Et les touristes de l’Est ?

Un net développement économique du Liban peut être assuré au plus tôt, de la plus belle manière et sans que cela ne coûte un sou à l’État. Il s’agit simplement d’octroyer des visas touristiques aux ressortissants des pays de l’ex-bloc soviétique, ce qui peut induire à très court terme une expansion économique considérable. Imaginons qu’un petit État d’Amérique centrale prenne l’initiative isolée de refuser des visas touristiques aux ressortissants des USA et du Canada. Il se condamnerait à la misère, se privant volontairement d’un marché représentant des dizaines de millions de clients potentiels et dont on sait qu’ils ne demandent qu’à venir chez lui. La preuve : ils viennent déjà dans les pays voisins, et ce par dizaines de milliers. Suicidaire, mon cher Watson! C’est pourtant là très exactement le cas du Liban. Nos compatriotes ne s’étonnent-ils donc pas de ne jamais voir des visiteurs russes, ukrainiens, polonais, roumains dans nos hôtels et nos sites historiques? Nous croyons-nous encore au temps du communisme, quand ces pays ne produisaient aucun vacancier? Ces pays déversent aujourd’hui à Chypre, Charm el-Cheikh et ailleurs de pleins avions de médecins, avocats, ingénieurs, industriels et commerçants, riches à millions, qui aiment la fête, adorent la dépense, avec leurs épouses et leurs enfants. Que se passe-t-il donc? Pourquoi sont-ils frappés d’interdit? Du fait de l’existence d’une demi-douzaine de truands et d’une centaine (ou deux) de belles de nuit du côté de Maameltein? Constatons seulement que cette interdiction existe bel et bien, que personne ne semble en avoir jamais entendu parler. Il nous est toujours répondu: «Vous êtes sûr, ce n’est pas vrai!» Constatons surtout qu’une décision de lever cette interdiction, automutilante en plus que vexatoire à l’égard des Russes, ne coûterait pas un sou. Ses effets seraient pour chaque agent économique libanais une véritable manne du ciel. Didier BAHRA