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Actualités - CHRONOLOGIE

Seuls les deux sièges sunnites étaient à pourvoir À Beyrouth III, une compétition inexistante, des taux de participation très inégaux

C’est presque un euphémisme de dire que la bataille électorale était tiède dans la troisième circonscription de Beyrouth. Avec cinq députés de la liste Hariri élus d’office, Agop Kassardjian, Jean Oghassepian (arméniens-orthodoxes), Serge TorSarkissian (arménien-catholique), Ghazi Aridi (druze) et Ghazi Youssef (chiite), la compétition se limitait aux deux postes sunnites, pour lesquels les députés Ghounwa Jalloul et Mohammed Kabbani étaient en compétition avec trois autres candidats, Adnane Traboulsi, Mohammed Daouk et Yehia Ahmed. Dans cette circonscription, le clivage était clair entre les taux de participation enregistrés dans les bureaux de vote consacrés aux différentes confessions : excessivement bas dans le cas des minorités, des communautés chrétiennes et surtout arméniennes, n’atteignant même pas les 20 % dans la plupart des cas dans les bureaux chiites, et restant relativement élevés, de 30 à 50 % en moyenne chez les sunnites. Certains ont expliqué ce clivage par le fait que « les seuls candidats toujours en lice sont sunnites ». Sachant que le taux général de participation à Beyrouth III n’a pas dépassé les 21 % (il était de 31 % en 2000). Comme partout à Beyrouth, l’ombre immense de Rafic Hariri continuait de planer sur les différents centres de vote. Les élections d’hier étaient une occasion de voir l’imposante machine électorale haririenne à l’œuvre. De grands portraits de l’ancien Premier ministre assassiné et de son fils, Saad, qui a pris sa place à la tête des trois listes électorales de Beyrouth, des centaines de voitures et de bus qui transportent les électeurs, chaque véhicule avec son numéro, des milliers de délégués munis de leurs T-shirts et de leurs casquettes, très actifs à prendre en charge les électeurs fraîchement débarqués, bon gré, mal gré… Le contraste n’était pas seulement frappant entre les taux de participation signalés dans les différents bureaux de vote, mais parfois entre l’atmosphère qui régnait dans les quartiers (Beyrouth III compte Aïn Mreïssé, Ras Beyrouth, Zokak el-Blatt, Medawar, le secteur du Port et Mina el-Hosn). Le calme plat régnait dans des secteurs comme Gemmayzé par exemple, dans la rue comme à l’intérieur des bureaux. Au contraire, l’atmosphère était survoltée ailleurs, comme à l’École complémentaire officielle de Verdun, ou dans les bureaux de vote à Zokak el-Blatt, devant lesquels des groupes de jeunes, dans l’après-midi, ont organisé quasiment des mini-manifestations, criant le nom de Hariri et lançant des slogans en sa mémoire. Un grand nombre de votants rencontrés, partisans du Courant du futur, ont exprimé un attachement de nature sentimentale au souvenir de « celui qui a tant fait pour Beyrouth » ou celui « qui a aidé tant de monde », etc. Le seul adversaire des candidats de la liste Hariri qui ait été présent sur la scène hier, et dont les délégués, en jaune, s’étaient déployés dans les différents bureaux de vote, était l’ancien député Adnane Traboulsi. Interrogé sur la bataille par L’Orient-Le Jour, il n’a pas nié qu’il y a « un déséquilibre des forces » et que la machine électorale haririenne « dispose de moyens très importants ». Il s’est également plaint de la loi « injuste », affirmant sa préférence pour le scrutin proportionnel. S’il est resté en lice, selon lui, « c’est parce que (je) représente une base populaire ». Des motivations diverses Le député élu d’office sur la liste Hariri, Ghazi Youssef, rencontré au siège de la YWCA à Aïn el-Mreïssé en matinée, a donné sa version de la participation « timide » à Beyrouth. « C’est la première fois dans l’histoire de la capitale qu’il y a si peu de compétition, a-t-il expliqué. Les candidats d’éventuelles listes rivales ont pensé que leur retrait était un geste d’appréciation en raison du drame. Une grande partie des votants est dans le giron du Courant du futur, mais nous aurions aimé que d’autres électeurs, sympathisants du mouvement, se soient manifestés. » Si le taux de participation s’avère relativement bas, quel impact sur les nouveaux élus ? « Pour ma part, il s’agit d’un premier mandat, et les électeurs me jugeront sur ma prestation dans quatre ans », a-t-il répondu. Si beaucoup d’électeurs continuaient hier d’être sous l’influence du violent assassinat de Rafic Hariri, d’autres, quels que soient les noms qu’ils ont décidé de déposer dans les urnes, ont exprimé d’autres motivations électorales. Le révérend Habib Badr souligne que ces élections, même si elles ne se déroulent pas vraiment dans des conditions « saines », lui ont permis de « marquer une position ». Un électeur, rencontré à Verdun bien qu’il vote dans la première circonscription de Beyrouth, a avoué avoir pratiqué le panachage. Il a déploré le fait que « les listes ne sont pas formées de personnes suivant un même programme ». D’autres électeurs ont estimé qu’ils devaient exercer leur « devoir national, en toutes circonstances ». Un des votants affirme, quelque peu désabusé : « De toute façon, je sais que je ne pourrai jamais pénaliser ou récompenser les hommes politiques à travers les élections. Ce que j’espère le plus, c’est que la situation économique s’améliore. » Autre aspect « nouveau » et très omniprésent dans les bureaux de vote : les observateurs internationaux et locaux. « C’est la première fois que nous avons eu des permis en tant qu’observateurs et que nous exerçons cette activité ouvertement », raconte un observateur d’une association locale indépendante, qui a requis l’anonymat. Il relève certaines irrégularités comme la présence de portraits du président Hariri à l’intérieur de bureaux de vote, mais pas de violations sérieuses. Il considère cependant que ce scrutin est mieux que les précédents, « probablement en raison de la présence des observateurs et des médias étrangers ». À signaler qu’il y a eu plusieurs plaintes concernant l’absence de noms sur les listes d’électeurs. Suzanne BAAKLINI

C’est presque un euphémisme de dire que la bataille électorale était tiède dans la troisième circonscription de Beyrouth. Avec cinq députés de la liste Hariri élus d’office, Agop Kassardjian, Jean Oghassepian (arméniens-orthodoxes), Serge TorSarkissian (arménien-catholique), Ghazi Aridi (druze) et Ghazi Youssef (chiite), la compétition se limitait aux deux postes sunnites, pour...