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Actualités - OPINION

Le droit à la publicité électorale et les droits du citoyen

Les candidats aux élections législatives ont usé et abusé de leurs droits à la publicité et à tous les artifices de la propagande. La période électorale étant passée, n’est-ce pas maintenant aux citoyens de reprendre leurs propres droits qui, il faut le reconnaître, ont bien été bafoués. Voici des semaines que les résultats ont été publiés et on a toujours en face des yeux les portraits en diverses dimensions des candidats, heureux ou malheureux. Même les photos de ceux qui se sont retirés de la course continuent à défigurer le paysage et à trôner de part et d’autre des autoroutes. Inutile d’y en échapper, partout les portraits, les calicots nous poursuivent, nous hantent, nous rappellent notre désolante appartenance aux pays tiers-mondistes. À toutes les heures de la nuit, les défilés de voitures des partisans, bannières géantes haut brandies, continuent à coups de klaxon et de mégaphone à nous harceler, nous faisant payer les restrictions, les persécutions, qu’ils ont dû naguère subir de la part des autorités. On exige des citoyens de partager indéfiniment les manifestations ou les réjouissances intempestives, bruyantes, parfois hystériques, des uns et des autres, sans prendre en considération les sensibilités de chacun. Car ces démonstrations enfiévrées, qui tournent le plus souvent à l’incivilité, alimentent un climat de haine et de tensions et pavent la voie à l’extrémisme et à la violence. Elles ne manquent pas de plus d’exaspérer les habitants épris de quiétude. Notre histoire est fertile en épisodes de ce genre, qui ont dégénéré en conflits armés et qui ont laissé des plaies profondes. L’incident qui s’est produit au Liban-Nord était prévisible et nous rappelle beaucoup d’antécédents de triste mémoire. La responsabilité incombe d’abord aux leaders politiques qui n’ont pas pris conscience du fait que les manifestations excessives et incontrôlées portent un grave préjudice au pays, sans leur faire gagner pour autant la faveur populaire. Prendre le contrôle de la rue, décider la mainmise sur les artères principales, conquérir les places publiques engagent la société sur un terrain miné, la ramènent aux temps de la guerre civile, restaurent l’esprit milicien et engendrent le chaos. La souveraineté récemment retrouvée perd de son éclat si les diverses formations politiques ne s’investissent pas pour favoriser l’autorité de l’État et soutenir le règne de la loi. Mobiliser les jeunes, les fanatiser, retarder leur épanouissement, c’est les orienter vers des voies déviantes. La jeunesse doit être formée, éclairée et non instrumentalisée. Avant de l’engager à intégrer un courant politique, il faut s’occuper de son instruction, de son éducation. Pourquoi la compromettre dans cette lutte implacable, indigne que se livrent des politiciens de tous bords et qui s’oppose le plus souvent à toute éthique ? Rendre le domaine public à son titulaire s’impose dans toute société démocratique soucieuse de construire un État de droit; et si l’autorité étatique, affaiblie ou manquant ces temps-ci d’audace, est incapable d’agir, son devoir le plus élémentaire reste néanmoins de soutenir son droit face aux usurpateurs. Bachir BÉCHARA Colonel à la retraite
Les candidats aux élections législatives ont usé et abusé de leurs droits à la publicité et à tous les artifices de la propagande. La période électorale étant passée, n’est-ce pas maintenant aux citoyens de reprendre leurs propres droits qui, il faut le reconnaître, ont bien été bafoués.
Voici des semaines que les résultats ont été publiés et on a toujours en face des yeux...