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L’ancien Premier ministre et le député Boutros Harb ont été reçus par Mgr Sfeir Aoun accepte la main tendue par Hariri, mais réclame du « concret »

Le député élu Michel Aoun a indiqué hier qu’il « tend la main à tout le monde », à l’instar du député élu Saad Hariri. « Je n’ai pas retiré ma main tendue, mais l’essentiel est de savoir ce dont cette main est porteuse. La coordination ne se fait pas sur la base du vide, mais de principes et de programmes que l’être humain tente de réaliser », a affirmé l’ancien Premier ministre, qui a été reçu hier à Bkerké par le patriarche maronite, Mgr Nasrallah Sfeir. « Cette expression de Hariri est positive, théoriquement, mais il faut voir comment elle se traduit concrètement. Comment Hariri traduit-il cette main tendue ? J’ai proposé un programme et des réformes liées à des lois libanaises, ainsi que des plans de lutte contre la corruption et en faveur de la protection de l’environnement », a estimé le général Aoun, en précisant qu’il ne pensait pas que le pays puisse être bâti par une seule force politique. « Nous venons de dire que nous voulons passer de la théorie à la pratique ! » a-t-il souligné. Comment expliquer alors sa volonté, déjà annoncée, de ne pas prendre part au prochain gouvernement ? « Ce qui s’est produit à Tripoli prouve qu’il y a eu un paradoxe dans la conduite, une atteinte à des principes sur lesquels il y avait une entente tacite et qui ne devaient pas être suscités, dans la mesure où ils représentent des constantes nationales. Il est inconvenant de susciter des provocations sectaires ou de provoquer l’intervention de parties religieuses libanaises dans un conflit parce que cela porte atteinte à la liberté de l’électeur », a-t-il répondu. « Les provocations sectaires se font par le biais de prêches dans les mosquées ou par des fatwas (…) », a ajouté Michel Aoun. « Sans les décisions religieuses, nous aurions remporté la victoire à Baabda-Aley », a-t-il souligné. Une Chambre « non représentative » Le député élu du Kesrouan a par ailleurs estimé que « 50 % du nouveau Parlement ne représente pas le peuple libanais ». « Je suis étonné par ceux qui disent que ce Parlement est représentatif, d’autant qu’ils guerroyaient contre la loi de 2000, jugée inique. Tous ceux qui se battaient contre la loi de 2000 ont fait volte-face au moment crucial, alors que je disais que la loi de 2000 est inique et qu’il faut la changer. Nous avons proposé deux projets de loi électorale, fondés sur la circonscription unique ou la proportionnelle dans le cadre de la grande circonscription. Nous n’étions même pas avec le caza, même si nous estimions qu’il faisait le moins de dégâts au vu des autres projets proposés (…)», a-t-il ajouté. Le général Aoun a ensuite précisé qu’il était « pour le changement à tous les niveaux », en réponse à deux questions sur la présidence de la Chambre et la présidence de la République. « Le changement est indivisible. Il s’agit d’un esprit, d’un style de pensée qu’il faut concrétiser. Au Liban, il y a des personnalités qui se font et se défont, qui pensent quelque chose, disent autre chose et finissent par appliquer une troisième chose. Face à ces dernières, tout le monde se perd. Certains psychologues en deviendraient fous à traiter avec tellement de fous. Mais nous ne perdrons pas la tête ; nous les guérirons tous », a-t-il indiqué. Il a souligné que son bloc parlementaire n’allait probablement pas proposer de candidat à la présidence de la Chambre. Le général Aoun a également indiqué qu’il se pourrait qu’un délégué de son bloc parlementaire seulement participe aux consultations pour la nomination du Premier ministre. L’ancien chef de gouvernement a par ailleurs tendu la main aux Forces libanaises et à toutes les autres parties, si elles acceptent d’œuvrer sur un programme réformateur. Il a donné l’exemple du PSNS, autrefois son pire ennemi sur la question syrienne, mais avec qui il se retrouvait sur la question du mariage civil. « Nous n’avons pas de positions de principe par rapport aux gens. Nous nous opposons en fonction des projets et respectons la liberté de croyance politique. Nous verrons demain comment beaucoup de parties se joindront à nous dès que nous poserons le problème de l’audit financier », a-t-il indiqué, avant d’ajouter, au sujet de la libération de Samir Geagea, qu’il s’est déjà engagé dans ce sens et qu’il ne reviendra pas sur ce principe. « Nous appuierons ce dossier ; il est tout naturel que Samir Geagea sorte de prison », a-t-il dit. Concernant enfin l’assassinat de Georges Haoui, Michel Aoun l’a replacé dans le contexte de « règlements de comptes après les événements des trente dernières années ». Il a également rejeté les accusations lancées à l’encontre du président Lahoud et du régime sécuritaire, affirmant que le gouvernement actuel était responsable des services de renseignements, de leur épuration et de leur restructuration. « Nous avons désormais des doutes à l’encontre de ceux qui accusent de manière systématique le régime sécuritaire », a-t-il ajouté. Boutros Harb De son côté, le député élu Boutros Harb a lancé un appel au calme et à « la mise en place d’un climat favorable à l’action commune ». M. Harb, qui a également été reçu par Mgr Sfeir, a plaidé en faveur de « l’entrée dans une nouvelle période d’objectivité, de patriotisme et de recherche du consensus sur un projet commun entre les forces politiques », compte tenu des échéances qui pointent à l’horizon et de l’omniprésence du régime sécuritaire. Le député a estimé que les Libanais, leur sécurité et leurs libertés sont encore à découvert face à ce régime, qui poursuit sa campagne d’assassinats, le dernier à payer de sa vie ayant été Georges Haoui. Et M. Harb de plaider en faveur d’une « nouvelle étape pour jeter les bases du régime démocratique sain, qui garantisse la protection de la liberté et des droits des citoyens ». Le député de Batroun a également tendu la main à « toutes les forces politiques pour traduire concrètement le slogan de la réconciliation nationale scandé durant les élections ». Répondant à la position du général Aoun, selon lequel la nouvelle Chambre est illégitime, M. Harb a indiqué : « Les élections ont eu lieu malgré les vexations dont nous avons été victimes de la part des services. Ce scrutin est mille fois mieux que ceux de 2000, de 1996 et de 1992. Il n’y a pas d’élections exemplaires dans le monde. La loi contient certaines failles, le scrutin s’est déroulé dans des circonstances difficiles. Mais de là à dire que cette Chambre n’est pas représentative, c’est encore un peu tôt. Les citoyens ont exprimé leur opinion. Par respect pour les électeurs, nous affirmerons que cette Chambre n’est pas exemplaire sur le plan de la représentation, mais elle représente l’opinion des Libanais. Il lui faut encore prouver sa capacité à travers son action, à commencer par l’amendement de la loi électorale, la libération de Samir Geagea, la consécration de la réconciliation nationale, la formation d’un gouvernement sur base d’un programme réformiste et le contrôle du pouvoir exécutif qui devra rendre compte de ses erreurs. C’est ensuite que nous pourrons juger de la viabilité de cette Chambre. » Fixer le sort de Kornet Chehwane Boutros Harb a estimé que le chef de l’État est ressorti bénéficiaire des législatives, puisque la division de l’opposition ôte à cette dernière le quorum nécessaire pour initier le processus constitutionnel pouvant révoquer le président. Selon le député, il revient au président de décider s’il peut continuer à gouverner dans les circonstances actuelles ou non. « Je ne pense pas que l’on puisse recourir à une opération qui sortirait du contexte démocratique pour substituer un autre président au chef de l’État, d’autant que la Constitution libanaise ne renferme pas un mécanisme pour la révocation du président, sauf dans deux conditions impossibles à réaliser actuellement », a-t-il souligné. Le député a par ailleurs plaidé en faveur de la mise en place d’un bloc parlementaire mixte sur le plan communautaire, pouvant jeter les bases d’une action politique nationale. Il a par ailleurs évoqué avec Mgr Sfeir la nécessité d’appeler le plus tôt possible à une réunion de Kornet Chehwane pour décider de l’avenir de ce rassemblement. Boutros Harb a en outre rejeté l’affirmation selon laquelle il existe un seul leader par communauté, estimant qu’à part Michel Aoun, il y a d’autres chrétiens représentatifs. Il a démenti l’affirmation selon laquelle les candidats chrétiens élus du Nord avaient réussi grâce aux voix des sunnites de Tripoli. « J’ai réussi dans ma région », a-t-il souligné. Il a enfin estimé que Nayla Moawad avait exprimé une position de principe favorable au changement en rejetant le retour de Nabih Berry à la présidence de la Chambre. Il convient de noter que Mgr Sfeir a également reçu le député Georges Kassarji, ainsi que MM. Farid Haïkal el-Khazen, Fouad Makhzoumi et Roy Issa el-Khoury.

Le député élu Michel Aoun a indiqué hier qu’il « tend la main à tout le monde », à l’instar du député élu Saad Hariri. « Je n’ai pas retiré ma main tendue, mais l’essentiel est de savoir ce dont cette main est porteuse. La coordination ne se fait pas sur la base du vide, mais de principes et de programmes que l’être humain tente de réaliser », a affirmé l’ancien...