Rechercher
Rechercher

Actualités - CHRONOLOGIE

Coupure de courant et déploiement militaire nocturne Une nuit agitée et des coïncidences troublantes (photo)

C’est la coupure du courant électrique qui aurait dû alerter les Beyrouthins. Vers une heure du matin, alors que la température est encore très élevée pour la saison, panne totale dans la capitale. Les climatiseurs se sont arrêtés et ceux qui dormaient ont été réveillés par la moiteur soudaine de l’air. Certains ont voulu aussitôt ouvrir leurs portes et leurs fenêtres à la recherche d’un peu de fraîcheur. Quelle n’a été leur surprise d’entendre des vrombissements de moteurs impressionnants dans cette nuit noire. Ceux qui ont eu le courage de sortir ont pu apercevoir, avec surprise, des véhicules militaires défiler le long des grands axes routiers avec autant de « discrétion » que leur permettent leur nombre et leurs moteurs à mazout. De plus en plus convaincus qu’il se passe quelque chose de grave, ils ont déterré les vieux postes de radio ou allumé leurs générateurs électriques à la recherche d’informations télévisées. En vain. À trois heures du matin, le courant électrique est revenu, mais pas la tranquillité d’esprit. Toujours pas de nouvelles précises, mais une atmosphère lourde et pesante. Il faudra attendre six heures du matin pour que les premières nouvelles commencent à filtrer. Entre-temps, les anciens chefs des services de sécurité, ainsi que le chef de la garde présidentielle se trouvent déjà à l’hôtel Monteverde où la commission internationale a établi son quartier général. L’armée et les FSI avaient agi de concert, et de nuit, dans un déploiement de forces considérable, pour assurer le succès de la mission qui leur a été confiée : exécuter les mandats d’amener émis contre le général Jamil Sayyed, le général Raymond Azar, le général Ali el-Hajj. Le chef de la garde républicaine, le général Moustapha Hamdane, lui, s’est rendu de son propre chef à Monteverde. Ce dernier étant encore en exercice et étant installé au palais présidentiel, il avait été informé quelques heures auparavant de la nécessité de se présenter hier matin devant la commission d’enquête. C’est pourquoi il n’a pas fait l’objet d’un mandat d’amener ni été emmené sous escorte chez les enquêteurs. Les anciens responsables de sécurité ont eu droit à un traitement différent. Les unités conjointes de l’armée et des FSI ont encerclé leurs domiciles respectifs, après avoir toutefois alerté, par téléphone, les suspects sur la nécessité de se conformer aux directives de la commission d’enquête internationale. Et pour éviter une possible réaction ou un quelconque dérapage, des mesures de sécurité très strictes avaient été prises dans toute la capitale, notamment aux abords des domiciles des anciens responsables de sécurité, laissant peu de choix à ces derniers, qui d’ailleurs n’ont manifesté aucun désir de se défiler. L’opération a été si bien planifiée et exécutée, coïncidant avec le report des visites annoncées à Beyrouth de Javier Solana et de Terjé Roed-Larsen, que certains ont pensé à une sorte de coordination tacite entre les enquêteurs de l’ONU et les instances internationales. Depuis leur arrivée à Monteverde, sous bonne escorte, les suspects ont été placés en garde à vue et ont été soumis à des interrogatoires et des confrontations. Selon le nouveau code de procédure pénale, la garde à vue est de 48 heures, renouvelables une seule fois. Après cela, la commission d’enquête devrait transmettre les résultats de ses investigations au procureur général de la République, en l’occurrence le juge Saïd Mirza, qui donne son opinion et transmet le dossier au juge d’instruction. Dans le cas précis, il s’agit du magistrat Élias Eid. C’est à ce dernier que reviendra la décision d’émettre des mandats d’arrêt ou de libérer les prévenus. Car, officiellement en tout cas, la commission d’enquête n’a pas le pouvoir d’arrêter les suspects et doit faire appel à la justice libanaise. Celle-ci coopère totalement avec la commission internationale. Dans l’espoir d’arriver à la vérité. Scarlett HADDAD
C’est la coupure du courant électrique qui aurait dû alerter les Beyrouthins. Vers une heure du matin, alors que la température est encore très élevée pour la saison, panne totale dans la capitale. Les climatiseurs se sont arrêtés et ceux qui dormaient ont été réveillés par la moiteur soudaine de l’air. Certains ont voulu aussitôt ouvrir leurs portes et leurs fenêtres à la...