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La vraie question : que veut donc la Syrie ?

Étonnement à Beyrouth : Nasri Khoury, secrétaire général du Conseil supérieur libano-syrien, se pose en défenseur de la Syrie et en accusateur du Liban. Dans un entretien sur la chaîne Future avec Sabine Oueyss, qui anime une émission économique, il a justifié les mesures frontalières vexatoires appliquées par la Syrie sous des prétextes de sécurité. Mesures qui ont provoqué une crise relationnelle et entraîné des conséquences économiques préjudiciables pour les deux pays. Khoury, pour sa part, n’a pas caché qu’il existe des raisons politiques derrière l’attitude syrienne. Il estime qu’il faut donc traiter un contentieux politique, affirmant que des fautes ont été commises à l’encontre de la Syrie, blanche comme neige à ses yeux, par nombre de responsables locaux et de pôles politiques libanais. Autre intervenant sur le dossier, Azmi Béchara, député israélien arabe. Il a successivement rencontré Assad et les dirigeants. Évoquant la tension entre les deux pays, il a posé la question : que veut le Liban de la Syrie ? Ici, une parenthèse, Béchara a été chargé par les Syriens de porter un message aux Libanais. Or il y a deux semaines quand Amr Moussa a tenté de s’entremettre, les Syriens lui ont opposé une fin de non-recevoir. En affirmant qu’il ne saurait y avoir de médiation entre deux pays frères comme la Syrie et le Liban. On pourrait donc avoir l’impression qu’à travers la mission confiée à Béchara, les Syriens cherchent à débloquer la situation. En réalité, leur message est interprété comme un signe d’escalade. Et il a été mal pris à Beyrouth, même de la part de certains prosyriens notoires. Car pour les Libanais, il est clair qu’il s’agit toujours de savoir ce que le plus fort veut du plus faible. Donc de savoir ce que la Syrie veut du Liban, et non l’inverse. Un indépendantiste déclare, dans ce contexte, que les Syriens ont pénétré au Liban, y ont déployé leur armée, ont appuyé les fedayine palestiniens, ont armé les éléments du Mouvement national, ont introduit, sous prétexte de sécurité, des milliers d’agents des services de renseignements. Pour mieux faire main basse sur le pouvoir de décision politique ou autre. Ils ont fabriqué des parlements, des gouvernements, des cadres administratifs, prélevé une part des ressources de ce pays. Ils ont, selon cette personnalité, pratiquement asservi le Liban et les Libanais, écrasant ou marginalisant toute partie ou tout individu militant pour la souveraineté. Le président Hafez el-Assad soutenait être entré au Liban à la demande des Libanais et ne vouloir sortir qu’à leur demande aussi. Il ripostait ainsi à la requête du président Amine Gemayel qui avait vainement démarché le Conseil de sécurité et la Ligue en vue d’un retrait syrien. Les Syriens ont donc disposé du Liban à leur gré, sans aucun contrôle. Cependant, dans son discours d’investiture, le président Bachar el-Assad avait reconnu que des erreurs avaient été commises, ajoutant que les failles relationnelles devaient être corrigées. Mais il n’en a rien été et les abus se sont encore multipliés, l’immixtionnisme devenant de plus en plus pesant et flagrant. Au point que, malgré la promulgation de la 1559, la prorogation a été imposée par la contrainte. Le chef de l’État syrien affirmait toujours vouloir aider le Liban et le soutenir. En réalité, tout était ordonné au détriment de ce pays, dont le pouvoir de décision était réquisitionné, aussi bien sur le plan intérieur qu’au niveau de la politique extérieure. La mainmise, la satellisation étaient totales. Le Liban était traité comme une simple province syrienne, sans autonomie. Et la lutte nationale libanaise pour l’indépendance comme pour la libération a coûté à ce pays la crème de ses cadres. La personnalité politique citée répète qu’il faut savoir ce que la Syrie veut du Liban, et non l’inverse. Car c’est elle qui disposait de la volonté même de ce pays, et non le contraire. Et de rappeler que le Liban a toujours appelé, aujourd’hui comme hier, à des relations vraiment privilégiées, c’est-à-dire assainies dans un climat de respect mutuel et de coopération sincère. Ainsi, le Liban s’est abstenu de répliquer aux vexations frontalières par des mesures similaires. Tout en se demandant pourquoi c’est seulement maintenant que la Syrie s’avise qu’il peut y avoir des colis piégés, des valises douteuses traversant la frontière, puis son territoire, en provenance du Liban, pour aller, on ne sait où… En se demandant aussi comment il se fait qu’aucun suspect n’ait jamais été présenté à l’opinion publique. De plus, lorsque des accrochages ont opposé les forces syriennes à des fondamentalistes, il y a quelque temps, Damas avait reconnu que les éléments subversifs s’acheminaient vers le Liban. Donc qu’ils n’en venaient pas. Sans compter les rapports fiables qui font état d’un afflux d’armes venant de Syrie dans certains camps palestiniens. D’où les mesures de surveillance renforcées aux abords de ces agglomérations. Quoi qu’il en soit, le président Siniora va tenter d’arranger les choses en se rendant à Damas après le vote de confiance. Il a prié ses collaborateurs de lui préparer un dossier détaillé, pour en discuter avec les autorités syriennes. Et il sera d’ailleurs accompagné par plusieurs ministres et hauts fonctionnaires concernés. Mais en attendant, le trafic des camions et des marchandises en transit est toujours pratiquement paralysé. Et les médias syriens poursuivent leurs attaques contre le Liban et contre certains politiciens de ce pays. Dont certains préparent une sorte de recensement global de tout ce que la présence syrienne a pu coûter au Liban depuis 1976. Philippe ABI-AKL

Étonnement à Beyrouth : Nasri Khoury, secrétaire général du Conseil supérieur libano-syrien, se pose en défenseur de la Syrie et en accusateur du Liban. Dans un entretien sur la chaîne Future avec Sabine Oueyss, qui anime une émission économique, il a justifié les mesures frontalières vexatoires appliquées par la Syrie sous des prétextes de sécurité. Mesures qui ont provoqué...