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Actualités - RENCONTRE

RENCONTRE MUSICALE Un jeune percussionniste qui monte Bachar Khalifé : «Les rencontres sont l’essence de la musique»

Il est jeune, talentueux, curieux de tout voir et de tout apprendre. Mais plus que tout, et ceci est essentiel pour un musicien, Bachar Khalifé a de l’humilité. Sa vie, il la doit d’abord à la musique qui a accompagné toute son enfance, ensuite à son instrument, le req, qu’il manie avec dextérité et avec lequel il aimerait aller à la découverte de nouvelles choses et de nouveaux espaces musicaux. Jouer auprès d’un grand maître du tabla a été une épreuve pour ce jeune Libanais qu’on a pu apprécier lors du festival Liban Jazz aux côtés de Trilok Gurtu. Mais Bachar Khalifé n’en est pas à ses premiers pas sur scène. Cet enfant de la balle, formé à rude école, accompagne, depuis l’an 2000, son père Marcel Khalifé dans plusieurs tournées mondiales. «C’est toujours, dit-il, avec le même enthousiasme et la même émotion qu’on va à la rencontre du public. Que serait-ce, accompagné d’un grand artiste?» Né dans la musique, Bachar Khalifé commence dès son jeune âge à s’intéresser au piano, le plus classique des instruments, qu’il délaissera plus tard, sans pour autant l’abandonner, pour se tourner vers les percussions. Un choix dicté par un rêve d’enfant. En effet, à onze ans, le jeune Khalifé est fasciné par Ibrahim Jaber, le percussionniste qui accompagnait son père dans toutes ses tournées. Son choix va donc se porter sur les instruments à percussions, dont l’histoire est encore jeune. Au pays des rythmes Aussitôt arrivé à Paris en 1989, il va donc s’inscrire au Conservatoire de Boulogne-Billancourt. Ses premières rythmiques auront pour nom caisse claire et xylophone et, plus tard en cours supérieur, claviers ou vibraphone. Autant de résonances qui remontent à la nuit des temps et qui relient les peuples entre eux. Cet univers sonore peuplé de coups puissants alternés de simples effleurements lui permettra, par le biais de ces multiples approches, de trouver sa voie. À mi-chemin entre l’Orient et l’Occident d’une part et le classique et le moderne de l’autre, Bachar Khalifé va à la découverte du plus ancien son musical que l’homme ait inventé et assume la duplicité des identités et des styles. Les études au conservatoire, englobant «master class» et concerts en orchestre symphonique, lui font côtoyer les maestros et enrichissent son bagage musical. Tout de suite, l’étudiant Khalifé va s’intéresser aux percussions orientales qui le feront voyager au gré des instruments. Tapan macédonien, tabla indien ou cajone argentin, des rythmes aussi variés que colorés qui emmènent le musicien dans un parcours initiatique. Dans ce voyage au pays des rythmes, il va développer à l’infini les possibilités du req, l’instrument qu’il a choisi comme compagnon de route. «Quand on a le rythme dans l’âme, il suffit de taper sur n’importe quel objet pour émettre de la musique. Et même si j’ai choisi le req, je peux tout autant étudier le tabla ou le tambourin et élargir ainsi les rythmiques de mon instrument. Enrichi ainsi de sonorités nouvelles, poursuit-il, le req peut se libérer des critères acquis et aspirer à une place de soliste alors qu’on l’a toujours confiné dans un rôle d’accompagnateur.» Bien que respectueux des instruments traditionnels et gardien de leur authenticité, Bachar Khalifé approuve néanmoins l’usage de l’ordinateur, au besoin et tant qu’il n’enlève rien à l’aspect humain de la musique ainsi qu’à la rencontre des cultures, qui, en débordant des frontières académiques, ne peut qu’enrichir les sonorisations. «Ce sont ces échanges musicaux qui me rendent le plus heureux car ils forgent une musique nouvelle, issue de plusieurs mondes.» Et de conclure: «La satisfaction est dangereuse pour un musicien. Elle l’empêche d’avancer, or j’ai encore tellement à apprendre…» Lancé dans l’arène de la vie, le jeune artiste ne semble pas dormir sur ses lauriers. Avec une gratitude infinie pour la musique qu’il respecte et une simplicité qui lui fait capter toute expérience nouvelle, il poursuit son chemin avec détermination en traçant doucement, mais sûrement, ses propres sillons dans l’univers musical. Colette KHALAF

Il est jeune, talentueux, curieux de tout voir et de tout apprendre. Mais plus que tout, et ceci est essentiel pour un musicien, Bachar Khalifé a de l’humilité. Sa vie, il la doit d’abord à la musique qui a accompagné toute son enfance, ensuite à son instrument, le req, qu’il manie avec dextérité et avec lequel il aimerait aller à la découverte de nouvelles choses et de nouveaux...