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Actualités - ANALYSE

« L’unité de l’opposition » proclamée au Kesrouan-Jbeil Des listes mastodontes, de Aley à Byblos en passant par Hadeth, Sin el-Fil et Jounieh

S’il y a une chose que personne ne pourrait reprocher à Michel Aoun, c’est que ses actes sur le terrain traduisent toujours, avec une formidable fidélité, sa philosophie (et sa psychologie) politique. Ainsi, ce « moi, je… » face au « eux, ils… », ce « eux tous » face au « moi seul » desquels l’ancien Premier ministre semble, comme depuis dix-sept ans, tirer son énergie et ses forces, se retrouvent dans la moindre de ses expressions dans la composition des listes qui croiseront le fer dimanche au Mont-Liban et dans la Békaa. Ainsi, après Baabda-Aley où la liste Aoun (avec Arslane) s’opposera à un bloc Bristol (PSP-FL-mouvement réformiste Kataëb-Courant du futur) pour lequel votera le Hezbollah, après le Metn où la liste Aoun (avec le Tachnag et une alliance non déclarée avec Michel Murr) fera face à un (second) bloc Bristol (mouvement réformiste Kataëb-FL-PNL-KC-Renouveau démocratique), il y a désormais, depuis hier, le Kesrouan-Jbeil. Où la liste, présidée cette fois par Michel Aoun lui-même, affrontera en un combat singulier un (troisième) bloc Bristol, tout aussi homogène que les deux premiers. Effectivement, la liste de L’unité de l’opposition a vu le jour hier à l’hôtel Regency palace, à Adma. Elle regroupe, pour le Kesrouan, Mansour el-Bone (KC), Camille Ziadé (KC/RD), Alexandre Rizk (mouvement réformiste Kataëb), Chawki Daccache (FL) et Farid Haïkal el-Khazen. Et pour Jbeil, Farès Souhaid (KC), Carlos Eddé (BN) et Mahmoud Awad (Courant du futur). Cette liste complète a été proclamée en présence, notamment, d’Amine Gemayel, de Sethrida Geagea et de Dory Chamoun. « C’est la plus vaste formation opposante, qui comprend tous ceux qui ont participé à la bataille en faveur de l’indépendance, de la souveraineté et de la liberté », a commencé par dire Farid el-Khazen, après que Farès Souhaid eut assuré que tous les efforts possibles avaient été déployés pour qu’il y ait le moins de divisions au sein de l’opposition. Et les deux hommes, tour à tour, ont souligné que personne ne pouvait prétendre exclure l’autre. Farid el-Khazen a même parlé d’« unilatéralisme » et d’« individualisme », que ceux qui forment cette liste ont réussi à éviter. Il a donné lecture du programme politique de cette liste. Six points, à commencer par le renforcement de la solidarité au sein de l’opposition, ainsi que la redynamisation de l’unité nationale et de la coexistence. Deux : en finir avec les résidus et autres symboles des services de tutelle. Trois : l’attachement absolu aux positions du patriarche maronite. Quatre : l’élaboration et l’adoption d’une loi électorale saine et juste. Cinq : la reconstruction de l’État et des institutions, le lancement d’un projet de réforme à plusieurs niveaux (justice, Administration, économie…), lutte contre le clientélisme, le gaspillage et le vol des deniers publics. Enfin, œuvrer en faveur du développement des deux cazas, privés de tout à cause de l’opposition des Kesrouanais et des Jbeilois. La formation de cette liste et la bataille de titans qui l’opposera à celle de Michel Aoun dimanche ont eu des conséquences évidemment immédiates sur le paysage électoral de cette circonscription du Mont-Liban. Ainsi, à Jbeil, le député sortant Nazem Khoury – dont le cousin, Walid Khoury, fait partie de la liste Aoun – n’a toujours pas tranché sa position. Demandera-t-il à ses électeurs de voter pour son parent ou fera-t-il cavalier seul ? En revanche, l’ancien ministre Jean-Louis Cardahi a choisi : il livrera bataille en solitaire. Et pas avec Émile Naufal, qui entendrait, dit-on, former une liste incomplète avec Jean Hawat (Jbeil) et deux députés kesrouanais, dont Antoine Hokayem. Mais c’est du Kesrouan que risque d’arriver une des grosses surprises de la circonscription : le député sortant Farès Boueiz rendra publique dans la journée sa position ; les sources bien informées donnaient de très grandes chances dans la nuit à un retrait pur et simple par l’ancien ministre de sa candidature. Un retrait qui s’accompagnerait, précise-t-on, d’un pamphlet contre la liste de L’unité de l’opposition. Quoi qu’il en soit, les différents candidats du Mont-Liban (peut-être à l’exception du Chouf) ne seront pas près d’oublier le 12 juin à venir. Une journée électorale de folie, qui, de Aley jusqu’à Jbeil en passant par Hadeth, Sin el-Fil et Jounieh, risque de réserver plusieurs surprises. Michel Aoun aura à faire à des alliances bétonnées, aussi bien politiques que familiales, et les membres du Bristol seront confrontés au capital sympathie dont dispose le général exilé pendant quinze ans et au discours populisto-populaire qu’il martèle depuis son retour. Le paysage préélectoral implique ainsi, sans ambages, des écarts de scores rachitiques dès le lendemain du scrutin, ainsi que des taux de participation record. Une certitude également : même à l’aune d’une loi métastasée, chacun connaîtra, dès le 13 juin au soir, son poids, ce qu’il vaut réellement. Seul hic, mais de taille : cela affaiblira de facto le bloc chrétien dans le futur hémicycle. À moins que Michel Aoun n’ait le bon sens, une fois les élections terminées, de préférer, aux bulles en ouate insonorisées, les échanges animés de tout un collectif au service de la reconstruction. Ziyad MAKHOUL

S’il y a une chose que personne ne pourrait reprocher à Michel Aoun, c’est que ses actes sur le terrain traduisent toujours, avec une formidable fidélité, sa philosophie (et sa psychologie) politique. Ainsi, ce « moi, je… » face au « eux, ils… », ce « eux tous » face au « moi seul » desquels l’ancien Premier ministre semble, comme depuis dix-sept ans, tirer son énergie et...