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Actualités - CHRONOLOGIE

Consommation - Un groupe de protection des marques lance une campagne de sensibilisation à la contrefaçon Dix à quinze pour cent des produits grand public commercialisés au Liban sont des faux

Le Brand Protection Group, une association regroupant plusieurs grandes marques internationales et libanaises, a décidé de lancer à la rentrée une vaste campagne de sensibilisation des consommateurs au problème de la contrefaçon. La situation du marché libanais est en effet inquiétante en la matière, puisqu’en moyenne 10 à 15 % des produits de grande consommation distribués dans le pays sont contrefaits, ce qui représente le double de la moyenne mondiale qui se situe à 5-7 %. Telle est en tout cas la conclusion d’une étude réalisée par Price Waterhouse Coopers pour le compte du Brand Protection Group. Le phénomène ne concerne pas seulement les CD ou les logiciels, mais aussi les shampoings, dentifrices et autres produits de consommation courante. L’association a été créée en mars 2003 lorsque ses membres fondateurs se sont rendu compte de l’ampleur croissante du phénomène. « Il ne concerne pas seulement des produits vendus à la sauvette sur la voie publique, mais aussi des boutiques ayant pignon sur rue et aussi quelques enseignes de la grande distribution », explique Kawkab Sinno, porte-parole du groupe. Plutôt que de continuer à essayer d’endiguer le phénomène chacune de son côté, plusieurs sociétés représentant les marques concernées ont décidé de joindre leurs efforts, pour davantage d’efficacité. « Le ministère de l’Économie et du Commerce recevait des plaintes séparées, la multiplication des interlocuteurs l’empêchait de se faire une idée globale du problème. » L’association a été créée par 17 fondateurs, des sociétés multinationales ou locales, et elle compte aujourd’hui 22 membres.* « Notre objectif est de travailler en coopération avec le gouvernement pour lutter contre la contrefaçon, notamment à travers un processus d’éducation des consommateurs », explique Kawkab Sinno. Le groupe s’appuie pour cela sur deux lois, celle de la protection de la protection intellectuelle, mais surtout, celle de la protection du consommateur, adoptée cette année. Les consommateurs sont généralement au fait d’une forme avérée de contrefaçon, celle qui concerne des produits de luxe par exemple, vendus à des prix défiant toute concurrence. En revanche, ils sont trompés eux aussi par une autre forme de contrefaçon, qui n’est pas détectable d’emblée, explique Kawkab Sinno. Sans le savoir, croyant acheter sa marque de lessive habituelle, un client peut se retrouver avec un emballage imité, le contenu provenant d’une tout autre origine. Le phénomène du remplissage illicite de flacons imitant des produits populaires concerne 25 % des shampoings de certaines marques, selon l’étude commandée par le Brand Protection Group. Dans la catégorie des crèmes pour adulte, on retrouve 5 à 10 % de contrefaçon, de même pour les savons et produits de beauté, les produits de toilette pour bébé, les dentifrices, les insecticides. Le taux de contrefaçon grimpe à 10-15 % pour certains produits détergents, à 15-25 % pour les cigarettes ou à 50 % pour certaines marques de piles. Le phénomène occasionne bien entendu des pertes pour les marques concernées, mais elles ne sont pas les seules lésées, insiste Kawkab Sinno. Le consommateur est directement concerné, car il utilise sans le savoir des produits qui entrent en contact avec sa peau, ses cheveux, etc. et qui ne comportent aucune garantie pour sa santé. L’État et la société dans son ensemble sont également des victimes de façon directe ou indirecte, poursuit la porte-parole : l’État subit un manque à gagner fiscal important estimé entre 75 et 100 millions de dollars par an selon Price Waterhouse Coopers ; mais, plus grave, en entachant la réputation d’un pays, la contrefaçon, si elle prend de l’ampleur, décourage les investissements, ce qui se répercute sur l’emploi et la croissance. Kawkab Sinno cite l’exemple d’une société qui cesse toute campagne de promotion d’un produit dès qu’elle se rend compte qu’il est victime d’une imitation sauvage : la perte ne concerne pas seulement la société, mais aussi les médias, les distributeurs, etc. « Nous voulons que les consommateurs prennent conscience du phénomène et cessent d’être passifs face à la contrefaçon, dit-elle. Le seul fait de demander une facture à son commerçant et de lui signaler qu’un produit acheté chez lui est une contrefaçon contribuera à discipliner le marché. » L’un des messages de la campagne qui sera lancée à l’automne auprès du grand public sera d’inciter les consommateurs à téléphoner au centre d’appel (numéro 1739) mis en place au sein du ministère de l’Économie pour répondre à tous les problèmes qui se posent à eux. Le Brand Protection Group finance le centre, précise la porte-parole. La nouvelle loi sur la consommation prévoit de le compléter par une équipe d’une centaine d’inspecteurs qualifiés chargés de vérifier sur le marché toutes les plaintes du public. « Mais la vigilance des consommateurs reste primordiale, car c’est matériellement impossible d’inspecter les 34 000 points de vente que compte le Liban. » Sibylle RIZK (*) Procter&Gamble ; Nestlé ; Henkel/Obegi ; L’Oréal ; Transmed ; Khalil Fattal et Fils ; Johnson&Johnson ; Unilever Levant ; Indevco ; Reckitt Benckiser ; Abou Adal ; Slid ; Kettaneh ; British American Tobacco ; Japan Tobacco ; Matco ; Schneider Electric ; Nike ; Timberland ; Adidas; Puma ; Spartan.
Le Brand Protection Group, une association regroupant plusieurs grandes marques internationales et libanaises, a décidé de lancer à la rentrée une vaste campagne de sensibilisation des consommateurs au problème de la contrefaçon.
La situation du marché libanais est en effet inquiétante en la matière, puisqu’en moyenne 10 à 15 % des produits de grande consommation distribués dans le...