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Actualités - OPINION

Tractations en coulisses pour de nouveaux regroupements politiques sous forme de partis

Le départage est bien là : Michel Aoun face aux autres. Mais des contacts intensifiés ont lieu en coulisses pour la formation d’un front réformateur national, loin des connotations confessionnelles ou régionales habituelles. Pourquoi cette tendance, visant en fait à déborder le cadre traditionnel majorité-opposition ? Simplement parce que la grande coalition quadripartite coagulée à l’occasion des élections ne tient pas la route, politiquement. Il est ainsi apparu que l’axe Hariri-Joumblatt (Kornet Chehwane en sus) et le tandem Amal-Hezbollah s’est désuni lors du vote de la loi d’amnistie en faveur de Samir Geagea comme des détenus de Denniyé et de Majdel Anjar. On sait en effet que le Hezbollah a retiré ses députés de la séance, pour signifier son opposition à la mesure adoptée. Et le fossé risque de s’élargir maintenant que Geagea semble devoir être coopté comme un partenaire à part entière par le couple Hariri-Joumblatt. Dans le même ordre d’idées, beaucoup d’éléments qui restent à l’écoute des préceptes de Bkerké, et qui gravitent en même temps dans l’orbite de la nouvelle majorité, ne sont pas loin de partager les vues de Aoun au sujet du désarmement du Hezbollah. Donc, il y a actuellement peu d’atomes crochus entre la formation de Nasrallah et l’aile majoritaire qui englobe Kornet Chehwane. On comprend du même coup pourquoi, alors qu’une polémique ouverte les oppose, les aounistes et les hezbollahis tiennent actuellement nombre de réunions discrètes. Vraisemblablement pour préparer une rencontre entre le général et le sayyed, à son retour d’Iran. Selon des sources informées, les deux formations estiment qu’il leur est possible de s’entendre (en faisant abstraction de la 1559, bien évidemment) sur un projet politique de réforme. Tout comme elles s’accorderaient pour jeter les bases d’un dialogue national sur les questions essentielles, la 1559 comprise. À part cela, il est intéressant de noter que Aoun a la ferme intention de transformer le Courant patriotique libre en parti politique à part entière. Il a, à cette fin, prié des juristes de préparer des statuts et une demande de licence. Le parti projeté, à caractère national, implanté dans les diverses régions, constituerait donc le noyau d’un front réformateur élargi. En face, on n’est pas en reste pour ce qui est de vouloir créer un front encore plus élargi. Les députés Samir Frangié et Waël Bou Faour, ainsi que l’ancien député Farès Souhaid, intensifient leurs contacts avec Walid Joumblatt en vue de la constitution d’un groupe politique étendu qui se doterait d’une charte nationale inspirée des principes qui ont animé le 14 mars, pour que l’esprit de cette journée historique, autant que fondatrice, reste vivace. En atténuant par là même les effets confessionnalistes des élections. Il convient de noter à ce propos que d’anciens membres de Kornet Chehwane affirment qu’ils ne sont plus disposés, désormais, à faire partie d’un regroupement à coloration confessionnelle prononcée. Samir Frangié doit en principe discuter sous peu du front élargi envisagé avec le député Boutros Harb. Qui, pour sa part, envisage tout bonnement la création d’un nouveau parti, à caractère national, rassemblant des pôles de différentes régions et confessions. Harb, indiquent des sources informées, préfère en fait proclamer la naissance d’un tel parti avant de rejoindre un quelconque nouveau front. Tout cela semble sonner le glas de Kornet Chehwane. D’ailleurs, le patriarche Sfeir a fait savoir que les hommes politiques doivent pouvoir s’entendre, sans qu’il soit besoin d’avoir à leurs côtés un prélat, comme ce fut le cas avec Mgr Youssef Béchara. Le patriarche, confirment des sources informées, est donc opposé à la réédition de l’expérience Kornet Chehwane, sous une forme ou sous une autre. Il estime que les communautés ont leurs leaders, qu’il appartient à ces derniers de s’accorder. Et, surtout, de travailler ensemble pour le bien public, en traitant sans tarder les problèmes pressants qui préoccupent les Libanais. Selon ces sources, le patriarche critique les positions de langue de bois affichées par certains qui entravent le climat de dialogue. Toujours est-il que, de tous côtés, et en réaction sans doute aux tensions confessionnelles excessives dues aux élections, on entend les pôles affirmer qu’il faut des groupements nationaux et non confessionnels. La détente est notamment perceptible dans cette région sensible qu’est le Metn. Là, à la faveur de l’attentat dont Élias Murr a réchappé, les deux frères Murr, Michel et Gabriel, se sont réconciliés. Et Michel Murr a de même repris langue avec le président Amine Gemayel, qui lui-même a rencontré le chef de l’État. Philippe ABI-AKL
Le départage est bien là : Michel Aoun face aux autres. Mais des contacts intensifiés ont lieu en coulisses pour la formation d’un front réformateur national, loin des connotations confessionnelles ou régionales habituelles. Pourquoi cette tendance, visant en fait à déborder le cadre traditionnel majorité-opposition ? Simplement parce que la grande coalition quadripartite coagulée à...