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Actualités - CHRONOLOGIE

Des talibans repentis, candidats au Parlement, font profil bas à Kandahar

Sans affiche ni meeting, deux talibans repentis candidats à Kandahar (sud de l’Afghanistan) aux élections ont gardé un profil bas pendant la campagne : susceptibles d’être attaqués par leurs ex-frères d’armes, ils peuvent aussi les rallier à la politique. Mollah Khaksar, 40 ans, est l’ancien ministre adjoint de l’Intérieur du régime taliban. Après l’éviction des étudiants en théologie, l’homme au turban et à la barbe fournie n’a pas été inquiété : il avait, juste avant, pris contact avec l’Alliance du Nord, dernier bastion de la résistance aux talibans. Ce passé, il n’aime pas en parler. « J’ai rejoint les talibans car c’était la nécessité de l’époque en Afghanistan où il fallait la paix. Mais le gouvernement taliban n’a presque rien fait pour la population, il n’a pas atteint les buts qu’il s’était fixés », dit-il agacé. Aujourd’hui, il se présente aux élections parlementaires et affirme qu’il a « toujours soutenu les élections et la démocratie, à l’époque des talibans comme aujourd’hui ». Dans son programme, il se prononce pour un État central fort, la paix et le respect des droits de l’homme. Ce message pourtant, il ne tient pas à le faire passer haut et fort, alors que les rebelles talibans ont appelé la population à rejeter ces élections. Mollah Khaksar soutient que « ces menaces ne sont rien ». Mais contrairement aux autres candidats, il n’a fait ni affiche ni meeting public, ne s’est pas déplacé, se bornant à faire un spot électoral, à recevoir chez lui et surtout à déléguer sa campagne aux anciens de sa tribu pachtoune. « J’appartiens à la tribu des Noorzaï qui est une grande communauté, je n’ai pas besoin de faire campagne », dit-il, certain que les consignes des anciens seront respectées, comme le veut la tradition en terre pachtoune. Un autre ex-taliban à briguer un siège au Parlement est Wakeel Ahmad Mutawakil, ancien chef de la diplomatie des étudiants en théologie. Celui-ci, plus connu, a été encore plus discret pendant la campagne. Aujourd’hui âgé de 36 ans, il avait, avant la chute des talibans, contacté Hamid Karzaï, devenu depuis président. Il s’était rendu aux forces de la coalition début 2002 et a été relâché 18 mois après. Il est réapparu en mai à la télévision afghane, souhaitant que tous les Afghans puissent être représentés dans les instances politiques. Mais depuis, il s’est terré. Absent des murs et des lieux de rassemblement politiques de Kandahar, il n’a même pas fait le spot électoral autorisé. « C’est sans doute pour des raisons de sécurité. La situation n’est pas favorable pour lui, il pourrait être attaqué par les talibans qui le considèrent comme un traître. Alors que l’ensemble du gouvernement vit sous la menace des talibans, on peut dire qu’ils sont courageux de se présenter », commente Nasrullah du National Democratic Institute (NDI), ONG financée par les États-Unis qui a aidé les candidats à faire campagne. À Kaboul, Mutawakil est présenté comme un possible intermédiaire entre le gouvernement afghan et une ligne modérée des talibans qui souhaiteraient abandonner le combat. L’idée semble partagée à Kandahar où il n’est question que de vivre en paix et d’oublier le passé. « Ils ont toujours de l’influence au sein des talibans modérés et de la population. Ils pourraient encourager les autres leaders talibans à participer au processus politique », selon Nasrullah. Aussi, les écarter aurait pu générer une amertume dangereuse, estime Muhsin Farid, président de la commission afghane des Droits de l’homme. Deborah PASMANTIER (AFP)
Sans affiche ni meeting, deux talibans repentis candidats à Kandahar (sud de l’Afghanistan) aux élections ont gardé un profil bas pendant la campagne : susceptibles d’être attaqués par leurs ex-frères d’armes, ils peuvent aussi les rallier à la politique.
Mollah Khaksar, 40 ans, est l’ancien ministre adjoint de l’Intérieur du régime taliban. Après l’éviction des étudiants...