Le leurre des gais lurons

Plus que deux jours avant la guignolade de la Montagne et de la Békaa où chevriers et gardiens de clochers s’étripent autour des avant-derniers strapontins qui restent. Entre la bande à Kornet qui se cherche, le Btéghrinator qui s’est retrouvé et Mongénéral qui recommence à parler de lui à la 3e personne, l’électeur aura le choix entre rire et pleurer. Dimanche soir, tout ce beau monde se séparera avant que le ridicule ne décime les troupes. Entre-temps, le train électoral a déjà embarqué les deux rigolos du Liban-Sud : Sayyed Barbu et Istiz Imberbe. Le mariage du poil et de l’épithélium glabre. Hassan Nasrallah et Nabih Berry à la fois… Un malheur n’arrive jamais seul. Il faut rendre cette justice au Grand Schtroumpf du Hezbollah, il n’a pas son pareil pour faire monter la mayonnaise et battre les blancs en neige. À partir d’un ingrédient de base, ici l’armement de ses spadassins, il en fait des tonnes. Tant et si bien qu’il lui faudra plusieurs camions pour mettre sa quincaillerie sur la table des négociations. Devenues prétexte idéal, ces armes sont à Chebaa ce que les bêtises sont à Cambrai. Nasrallah est d’accord pour palabrer à leur sujet à la seule condition d’en rester au verbiage. Le premier qui bouge, il tire… Si Allah est Grand, ses disciples barbus sont parfois obscurs. Istiz Nabeuh, lui en revanche, est lumineux comme le soleil qui se lève sur les vaches de Msaïleh. Choisi naguère par Damas, davantage pour sa fidélité que pour ses fulgurances, l’ancien Déshérité s’accroche à son perchoir, malgré l’indigestion d’héritages qui menace de l’en faire basculer. Mais l’homme est un jongleur-né. Y a qu’à revoir le nombre de voix qui lui ont permis de se hisser si haut pendant trois mandats consécutifs : 128, 124, 118. À ce rythme d’érosion, il pourrait être battu dans moins d’un siècle. Et ce sont ces deux gais lurons que le Barbichu et le Moukhtariote ont choisi d’intégrer dans leur stratégie du Liban nouveau. Dans l’espoir, semble-t-il, de les rendre moins teigneux. C’est jouable. Churchill avait dit : « Je préfère qu’un mec soit chez moi et qu’il pisse dehors, plutôt qu’il soit dehors et pisse sur ma tente. » S’il était libanais, Churchill aurait peut-être envisagé l’hypothèse d’un mec qui est, à la fois, dedans et qui pisse dans la tente… Gaby NASR