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Actualités - CHRONOLOGIE

CINÉMA - « Beyrouth, après-rasage », 27 minutes de plaisir Hany Tamba: «Je suis un passéiste»

C’est lors du festival Né à Beyrouth , en août dernier, que les spectateurs libanais ont pu voir, pour la première fois, le dernier court-métrage de Hany Tamba, qu’il a baptisé «Aftershave, Beyrouth après-rasage». Il aurait pu s’appeler « Monsieur Armand », mais le titre existait déjà au théâtre , ou «Monsieur Raymond», personnage central du film. Mais «Aftershave» lui va bien. Comme un parfum d’antan, un peu kitch et tellement attachant… Il s’était laissé découvrir avec le documentaire Beyrouth, les barbiers de cette ville, paru en 1997. Nostalgie d’une ville qui n’a plus les mêmes couleurs, nostalgie d’une espèce en voie de disparition et envie de fixer encore un instant une image qui s’efface un peu plus chaque jour. Et comme si cette nostalgie ne suffisait pas, qu’elle n’était pas entièrement rassasiée, Hany Tamba a écrit une histoire inspirée d’un de ses personnages, Abou Mahmoud, barbier de son état, qui a même «été sur le tournage du film pour donner des conseils au personnage principal et exécuter les gros plans». «Mon premier documentaire, poursuit Hany, avait été tourné avec deux bobines et tout ce qui va avec, des moyens de base. Il était surtout visuel, avec des petites bribes de personnages, mais ça ne me suffisait pas. J’ai eu envie d’aller à l’intérieur de la vie de ce personnage. C’est une fiction inspirée de la vie, j’ai mélangé les histoires. J’avais tellement aimé ces personnages que j’ai voulu écrire l’histoire d’une rencontre entre deux êtres, un barbier ambulant, populaire et bavard, et monsieur Raymond, élégant et taciturne. J’ai eu des acteurs qui crèvent l’écran, de vrais professionnels, et qui servent parfaitement leur rôle. Même les seconds rôles.» Campés par Fadi Raidy et Abdallah Homsy, – qui fut autrefois «Assaad» dans la série Abou Salim –, plus vrais que nature. Le premier en épicier et le second en vendeur de billets de loterie aveugle. Long et court-métrages Aftershave, Beyrouth après-rasage est également une histoire d’amour entre un homme, interprété par Rafic Ali Ahmad, et son épouse morte, campée par Julia Kassar. «Le personnage de Raymond représente un peu Beyrouth qui se réveille, le vieux Beyrouth. Sa femme représente le passé. C’est une histoire d’amour qui va au-delà de la passion. J’aime parler des couples, de leurs différences. C’est très attendrissant, un couple qui vieillit ensemble, avec ses querelles et ses complicités.» Ce film raconte également l’histoire d’un autre couple, celui du barbier superbement interprété par Mahmoud Mabsout – «Fehmen» dans la fameuse série télévisée Abou Salim d’avant-guerre (un clin d’œil de plus vers le passé) – et ce monsieur Raymond, qu’il vient raser à domicile. Un bourgeois de Beyrouth enfermé dans le silence, enfermé dans son deuil et dans cette énorme demeure. «Mahmoud était idéal, explique Hany. Il a su donner une autre dimension au personnage, sans “ faire du Fehmen ”. J’avais peur que Rafic soit un peu jeune, mais il est parfait.» Sur un ton qu’on lui connaît déjà et qui nous touche, Hany Tamba a su parler, avec le sourire, de la peine qui suit la perte de l’être cher. Il a réussi, sans agressivité ni rancune, à décrire cette ville, qui oublie parfois ses qualités mais garde les mêmes défauts, et tout son charme... Avec, en écho, une très belle musique composée par un Khaled Mouzannar très inspiré. Et comme si cette nostalgie ne devait jamais être rassasiée, le talentueux et discret réalisateur a achevé l’écriture d’un long-métrage intitulé Melodrama habibi, toujours à la recherche de financements. «C’est une histoire qui commence en France et qui parle du Liban d’aujourd’hui et d’hier, à travers une chanson qui déclenche plein de souvenirs. Le film parle aussi des relations humaines et du passé. Comment on l’imagine, comment on le recrée, faute de l’avoir vécu réellement. C’est aussi une histoire d’amour, avec le Liban et la guerre en arrière-plan.» En attendant un tournage qu’il espère voir se réaliser l’année prochaine, il conclut, avec un sourire presque résigné, mais heureux: «Je suis un passéiste, on dit même que je suis l’archiviste de la famille!» Un archiviste d’émotions… Distinctions Prix reçus à des festivals en 2005 Festival de Clermont-Ferrand : Prix « Attention talent FNAC ». (Le film sortira en DVD à la FNAC dans la collection «Attention Talent FNAC». Sortie prévue fin 2005, début 2006). Festival du film court de Lille: – Grand prix du jury – Coup de cœur des organisateurs. Festival Travelling de Rennes: – Prix des foyers de jeunes travailleurs rennais – Prix Collège au cinéma. Festival côté court de Pantin: Prix du public. Festival des journées romantiques de Cabourg: Prix Ciné Cinécourts . Le film sera diffusé dans l’émission Ciné Cinécourts sur la chaîne Ciné Cinéma le 14 septembre 2005 (sauf changement de programmation). Fiche technique Genre : fiction Date de production : décembre 2004 Pays : France, Liban Durée approximative : 27’ Sociétés de production: BIZIBI Productions et VIP Films Scénario : Hany Tamba Réalisation : Hany Tamba Musique originale: Khaled Mouzannar. Film soutenu par l’Agence intergouvernementale de la francophonie. Préachat FR3. Interprétation Mahmoud Mabsout: Abou Milad Rafic Ali Ahmad: monsieur Raymond Julia Kassar: Samira Fadi Raidy : Jamil l’épicier Abdallah Homsy: le vendeur de billets de loterie Fadia Sou’aiby: la femme de ménage. Carla HENOUD

C’est lors du festival Né à Beyrouth , en août dernier, que les spectateurs libanais ont pu voir, pour la première fois, le dernier court-métrage de Hany Tamba, qu’il a baptisé «Aftershave, Beyrouth après-rasage». Il aurait pu s’appeler « Monsieur Armand », mais le titre existait déjà au théâtre , ou «Monsieur Raymond», personnage central du film. Mais «Aftershave»...