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Actualités - OPINION

Alliances et opportunisme

La perspective d’une alliance du général Michel Aoun avec Talal Arslane choque l’opinion. Ce qui choque encore plus, c’est que le général Aoun n’ait songé à cette alliance que parce qu’il n’a pu obtenir gain de cause avec Walid Joumblatt, l’homme à qui Talal Arslane doit son siège de député. « Déroutant. » L’épithète a été utilisée pour qualifier le général Aoun par l’un des négociateurs du pacte électoral manqué entre l’ancien commandant en chef de l’armée et M. Joumblatt. Déroutant, c’est-à-dire prenant plusieurs routes à la fois. Beaucoup sont sensibles à l’intelligence du général Aoun et à la pertinence et finesse de certaines de ses remarques. Mais beaucoup aussi sont hostiles à ce que le général Aoun fasse alliance avec ceux qui n’hésitaient pas, il y a quelques mois ou quelques années, à pactiser avec nos bourreaux, avec ceux qui ont souffleté et humilié le général Nadim Lteif, ceux qui se sont accommodés de la fermeture de la MTV, ceux qui ont procédé aux rafles d’août 2001, ont jeté des intellectuels en prison et entendaient bien perpétuer leur pouvoir en l’asseyant sur les services de renseignements. L’alliance avec Arslane, si elle a lieu, n’est et ne sera rien d’autre que ce qu’on appelle en petite politique « opportunisme ». L’homme peut être intelligent et sa critique de l’hégémonie de M. Joumblatt sur sa communauté peut être pertinente, mais on aimerait, avant de voter pour lui, entendre de sa bouche quelques mots de regret. Et tant qu’on y est, on aimerait aussi entendre quelques paroles de regret de Walid Joumblatt et de Georges Adwane, les ennemis de 1983. Quoi, faire l’impasse sur la guerre et les morts ? Comme ça, en s’asseyant derrière la même table à Deir el-Qamar ? Oui, on aimerait entendre de la bouche des seigneurs de la guerre ce « plus jamais » et sentir ce remords pour tant d’hommes et de femmes massacrés gratuitement, tant de combattants tombés, tant d’idéaux détournés, tant d’humiliations infligées, tant d’ignorance, tant de barbarie. La mémoire de la guerre s’en trouverait certainement un peu plus purifiée. On le doit à la foule du 14 mars descendue dans la rue dire simplement sa volonté d’indépendance, sa volonté d’être. Cette foule plus mûre que ces chefs, cette foule déroutée par ce qui se passe et que son instinct ne trompe pas. Fady NOUN
La perspective d’une alliance du général Michel Aoun avec Talal Arslane choque l’opinion. Ce qui choque encore plus, c’est que le général Aoun n’ait songé à cette alliance que parce qu’il n’a pu obtenir gain de cause avec Walid Joumblatt, l’homme à qui Talal Arslane doit son siège de député. « Déroutant. » L’épithète a été utilisée pour qualifier le général...