Une filière d’envoi de jihadistes en Irak démantelée en banlieue parisienne

Six hommes ont été interpellés hier matin en Seine-Saint-Denis, dans le cadre d’une enquête sur une filière d’envoi de jihadistes volontaires en Irak, a-t-on appris de sources proches de l’enquête. L’opération, dont le lieu exact n’a pas été précisé, a été menée par la Direction de surveillance du territoire (DST), en collaboration avec les Renseignements généraux de la préfecture de police (RGPP). Ce groupe de six hommes, âgés « d’une vingtaine à une trentaine d’années », était organisé sur « le même modèle » que la « cellule du XIXe arrondissement ». Cette cellule, démantelée début 2005, regroupait des copains de cet arrondissement de Paris, autour d’un « référent idéologique », Farid Benyettou. Selon une source proche de l’enquête, les arrestations d’hier sont intervenues au moment où la filière semblait devoir effectivement commencer à envoyer des volontaires. Certains de ces hommes ou leurs proches avaient été repérés en 2004 dans les cortèges de protestation contre la loi interdisant le port du voile à l’école, précise-t-on. Plusieurs enquêtes policières ont montré des velléités d’envoyer en Irak des jihadistes originaires des banlieues françaises. En avril, la DST a ainsi interpellé en Seine-Saint-Denis le Marocain Saïd Maghrebi, rompu à la clandestinité. Cet homme apparaît dans les enquêtes sur les filières tchétchènes et les enquêteurs le soupçonnent d’avoir été en relation avec des jihadistes partis en Irak. En mai, un Algérien de 34 ans, Nacer Eddine Mettai, avait été arrêté en région parisienne, soupçonné d’avoir participé à la fourniture de faux papiers destinés à des volontaires. En 2004, les services français ont identifié une vingtaine de jeunes, partis combattre en Irak : six sont morts dans des combats ou dans des attentats-suicide, trois sont prisonniers des forces de la coalition, et on est sans nouvelles d’une dizaine. Toutefois, les « filières irakiennes » apparaissent jusqu’à présent comme « artisanales », organisées dans des cercles de connaissances, usant de portables et d’Internet pour recruter, relève-t-on. Ceux qui partent invoquent l’apprentissage de l’arabe ou un perfectionnement religieux dans un pays arabe, avant d’être envoyés en Irak. L’Arabie saoudite et surtout la Syrie sont les deux pays privilégiés.