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Actualités - CHRONOLOGIE

INITIATIVE - Un artiste japonais relooke un village breton L’art contemporain pour « redonner du sens » au patrimoine

Nichée au milieu du bocage breton, une petite commune de 450 habitants a choisi de marier son patrimoine à l’art contemporain en confiant ses espoirs à l’artiste japonais Tadashi Kawamata qui y réalise un projet sur trois ans intitulé « Mémoire en demeure ». « L’art contemporain en campagne ? C’est une chance pour nous », assure le maire de Saint-Thélo, Daniel Le Goff, un agriculteur à l’origine de cette initiative menée sous l’égide de la Fondation de France. Longtemps, Saint-Thélo a vécu du tissage du lin cultivé sur la côte. Les toiles réputées de ce bassin textile s’exportaient jusqu’en Amérique latine. Ce fructueux négoce s’est effondré vers 1840. La misère s’est abattue sur la région et, avec elle, l’oubli de ce riche passé. Celui-ci a refait surface ces dernières années et s’est concrétisé par l’ouverture en 2004 de la « Maison des toiles », un musée consacré à cette période féconde. Parallèlement, Daniel Le Goff souhaitait revaloriser l’ensemble du village et le dynamiser via la culture et le tourisme. Le choix s’est porté sur Kawamata, 52 ans, en raison de sa capacité à prendre en compte un contexte et l’histoire d’une communauté. « Cette implication est primordiale pour commencer à travailler et ne pas arriver simplement par installer une œuvre que les habitants ne s’approprieraient pas », explique l’artiste, originaire de l’île d’Hokkaïdo, qui assure cet automne la direction artistique de la triennale d’art contemporain de Yokohama. Depuis le lancement du projet, Saint-Thélo vit une petite révolution dont les temps forts sont les ateliers d’été durant lesquels Kawamata réunit étudiants et habitants désireux de réfléchir sur le devenir de leur patrimoine. Les étudiants, dont un tiers d’Asie en 2005, sont logés chez l’habitant. « Il y a eu des échanges très fort. Certains ont pleuré au départ des étudiants », se souvient M. Le Goff. Une centaine d’habitants ont participé à la soirée-bilan de l’atelier 2005. Un moment « très important » pour Kawamata : « Un artiste a besoin d’un retour (...) Il est primordial de savoir comment les gens réagissent et considèrent votre intervention. » Kawamata a choisi d’intervenir sur trois maisons de tisserands en ruine, voisines de la Maison des toiles, établie dans une riche demeure de négociants. « Sans lui, il est assez probable que ces maisons auraient été détruites, constate Bernard Hulin, responsable du musée. Souvent, le patrimoine modeste a tendance à disparaître, ce qui nous laisse une vision fragmentée de l’histoire. » Pour le moment, la partie la plus visible du projet s’incarne en une tour de bois, reprenant la forme du métier à tisser, qui émerge de la toiture éventrée de l’une des maisons. Symbole du passé tourné vers l’avenir car offrant une vision panoramique du village et de la campagne environnante. Mais aussi lieu de convivialité ou scène de théâtre. « Son intervention contemporaine est une aide à la lecture de l’histoire et du patrimoine (...) Il redonne sens à des choses dont, bien qu’elles soient visibles, les gens n’avaient pas vraiment conscience, pas plus que de leur lien avec tout ça », juge Bernard Hulin. Ce projet « est une forme de pied de nez à un milieu établi. Ce qui se fait ici, c’est pour tout le monde », se réjouit M. Le Goff.
Nichée au milieu du bocage breton, une petite commune de 450 habitants a choisi de marier son patrimoine à l’art contemporain en confiant ses espoirs à l’artiste japonais Tadashi Kawamata qui y réalise un projet sur trois ans intitulé « Mémoire en demeure ».
« L’art contemporain en campagne ? C’est une chance pour nous », assure le maire de Saint-Thélo, Daniel Le Goff, un...