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CORRESPONDANCE « La mystique du bois de santal sculpté », de Pékin à Washington Cherchez la femme chinoise

WASHINGTON- Irène MOSALLI «Un centimètre de bois de santal vaut un centimètre d’or», dit un vieux proverbe chinois. Ce matériau précieux, rare et toujours traité avec art, est actuellement célébré au Musée des femmes à Washington à travers une exposition intitulée «La mystique du bois de santal». Depuis sa création en 1987, ce musée s’est donné pour mission d’être la place au soleil de la créativité et du talent féminins. Et si, aujourd’hui, il donne à voir une très belle collection de meubles et d’objets sculptés dans le bois de santal, c’est parce que des femmes y sont impliquées à plus d’un niveau. D’abord, ces pièces proviennent du Musée de bois de santal rouge de Pékin créé par une femme nommée Chan Laiwa, qui a voulu redonner vie à un aspect de la culture chinoise qui risquait de disparaître: la sculpture de ce bois noble. Sculptures réalisées par des artistes qui sont inconnus du public et qui sont en grande majorité des femmes. Mme Chan Laiwa (la soixantaine), qui accompagne cette exposition aux États-Unis, a investi personnellement 20 millions de dollars pour établir ce musée à Pékin en 1999. Elle veut relancer un art qui a connu son âge d’or au XVIe siècle lorsque la dynastie Ming a commencé à doter ses palais de meubles en bois de santal très ouvragés. Ce joyau du bois, difficile à trouver et apprécié pour sa teinte noire tirant sur le cramoisi et sa senteur florale, avait presque été épuisé vu la grande demande dont il avait fait l’objet. Et les pièces tirées de sa substance ont acquis une grande valeur et on se les passait scrupuleusement de génération en génération. D’autant que l’arbre doit être plusieurs fois centenaire afin que l’on puisse le sculpter. La passion de Mme Chan Laiwa Des milliers de sculptures chinoises réalisées dans ce bois avaient été détruites durant la Révolution culturelle chinoise, entraînant la disparition de la pratique de cette technique. Voulant à tout prix préserver cette tradition, Chan Laiwa et sa famille ont pu sauver plusieurs modèles de meubles anciens, en désassemblant les différentes pièces qui s’emboîtaient sans un seul clou, puis ils les ont cachés dans des caves. Au moment opportun, ils les ont ressortis et, en les montant à nouveau, Mme Laiwa a pu ainsi s’initier à l’art des meubles sculptés dans le bois de santal. À son tour, elle a initié des artisans, hommes et femmes, qui ont créé de magnifiques spécimens du genre que l’on peut admirer au sein de la collection présentée à Washington. Certains sont des copies de pièces existant au musée de la Cité interdite. Car, fait exceptionnel, les artisans relevant du musée fondé par Mme Chan Laiwa ont eu accès à ces trésors anciens pour bien les étudier avant de les reproduire. Un groupe d’artisans est venu à Washington révéler au public, dans le cadre de cette exposition, sa manière de faire. Cet art de graver au couteau est tout en précision et en délicatesse, et ici l’erreur est quasiment irréparable. Il aura fallu une énorme somme d’efforts, de patience, de sagesse et d’argent à Mme Laiwa pour redonner ses lettres de noblesse à cette discipline. Réputée pour agir plus que pour parler, elle dit simplement: «Je veux que le peuple chinois hérite sa propre culture nationale.» Connue pour son mécénat à travers le monde, elle ne s’est pas moins lancée dans les affaires pour faire connaître au plus grand nombre les arts traditionnels de la Chine qu’elle veut insérer dans les temps actuels. Figurant dans la liste des « riches et célèbres » de la revue Forbes, elle enchaîne projet sur projet pour promouvoir le patrimoine de son pays. Le dernier en date est un projet immobilier estimé à 500 millions de dollars, qui doit être le pendant de la rue commerçante de Pékin et qui doit être achevé avant les Jeux olympiques de 2008.
WASHINGTON- Irène MOSALLI

«Un centimètre de bois de santal vaut un centimètre d’or», dit un vieux proverbe chinois. Ce matériau précieux, rare et toujours traité avec art, est actuellement célébré au Musée des femmes à Washington à travers une exposition intitulée «La mystique du bois de santal». Depuis sa création en 1987, ce musée s’est donné pour mission d’être la...