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Exposition Soixante œuvres de « Ceramics Studio », sous la houlette de Nathalie Khayat Les apprentis sorciers des arts du feu à Saifi Village (Photo)

Dans le jardin d’une cour intérieure, des bols, des vases, des théières, des cendriers ou autres plats décoratifs en céramique trônent sur des piédestaux. À proximité , une fontaine fait gentiment bruisser son eau. C’est dans cette niche calme et voluptueuse qu’une vingtaine d’amateurs passionnés par les arts du feu, sous la direction de l’artiste Nathalie Khayat, exposent aujourd’hui et demain, dans le jardin de l’atelier Nada Debs à Saifi Village, le Quartier des Arts. De 11h à 21h. Principalement produites d’une cuisson raku (tradition japonaise de cuisson à basse température), les 60 pièces exposées témoignent de la diversité des approches ainsi que du savoir-faire et du goût de la découverte. Cela fait bientôt cinq ans que Nathalie Khayat a ouvert son atelier de céramique à ses disciples. Au début, ils étaient cinq. À présent, ils sont une bonne cinquantaine à suivre les cours hebdomadaires qui se déroulent dans un local à proximité de la place Sassine, à Achrafieh. De nombreuses « sorties dans la nature » leur offrent également la possibilité de travailler en liberté. En japonais, raku signifie « le bonheur dans le hasard ». Ces apprentis sorciers de la terre ne désirent, eux, laisser aucune place à l’imprévu. À l’initiative de cette technique japonaise, une famille, ou plutôt un homme, Chôjirô Raku, décédé en 1589. Sans interruption jusqu’à Kichizaemon, né en 1949 (depuis 15 générations), la famille Raku allie tradition et innovation pour créer de subtiles œuvres d’art imprégnées d’un idéal hautement spirituel autour de « l’art du thé ». Le processus de création d’une œuvre peut s’étirer sur un mois. Petite leçon de savoir-faire pour mieux apprécier le travail exposé. La technique raku consiste à biscuiter normalement la poterie, à l’émailler, à la chauffer jusqu’à ce que l’émail soit en fusion, puis à la retirer directement du four. On sort les pièces avec des pinces ou des gants, pour finir la cuisson en dehors du four : parfois cette finition dure quelques secondes, parfois plusieurs heures. Souvent, la sortie des pièces a des allures spectaculaires avec des grandes flammes et beaucoup de fumée partout. La sciure, l’eau, l’herbe ou bien un mélange de différentes matières et de différentes procédures donnent sur l’émail des effets qu’on ne peut obtenir qu’avec cette technique. Le raku a été mis au point et utilisé par les potiers japonais pour faire les bols et les théières qui servent à la cérémonie du thé, et les connaisseurs japonais admiraient beaucoup les surfaces quelque peu irrégulières et les couleurs caractéristiques de ce genre de poterie. Les pâtes pour le raku sont étudiées pour résister aux chocs thermiques qu’elles subissent lorsqu’elles sont sorties du four chauffé à 1200 degrés et exposé parfois à une chute de température de plus de 1000 degrés en quelques secondes! Pour une poterie traditionnelle, les effets spécifiques du raku sont des défauts : les pièces sont sous-cuites, un émail ne donne jamais le même aspect, les pièces peuvent casser pendant le refroidissement, les traces des pincettes noires ont en réalité abîmé l’émail. En d’autres termes, le raku est une notion créative où les défauts, les chocs et les risques sont recherchés, pour exprimer l’unicité, l’« irreproductibilité » et l’imprévisibilité de la vie et du monde. Des photos illustrant les diverses étapes de création d’une œuvre de céramique sont imprimées sur une grande bâche et donnent au visiteur un aperçu coloré de cette technique qui associe les quatre éléments. Les exposants proposent à la vente certaines de leurs créations, mais ils sont apparemment tellement fiers du fruit de leur imagination et de leur savoir-faire acquis avec patience et amour, qu’ils en gardent jalousement quelques-unes. Peut-on leur en vouloir ? Quoi qu’il en soit, une visite s’impose. Les exposants Safana Abdallah, Hana Alireza, Jacquot Ayoub, Hoda Baroudi, Malak Baydoun, Lina Chammaa, Jihane Daoud, Dina Debbas, Martine Enfrum, Ghida Fadlallah, Hélène Geagea, Lola Gavin, Roula Haddad, Ghida Khalaf, Leila Sbaiti, Thilda Nader, Rasha Mroué, Nayla Safieddine, Ghada Saliba, Graham Stevenson, Mona Barakat Sayegh, Carmen Thoumi et Sarah Trad. M.G.H.
Dans le jardin d’une cour intérieure, des bols, des vases, des théières, des cendriers ou autres plats décoratifs en céramique trônent sur des piédestaux. À proximité , une fontaine fait gentiment bruisser son eau. C’est dans cette niche calme et voluptueuse qu’une vingtaine d’amateurs passionnés par les arts du feu, sous la direction de l’artiste Nathalie Khayat, exposent...