Ukraine - Timochenko rompt avec Iouchtchenko, mais il n’y aura pas de « guerre » Le nouveau Premier ministre Ekhanourov tente de former son gouvernement

Le nouveau Premier ministre ukrainien menait hier d’intenses consultations pour former son gouvernement, une tâche difficile après le limogeage de la populaire Ioulia Timochenko, qui a révélé les divisions du clan « orange » moins d’un an après la révolution de velours. Iouri Ekhanourov, 57 ans, allié de longue date du président Viktor Iouchtchenko, s’est enfermé avec les ministres sortants et les leaders des partis ukrainiens au lendemain de sa nomination surprise. Selon la chaîne russe de télévision NTV, il a pris ses quartiers au siège du gouvernement et a trouvé, posé sur son nouveau bureau, un billet de le Premier ministre sortant Ioulia Timochenko lui souhaitant « bonne chance ». Dans l’attente d’une nouvelle équipe dont la composition est difficile, presse et observateurs tiraient les premières conclusions de la chute du premier gouvernement issu de la révolution orange, après seulement sept mois de travail. « À long terme, nous pensons que la décision abrupte s’avérera justifiée dans la mesure où les luttes de pouvoir postrévolutionnaires, exacerbées par l’approche des élections parlementaires, menaçaient de reléguer complètement les réformes au second plan », estime Dragon Capital. Même sentiment à Moscou, de la société de courtage Renaissance Capital qui estime que le limogeage de Ioulia Timochenko « replace fermement l’initiative politique intérieure dans les mains de M. Iouchtchenko ». D’autre part, Kiev a tenu à rassurer les capitales occidentales et les investisseurs étrangers. « La politique de l’Ukraine d’intégration européenne, décidée par le président, reste inchangée », a déclaré le ministre ukrainien sortant des Affaires étrangères Boris Tarassiouk à Javier Solana, le haut représentant pour la Politique extérieure de l’UE. Au lendemain du limogeage précipité de Ioulia Timochenko, très populaire en Ukraine, les observateurs se demandaient si son départ signifiait un éclatement du camp « orange » et si l’égérie de la place de l’Indépendance allait passer dans l’opposition. Dans un communiqué, un de ses conseillers, Sergueï Ossipenko, résumait l’état d’esprit de ses partisans en dénonçant une « trahison » du président Iouchtchenko. En soirée, l’ex-Première ministre, Ioulia Timochenko, a annoncé que son équipe rompait avec le président ukrainien, Viktor Iouchtchenko, mais ne lui fera pas la « guerre ». « Nous sommes aujourd’hui sans doute deux équipes différentes et ces deux équipes différentes vont suivre chacune son chemin », a déclaré Mme Timochenko lors d’un entretien à la télévision ukrainienne.