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Actualités - CHRONOLOGIE

Plusieurs candidats dénoncent des ingérences syriennes plus ou moins directes À Baalbeck-Hermel, une bataille facile pour le Hezbollah et ses alliés (photos)

Le véritable enjeu à Baalbeck-Hermel n’était pas électoral hier. L’implacable machine Hezbollah-Amal, encore une fois incroyablement performante, n’a presque laissé aucun espoir aux listes concurrentes, qui étaient d’ailleurs parfaitement conscientes de la précarité de leur situation. L’intérêt de la bataille résidait plutôt dans le retour progressif, mais certes très timide, du souffle démocratique à une région qui a été pendant de longues années traitée comme une province syrienne, avec tout ce que cela implique sur le plan politico-social. Tous les candidats ont ainsi unanimement salué le « grand progrès » effectué à ce niveau, ce qui montre, même si les rumeurs sur d’éventuelles ingérences syriennes s’avèrent être vraies, que l’influence de Damas dans la Békaa s’est sérieusement érodée depuis le retrait de ses troupes en avril dernier. Baalbeck en jaune Il n’était pas très difficile de deviner qu’on entrait dans la région de Baalbeck hier matin. Tout, absolument tout baignait dans une couleur jaune clair. Une couleur qui virait parfois à l’orange – maladresse partisane sans doute –, ce qui laissait penser de premier abord, et assez comiquement d’ailleurs, à une présence massive des aounistes, qui serait pour le moins incongrue dans cette partie du pays, malgré la candidature, presque symbolique, du général à la retraite, Sélim Kallas. Les centres de vote étaient complètement inondés par des dizaines d’individus en jaune qui scandaient des slogans à la gloire du secrétaire général du Hezbollah, Hassan Nasrallah, et parfois du chef du mouvement Amal, Nabih Berry. Une ambiance euphorique qui n’a pas manqué de susciter les critiques des adversaires qui ont trouvé illégale « l’invasion » des bureaux de vote par les militants du Hezbollah. En fin de compte, il semblait évident que la liste formée de Hussein Husseini, Hussein Hajj-Hassan, Jamal Takch, Ali Mokdad, Ghazi Zeaïter, Ismaïl Succarié et Kamel Rifaï, Nader Succar et Marwan Farès, allait facilement s’imposer. C’est plutôt l’écart de voix qui intéressait tout le monde, le Hezbollah étant particulièrement soucieux d’emporter une victoire écrasante, alors que les autres listes, notamment celle présidée par l’ancien député Yehya Chamas, espéraient obtenir un score plutôt respectable, et en tout cas meilleur que celui enregistré par les adversaires du Hezbollah au Sud. Le vice-président du PSP et candidat sur la liste Chamas, Doreid Yaghi, s’est ainsi montré pragmatique dans un entretien à L’Orient-Le Jour, estimant que la bataille était « très difficile ». Il a cependant relevé une évolution positive par rapport aux élections de 2000, puisque les différents candidats disposent d’une marge de manœuvre beaucoup plus importante. Par ailleurs, M. Yaghi a dénoncé la présence à Baalbeck d’agents syriens « qui interpellent les citoyens pour leur demander de voter pour certains candidats ». Des accusations totalement rejetées par M. Succarié, qui a estimé que les parties composant la liste de Baalbeck-Hermel « n’ont pas besoin de l’ingérence syrienne pour gagner ». Par ailleurs, certains militants de la liste Chamas ont affirmé avoir vu des Syriens venir voter, mais sans que ces rumeurs ne soient confirmées. Deir el-Ahmar mobilisée Le principal aspect positif des élections dans cette région restera sans doute la mobilisation des habitants de Deir el-Ahmar et de ses alentours, qui se sont pleinement impliqués, pour la première fois peut-être depuis longtemps, dans un processus électoral qui les a toujours défavorisés. L’électorat chrétien, largement dominé par les Forces libanaises, a ainsi massivement voté pour la liste Chamas, et notamment pour son candidat maronite, Tarek Habchi, un vote face au candidat « imposé » par le Hezbollah, Nader Succar. C’est ce qu’a d’ailleurs souligné à L’Orient-Le Jour M. Habchi, qui a accordé une importance secondaire aux résultats du scrutin. « Nous avons gagné la véritable bataille, puisque nous avons unifié nos voix et avons fait parvenir le message », a-t-il dit, avant d’ajouter : « Cela va nous permettre, à l’avenir, d’avoir des alliances honorables avec les autres parties dans la région. » Concernant l’influence syrienne, il a déclaré : « La pression directe, physique, n’est plus. Mais il est certain qu’une ingérence, plus vague, s’exerce toujours. » Quoi qu’il en soit, Deir el-Ahmar affichait hier un enthousiasme inédit, même si les militants FL ne se faisaient pas d’illusions à propos des résultats. Et toute la région de Baalbeck-Hermel, qui reste aujourd’hui exclusivement dominée par le Hezbollah et par ses alliés, a affiché hier les premiers balbutiements d’une démocratie naissante. Ce n’est peut-être pas demain que des batailles électorales serrées seront jouées dans cette circonscription, mais plusieurs éléments montrent que la région connaîtra dans les années à venir une vie politique (un peu) plus intéressante. Samer GHAMROUN

Le véritable enjeu à Baalbeck-Hermel n’était pas électoral hier. L’implacable machine Hezbollah-Amal, encore une fois incroyablement performante, n’a presque laissé aucun espoir aux listes concurrentes, qui étaient d’ailleurs parfaitement conscientes de la précarité de leur situation. L’intérêt de la bataille résidait plutôt dans le retour progressif, mais certes très...