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Signature aujourd’hui à 17 heures du livre « Le cèdre et la croix » au stand de la librairie Antoine Des armes de la guerre à celles de la foi, le parcours d’une battante : Jocelyne Khoueiry

«J’ai voulu ce livre pour que les jeunes des nouvelles générations puissent comprendre que parmi les combattants des Forces libanaises et des Kataëbs, il y avait des saints, des hommes et des femmes d’une grande noblesse de cœur et d’une grande intégrité morale. Même si, quelque part, la réalité paraît autre aujourd’hui. » La femme qui tient ces propos se confie rarement. Elle a été une des figures hors du commun des premières années de la guerre, à la tête d’une troupe de combattantes mues par la foi et le désir d’humaniser autant que possible la violence. Puis elle a choisi de rester dans l’ombre, poursuivant son combat d’une autre manière, à travers le centre Jean-Paul II pour l’aide aux familles car, dans le feu et le sang, elle a rencontré la Vierge et une sorte de révélation divine. Jocelyne Khoueiry a la maturité radieuse. Ses cheveux devenus très blancs, et qu’elle laisse ainsi, dit-elle, parce qu’elle n’a pas le temps de les teindre, lui donnent une sorte d’auréole, qui augmente la douceur des traits et de l’expression. Raconter l’élan des débuts Pudique, elle n’aime pas tellement parler d’elle et elle n’a consenti à la rédaction du livre Le cèdre et la croix, dédié à son parcours et écrit par Nathalie Duplan et Valérie Raulin, que parce qu’il fallait raconter l’élan et l’enthousiasme des premiers combattants et rappeler à tous ceux qui l’ignorent ou l’ont oublié les principes qui ont poussé des jeunes à prendre les armes pour défendre leur patrie. Née dans une famille de huit enfants, traditionnellement kataëb, la jeune Jocelyne a grandi dans une atmosphère d’engagement politique et d’amour du Liban. Entourée de six frères, elle a naturellement été un garçon manqué, plus férue des jeux masculins que des poupées. C’est ainsi qu’elle a participé à des camps d’entraînement militaire avant de devenir la responsable des unités combattantes féminines aux Forces libanaises, à la demande de Bachir Gemayel. Pourtant, elle n’a rien de masculin ou de violent dans l’apparence ou l’attitude. Seule son étonnante détermination indique une grande force de caractère. C’est une femme entière qui n’a pas de demi-mesures dans son engagement et qui ne fait pas de cadeaux non plus à ceux qui, selon elle, ont dérapé, et ils sont nombreux aujourd’hui. Le livre, qui est le résultat de ses confidences à ses deux amies écrivaines, dresse les grandes lignes de son histoire, mais il donne surtout des pistes qu’il faut creuser, car le personnage en vaut la peine. À l’approche de la cinquantaine, Jocelyne Khoueiry reconnaît avec une sorte de timidité qu’elle n’a pas vraiment eu le temps d’avoir une vie privée. « Mais je ne regrette rien, affirme-t-elle. Car j’ai découvert que j’avais un autre appel. » Elle précise aussi qu’elle s’est longtemps posé beaucoup de questions du genre « Suis-je vraiment à ma place ? Suis-je faite pour cette vie ? J’ai ensuite procédé par élimination et j’ai toujours trouvé que là où j’étais je me sentais en paix avec moi-même. » Elle ajoute : « J’ai obéi naturellement à ce parcours, comme si une main invisible me menait. J’ai été de couvent en couvent et je me disais que peut-être j’aurais dû être religieuse. Jusqu’au jour où la mère prieure du Carmel de la Mère de Dieu, à Harissa, qui est en quelque sorte ma référence spirituelle, m’a dit : tu as les deux, une vie spirituelle exigeante et tu es aussi dans l’action. Pourquoi changer ? » Humaniser la violence… Cette quête spirituelle est-elle due à une sorte de culpabilité, après avoir activement participé aux combats ? « Ma participation aux combats est venue naturellement, au début un peu sans doute par défi et ensuite parce qu’il fallait humaniser un peu la violence. J’étais convaincue que la présence des femmes sur les barricades était encourageante pour le reste de la population. De plus, elle atténue la violence, car elle met un peu d’humanité dans l’affrontement. Je suis d’ailleurs convaincue que la présence des femmes en politique est également indispensable. » D’ailleurs, elle prépare aujourd’hui un mémoire en théologie sur Marie, mère de Jésus dans la pensée de Jean-Paul II , en prélude à une thèse de doctorat sur Marie, un modèle politique. Que ressentait-elle en tirant et en sachant que ses balles pouvaient tuer ? « Les filles et moi, nous n’avons pas commis de grosses violences. Nous étions sur les barricades et lorsque nous nous sentions menacées, l’instinct de survie jouait et nous ne pensions plus à rien d’autre qu’à nous en sortir. » C’est d’ailleurs au cours de l’un de ces affrontements qu’elle a eu le sentiment qu’une main divine la protégeait et c’est le début d’un long cheminement spirituel qui l’a menée jusqu’au pape Jean-Paul II. C’est sa rencontre avec ce pape, racontée dans le livre, qui lui a donné l’idée de fonder le centre Jean-Paul II qui écoute et aide les familles en difficulté. « Jean-Paul II est le pape de la famille, et les valeurs familiales sont ce qu’il y a de plus précieux à préserver. » Jocelyne Khoueiry est dégoûtée par une grande partie de la classe politique actuelle qui, selon elle, n’est pas à la hauteur des martyrs tombés pendant la guerre. Elle est aussi choquée par cette culture de l’apparence devenue une valeur de la société. Mais il n’y a, en elle, aucune aigreur, aucune démission. Juste un engagement plus fort pour répandre ses valeurs chez les jeunes. Et le livre qui sera signé cet après-midi, à 17 heures, s’inscrit dans ce cadre. Depuis sa parution, elle n’arrête pas de recevoir des coups de fil et des messages SMS. L’un d’eux dit : « Tu es le seul homme parmi nous. » Cela la fait rire : « Il a sans doute voulu dire que j’ai brisé quelques tabous. Mais il y a encore beaucoup à faire. » Jocelyne Khoueiry affirme que si c’était à refaire, elle referait la même chose. « La guerre a été imposée aux Libanais. Mais quand je vois ce qui se passe dans les territoires palestiniens, je compatis énormément à la souffrance de ce peuple. C’est comme s’il y avait une sorte de malédiction. Leur commandement, comme parfois le nôtre, a été aveuglé… ». S. H.

«J’ai voulu ce livre pour que les jeunes des nouvelles générations puissent comprendre que parmi les combattants des Forces libanaises et des Kataëbs, il y avait des saints, des hommes et des femmes d’une grande noblesse de cœur et d’une grande intégrité morale. Même si, quelque part, la réalité paraît autre aujourd’hui. » La femme qui tient ces propos se confie rarement....