, le pouvoir palestinien élu et reconnu est devenu opposé aux milices armées et aux Palestiniens de Syrie, et il est pour un Hamas et un Hezbollah politiques non armés. Après le 11 septembre, les États-Unis se sont retrouvés en Irak aux frontières de la Syrie. L’essentiel est que le Hezbollah, la Syrie et les Palestiniens de Syrie réalisent que la politique ne permet plus le jeu qui a duré quinze ans au Liban après Taëf. La force militaire ne joue plus un rôle prédominant, les tendances politiques internationales sont les plus fortes. Il suffit de se rappeler de la guerre de Suez. Les forces britanniques et françaises avaient lancé une agression, stoppée au moment où elles avaient réalisé que la politique internationale menée par les États-Unis et défendue par l’Union soviétique et l’ONU ne permettait plus l’agression. Pourtant, à Suez, leurs armées respectives et leurs flottes, armement lourd et aviation étaient intacts. On peut dire la même chose du Japon à la fin de la Seconde Guerre mondiale, quand l’empire avait capitulé après les attaques nucléaires américaines pour devenir une nation prospère et libre, en dépit d’une armée motivée et de ses kamikazes qui tenaient encore le coup. Dans la conjoncture actuelle, la Syrie doit choisir entre mettre un terme à sa coalition avec l’Iran, ou alors rendre des comptes sur l’assassinat de Hariri. Le Hezbollah, la Syrie et les Palestiniens de Syrie vont à l’encontre de l’histoire et du climat politique régional et international et semblent ignorer la chute du Mur de Berlin et le changement spécifique qui s’est opéré dans les relations israélo-arabes après la rencontre d’Oslo, et semblent ignorer que l’Autorité palestiniennes va dans le sens opposé à eux. Ils feignent d’ignorer que le monde arabe, l’Europe et l’Amérique sont contre eux. Ils refusent de reconnaître que le peuple libanais, dans sa majorité écrasante, s’est uni cette fois-ci et aspire à un pays libre, indépendant et prospère. Le Liban ne peut être gouverné par une communauté comme il l’a été dans le passé par les privilèges d’une communauté, ni aujourd’hui par les armes d’une autre communauté. Le Liban ne peut être gouverné que par toutes ses communautés. L’atmosphère politique internationale est semblable à celle qui prévalait à la fin de la Seconde Guerre mondiale avec le Japon et après l’expédition de Suez. Seul Ceausescu n’avait rien compris aux conséquences de la chute du Mur de Berlin et il a payé le prix fort. C’est le prix à payer si on joue la carte de l’ignorance. La Sécurité sociale, ou les paradis perdus Le 15 mars 2001, le conseil d’administration de la Caisse nationale de Sécurité sociale décidait d’inclure les soins dentaires parmi ses prestations. Décision adoptée par le Conseil des ministres et entérinée par le décret 5104 publié le 29 mars 2001 au Journal officiel. Ces lendemains meilleurs promis aux citoyens libanais ne connaissent, quatre ans après, aucun début d’application. De report en dérobade, les responsables, à tous les niveaux et tout au long des années, ont accumulé les promesses sans les tenir. Responsables en titre, responsables en faillite, en faillite de crédibilité, de sensibilité au quotidien pesant de ceux qui les ont intronisés responsables. Pourtant, les équipements avaient été achetés et une vingtaine de dentistes contrôleurs avaient été recrutés sur concours. Mais à cette date, les équipements et nos confrères attendent, comme la Belle au Bois dormant, le baiser du prince charmant. Dans les dédales de la Sécurité sociale, de princes point et de charme encore moins. Déficit budgétaire et situation économique difficile sont leurs arguments de défense. Alors que le budget prévisionnel 2002 avait alloué 34 milliards de livres libanaises pour l’ensemble du projet. Un tour de passe-passe conclu entre les représentants de la CGTL et le patronat promettait de réduire les cotisations patronales de 38,5 % à 23,5 %, tout en augmentant les prestations sociales. Ce miroir aux alouettes, ce marché de dupes, le citoyen libanais en a fait les frais. Des frais dérisoires quand on pense à la dette monumentale contractée par le pays pour ériger le Liban nouveau. Espérons que celui-ci ne sera pas comme le beaujolais du même nom, l’affaire d’une saison. Pr Élie MAALOUF Président de l’Ordre des dentistes du Liban Quel avenir pour le Liban ? À suivre les réactions politiques des uns et des autres, après avoir consulté le document de Detlev Mehlis mis récemment à la disposition de tous, le moins que l’on puisse dire est qu’aucun homme ou femme politique ne se sent vraiment en sécurité au Liban, qu’il ait quelque chose à se reprocher ou non. Les uns provisoirement le quittent ; les autres se cantonnent, durant cette période, où presque tout peut arriver, dans leur résidence transformée en « fortin ». Dès lors, on est en droit de se demander ce que projets et responsabilités politiques veulent bien vouloir dire dans ce pays. Vu de l’extérieur, le spectacle est surréaliste : nous avons l’impression qu’aucun responsable politique, qu’il ait été élu ou désigné, n’a conscience ni du rôle fondamental qu’il se doit d’exercer, ni de la valeur de sa contribution effective dans l’effort de redressement national. Le politique semble ignorer et sa valeur propre et l’exemplarité de ses faits et gestes. Rappelons tout de même qu’une démocratie, à l’inverse d’une dictature, ne s’improvise ni ne s’impose, mais est le fruit d’une volonté politique qui reflète l’aspiration de tout un peuple. Mais au fait, qui a conscience de l’aspiration de ce peuple ? Le Liban semble plus dangereux que jamais, la peur et l’insécurité redeviennent quotidiennes et les armes qui circulent dans les camps de réfugiés palestiniens sont loin d’être des jouets – la preuve nous en a été donnée très récemment par les échanges de rafales de mitraillettes qui nous renvoient trente ans en arrière, comme si l’histoire du Liban, inlassablement, se répétait (début 1975). La souveraineté sur tout le territoire national ne semble pas acquise puisque, visiblement, elle ne concerne pas les camps tel Ain el-Héloué, même trente ans après. Dans ces conditions, six mois après le départ des troupes syriennes, le problème de la sécurité nationale, ou plutôt de l’insécurité, reste entier ; mais pouvait-il en être autrement ? L’armée, la police ou la gendarmerie si longtemps noyautées et encadrées par des éléments servant des intérêts étrangers au Liban ne peuvent, à moins d’une intervention divine, renaître de leurs cendres pour préserver le pays de toute tentative de déstabilisation, qu’elle soit intérieure ou extérieure. La tâche est des plus ardues, mais aussi des plus nobles. Existe-t-elle, cette volonté politique de remettre sur pieds un organe de défense aussi essentiel que l’armée ? Si oui, il ne faudra pas lésiner ni sur les moyens humains ni sur le matériel afin de rétablir, entre autres, la confiance dans nos institutions. Économiquement le Liban est à terre ; il ne peut donc moderniser son armée. Vu de l’étranger, pour peu que nous nous intéressions aux événements qui secouent le Moyen-Orient en général et le Liban en particulier, nous nous rendons très vite compte qu’aucun projet politique national sérieux n’existe si l’on excepte le projet réformateur et courageux du général Michel Aoun, qui, à défaut de faire l’unanimité, a le mérite d’exister. Combien de temps faudra-t-il encore s’acharner à retoucher un système politique totalement épuisé (les dernières grandes retouches en date sont les accords de Taëf de 1986). Ce système a fait la preuve de son incapacité à remplir correctement son rôle et à prévoir des jours meilleurs que ceux que nous avons vécus ces trente dernières années. Dans une démocratie, c’est la volonté du peuple et non celle des députés qui doit être écoutée, entendue et respectée. Rappelons à nos chers élus du Parlement qu’ils ne sont que les porte-parole du peuple pour une période donnée et qu’ils feraient mieux d’informer des opinions de leurs administrés avant de s’exprimer en leur nom, car sinon, ce peuple trouvera , s’il en a conscience, un moyen autrement plus convaincant – référence à l’immense manifestation du 14 mars – pour faire respecter ses choix. À quand les grandes réformes en profondeur de notre système politique ? N’ayons pas peur du changement, il n’est pas forcément synonyme de danger, surtout après cette lente destruction systématisée de l’économie, de l’État, de la sécurité et, par-dessus tout, de notre liberté. Les États-Unis d’Amérique continuent de faire respecter leur ordre mondial, à travers cette fois-ci les résolutions attendues du Conseil de sécurité et d’éventuelles sanctions contre la Syrie en vue de faire basculer le régime, sans pouvoir dire si le suivant sera meilleur pour eux. La demande insistante d’une démission du président Lahoud se verra-t-elle exaucée, et quel homme ou femme les USA choisiront-ils pour lui succéder, sur quels critères et pour quoi faire ? Bref, le Liban ne fera que changer une fois de plus de tuteur, passant d’une dictature «démocratique » omniprésente (Syrie) à une démocratie « hégémonique » absente (USA). Ne connaissant pas les desseins des USA pour la région, le Liban devra se contenter de scruter, n’ayant pas du tout les moyens de sa politique même réformatrice éventuelle, l’évolution politique en Syrie car elle risque fort de le contaminer. Dr Riad JREIGE France May Par Alexandre NAJJAR Depuis l’attentat qui a failli te coûter la vie, je cherchais mes mots. La lâcheté de ce crime m’avait laissé sans voix, incapable d’écrire, comme ce personnage de roman qui rentre de la guerre et se demande : « Que faut-il dire aux hommes ? » En sortant de ta chambre d’hôpital avec mes deux amis écrivains qui, par solidarité et par admiration, avaient tenu à se rendre à ton chevet, j’ai retrouvé l’usage de ma plume. Car ton courage est contagieux. Et ta sérénité, malgré les souffrances subies, est un exemple pour tous les blessés de la vie, pour tous ceux qui désespèrent. Au fond, ta victoire est double : tu as survécu à la mort ; tu as humilié tes agresseurs dont l’acte abject, au lieu de briser notre esprit de résistance, a ravivé la détermination de ceux qui doutaient. En sortant de ta chambre d’hôpital, May, j’ai mesuré ta force : j’étais venu te remonter le moral, et c’est toi qui m’avais donné de l’espoir ; j’étais venu te tenir compagnie, et c’est toi seule qui avais parlé. Salut, May ! Nous savons désormais que tu reviendras. Hommage à May Chidiac Par Richard MILLET* D’une façon générale, j’ai peu de respect pour les journalistes. Qu’ils écrivent ou qu’ils parlent, on a trop souvent l’impression, en Occident, notamment en France, qu’ils donnent du monde une version édulcorée, politiquement très correcte, entretenant la fiction d’une vérité à laquelle ils ne croient pas. C’est sans doute que la liberté de la presse tue la presse, comme on le dit de l’impôt. Ce paradoxe est-il compréhensible dans un pays comme le Liban, occupé, récemment encore, par une puissance étrangère ? L’assassinat de Samir Kassir et l’attentat auquel a échappé May Chidiac me forcent à revenir sur ma méfiance envers la presse : cette fois, on s’en est pris à une femme, une femme dont j’avais vu, à Gemmayzé, les banderoles à son effigie, et dont la liberté de pensée s’incarne dans le plus beau des visages : elle me souriait, sur son lit d’hôpital, me racontant simplement ce qui lui est arrivé, réaffirmant ses convictions politiques, refusant tout statut de star ou de martyr pour celui de femme parlant au nom de tout un peuple. Il sait, ce peuple, autre paradoxe en un pays où l’homme reste dominateur, que la vérité est du côté des femmes, ou que les femmes, en des temps troublés, proposent toujours une version de la vérité qui a le nom d’espoir. * Écrivain. Merci pour cette leçon d’espoir Merci May de ressembler tellement à ce Liban que tu aimes tellement et qui a si souvent souffert et perdu, mais qui a fini par survivre et embellir. Merci d’être une de ces personnalités exceptionnelles, et la seule femme, qui ont donné un nouveau sens à notre journée du 22 novembre 2005 ? Merci d’avoir vengé Rafic Hariri et Bassel Fleihane en montrant que les esprits destructifs peuvent manquer leur but. Merci d’avoir montré au monde entier, et surtout à ces assassins, que parfois le bien peut vaincre le mal. Merci pour ce sarcasme mêlé d’humour et d’intelligence qui t’a toujours caractérisée mais qu’on croyait perdu. Merci d’avoir prouvé que la force de l’esprit peut affronter les maux du corps. Finalement, merci d’être apparue tellement belle et combative, merci May pour avoir illuminé notre mercredi soir. Rola RIZK
Crise d’identité

Je suis un lecteur assidu de L’Orient-Le Jour sur le Net. Libanais habitant la France depuis 25 ans, j’ai été tout particulièrement sensible à l’article d’Anne-Marie el-Hajj sur les violences entre étudiants FL et CPL.
Moi-même j’ai été impliqué dans la guerre entre 1978 et 1982, et je pense qu’il faudrait avant tout essayer d’aider ces jeunes à...