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Actualités - OPINION

Une vraie normalisation tributaire d’une réunion du Conseil supérieur libano-syrien

Deux succès coup sur coup pour Siniora. D’abord une confiance parlementaire massive. Ensuite, une visite à Assad et, hop, le déblocage à la frontière pour les poids lourds. La file de sept kilomètres de long, qui cloutait le paysage depuis trois semaines, s’est dénouée en un clin d’œil, rouvrant le transit en direction de l’hinterland arabe devant les marchandises et les primeurs, sur base d’un engagement mutuel d’appliquer les accords ou protocoles bilatéraux obéissant aux réglementations internationales en matière de trafic commercial. On a l’impression, en fait, que la seule condition de détente était, tout simplement, que Siniora se rende à Damas en quémandeur. Parce qu’à bien y regarder, le contentieux subsiste en l’état. Nombre de questions délicates ont besoin d’être abordées et traitées en profondeur, sur base d’une ligne d’orientation générale que donnerait le Conseil supérieur libano-syrien, lors de prochaines retrouvailles. Le processus nécessite ensuite des contacts, des concertations intensifiées entre divers départements concernés. D’où, sans doute, un prochain carrousel de ministres libanais en Syrie pour amorcer la révision des accords, mentionnée par Siniora après sa visite à Damas. Cela, manifestement avec le plein accord des Syriens, indisposés par les critiques de politiciens libanais concernant les inégalités de ces textes, qu’ils ont dès lors gelés, privant de la sorte le Liban de la fourniture de gaz pour la turbine thermos-électrique de Deir Ammar, alors qu’il avait fait la dépense d’un gazoduc. Siniora, bien obligé, a pris pour argent comptant les justifications sécuritaires syriennes concernant le blocage frontalier. Son homologue syrien, Mohammed Nagi el-Otri, a demandé avec insistance que le Liban contrôle mieux la situation sécuritaire et la stabilité, en évoquant des réunions que des cadres des Frères musulmans, ennemis déclarés du régime syrien, auraient tenues au Liban-Nord, dans le but, selon le chef du gouvernement syrien, de préparer des plans visant à ébranler la sécurité et la stabilité en Syrie. Du côté libanais, des sources responsables soutiennent que jamais de telles réunions n’ont eu lieu, ajoutant que les Syriens, s’ils sont sûrs de leur fait, auraient dû, conformément aux accords de coordination-coopération, communiquer leurs données vérifiées aux services libanais qualifiés, ce qui n’a pas été accompli. Un détail : selon des sources politiques informées, les Syriens ne sont pas contents de l’amnistie accordée aux éléments condamnés suite aux événements de Denniyé parce qu’ils avaient été eux-mêmes à l’origine de la traque des cellules subversives et de la campagne menée par l’armée libanaise, qui avait perdu 17 hommes dans l’opération. À la suite de laquelle les Syriens avaient aidé les Libanais à contrôler l’ordre dans une région en ébullition où les fondamentalistes activistes étaient particulièrement bien implantés. Pour revenir au fond, les cadres locaux répètent qu’il est étonnant de constater que les Syriens, qui se justifient par des inquiétudes sécuritaires, n’aient développé dans ce cadre aucun effort au niveau de cette coordination-coopération technique qui leur aurait été profitable. Ils redisent que les Syriens n’ont fourni aucune information, formulé aucune demande d’intervention ou d’arrestation, après avoir affirmé avoir intercepté des voitures, des valises piégées, des armes en provenance du Liban. Ils n’ont divulgué l’identité d’aucun suspect ou prévenu et n’ont pas précisé les quantités saisies. Selon les politiciens locaux, les Syriens ont voulu manifestement gonfler, exacerber les différends à la suite de leur retrait, le 26 avril, après la 1559, l’assassinat du président Hariri et l’intifada libératrice du Cèdre le 14 mars. Antérieurement, quand ils étaient maîtres du terrain, les Syriens ne soulevaient pas les questions ou les préoccupations qu’ils agitent maintenant. Ces sources ajoutent qu’avant la visite de Siniora à Damas, les Syriens avançaient chaque jour de nouveaux griefs. Ils ont d’abord soutenu que des ouvriers syriens ont été massacrés. Ensuite, ils ont découvert brusquement qu’il existe une longue liste de leurs compatriotes disparus au Liban. Ils ont formé une commission à ce propos, mais elle n’a pas pu préciser la période des disparitions. Qui, si elles avaient eu lieu, auraient certainement été traitées et tirées au clair quand les forces syriennes, et les services de renseignements, tenaient le pays bien en main. Les mêmes sources libanaises posent ensuite une question qui se répond à elle-même : est-ce que cette affaire de disparus syriens tend à faire pièce à la campagne en faveur des disparus et des prisonniers libanais en Syrie ? Globalement, il faut beaucoup de travail et de bonnes intentions partagées pour assainir vraiment les relations libano-syriennes. Afin qu’elles collent à ce modèle exemplaire souhaité naguère par le président Bachar el-Assad dans son discours d’investiture. Il faut une solide confiance mutuelle, sur base de constantes claires. Faute de quoi, le schéma continuerait à évoluer en dents de scie, avec des tiraillements, des crises, des pauses et des trêves. Aux dépens de l’intérêt bien compris des deux pays. Cependant, sur un plan factuel, beaucoup pensent que les choses ne peuvent pas se décanter vraiment, mais continuer à rester flottantes, jusqu’à ce que l’enquête de la commission internationale sur l’assassinat du président Hariri ait produit ses conclusions. Car, selon ces personnalités, c’est là que réside principalement le nuage, la Syrie cherchant, selon ces sources, à soulever des problèmes pour tenter de marquer des points, faute de pouvoir regagner tout le terrain perdu. Ou cherchant encore à contrer, autant que faire se peut, le nouveau pouvoir libanais, notamment le Courant du futur dont elle se méfie. Sans doute à tort, comme le démontre l’attitude d’ouverture de Siniora. Enfin, pour ce qui est du président Émile Lahoud, il estime, selon ses proches, que les relations avec la Syrie doivent se situer dans le cadre des institutions et non à travers des personnes. Il encourage les ministres à se concerter sur les problèmes avec leurs homologues syriens, laissant entendre qu’en cas de difficultés dans les négociations, il interviendrait éventuellement pour dénouer les difficultés. Mais, toujours selon ses proches, il précise que ce n’est pas son capital propre qui doit réguler les relations, qui doivent être effectivement d’État à État, en base des conventions. Philippe ABI-AKL
Deux succès coup sur coup pour Siniora. D’abord une confiance parlementaire massive. Ensuite, une visite à Assad et, hop, le déblocage à la frontière pour les poids lourds. La file de sept kilomètres de long, qui cloutait le paysage depuis trois semaines, s’est dénouée en un clin d’œil, rouvrant le transit en direction de l’hinterland arabe devant les marchandises et les...