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Actualités - OPINION

Les vents du changement

Pour la première fois de l’histoire contemporaine, un chef d’État arabe est jugé pour des crimes qu’il a commis contre son propre peuple. Le 19 octobre 2005, Saddam Hussein a comparu devant un tribunal, certes mis en place par les Américains, mais présidé par des juges irakiens indépendants. Alors que plusieurs voix arabes se sont élevées contre ce procès, qualifié par certains de mascarade, d’autres l’ont applaudi, voyant en cet historique 19 octobre, un avant-goût de la justice et de la démocratie qui commencent à prendre racine dans la région. Depuis que la superpuissance américaine a évoqué son plan de démocratisation du Grand Moyen-Orient, les dirigeants arabes ont dû faire face à deux options : coopérer avec la communauté internationale et faire des concessions au niveau national, ou s’exposer à des sanctions économiques et à un isolement politique sévère. Plusieurs régimes moyen-orientaux et monarchies du Golfe ont compris les nouvelles règles du « jeu » américain et ont changé, sans attendre, de ton, laissant entrevoir un mince espoir de démocratie et de modernisation. Ainsi, l’Égypte a organisé la première élection présidentielle multipartite de son histoire. L’Arabie saoudite a, elle aussi, connu, pour la première fois cette année, des élections municipales. Les Koweïtiens débattent aujourd’hui de la succession à la tête de l’émirat, et les Koweïtiennes ont enfin obtenu le droit de vote. Au Qatar, Cheikha bint Ahmed al-Mahmoud est devenue la première femme à être nommée ministre d’État et à participer ainsi à la vie politique de la monarchie. Même s’ils sont insuffisants, ces développements régionaux sont très significatifs. Et le procès de Saddam Hussein s’inscrit, lui aussi, dans ce cadre-là, puisqu’il pourrait donner à réfléchir à un certain nombre de dirigeants arabes, qui se sont illustrés, sur ce dossier, par leur silence. En effet, les images télévisées du dictateur déchu, au moment de sa capture ou le jour de son procès, ont dû hanter d’autres dirigeants qui continuent à tenir tête à Washington. Ce procès a également créé une véritable onde de choc dans la rue arabe qui a eu des réactions allant de l’indignation au soulagement. Pour les Arabes, musulmans et chrétiens, un tabou a été brisé, celui de l’immunité « inconditionnelle » dont bénéficiaient auparavant leurs chefs. Il est donc grand temps pour les dirigeants arabes de comprendre qu’ils peuvent désormais être jugés sur leurs politiques internes et étrangères et qu’ils devront répondre de leurs actes devant leur peuple avant tout. Rania MASSOUD
Pour la première fois de l’histoire contemporaine, un chef d’État arabe est jugé pour des crimes qu’il a commis contre son propre peuple. Le 19 octobre 2005, Saddam Hussein a comparu devant un tribunal, certes mis en place par les Américains, mais présidé par des juges irakiens indépendants. Alors que plusieurs voix arabes se sont élevées contre ce procès, qualifié par certains...