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Actualités - OPINION

Spot - Les chances de vrai changement paraissent minimes Les urnes vont maintenant déterminer les vrais rapports de force

Finalement, c’est un litige d’appréciation, d’évaluation, du volume des forces politiques en présence qui a fait capoter le projet (américain ?) d’un nouveau pouvoir libanais assumé, collectivement, par l’ex-opposition. Aoun est au centre de la question. Arithmétique. Fraîchement débarqué sur une scène électorale qu’il a eu rarement la chance d’expérimenter, il s’attribue une dimension nationale, une popularité élargie, que Joumblatt et Hariri (entre autres) contestent. Le discours qu’ils tiennent, et qui se reflète à travers leurs positions négociatoires, se résume de la sorte : « Nous, chacun sait ce que nous pesons. De plus, nos forces sont conjuguées. Aoun est sans doute populaire. Mais pas autant qu’il l’imagine. Sans compter que ses assises, rognées par bien d’autres pôles chrétiens, sont friables. » Autre raison pour ce couple mahométan de ne pas céder, avec ou sans Aoun, grâce à leur alliance initiale avec Berry et le Hezbollah, ils sont largement assurés de se retrouver, encore une fois, à la tête de blocs parlementaires massifs. Encore plus compacts que dans l’édition sortante. Derrière la fièvre, et l’émulation, électorales, subsiste, en perçant encore mieux les nuages, l’angoisse de savoir ce qu’il va advenir de la formule libanaise, chère à Jean-Paul II, d’une coexistence, d’un partenariat bien compris. Pour beaucoup d’observateurs, en s’alignant sur les éléments de Kornet Chehwane pratiquement ralliés au tandem Joumblatt-Hariri, Aoun aurait considérablement renforcé la cohésion d’un bloc libanais général. Capable, en restant soudé, d’entreprendre cette réforme, d’initier ce changement si chers à l’ancien président du Conseil. Aoun lui-même partage au fond une telle optique de melting-pot déconfessionnalisé. Mais, visiblement, il n’a pu se résigner à se laisser réduire à un rôle mineur. De cinquième roue du carrosse. D’autres politiciens ou journalistes se réjouissent de l’épilogue de rupture enregistré hier. Pourquoi ? Parce qu’à leur sens, il est absolument impératif qu’au moment où naît un nouveau Liban, personne n’y perde son identité et ses droits. Car le pays lui-même y perdrait sa nature vitale, pluraliste par définition. En d’autres termes, le concept de démocratie par consensus n’aurait pas survécu à une dilution du camp chrétien dans le terreau mahométan. Et, faute d’équilibre véritable, le Liban serait resté un foyer d’instabilité nourrie de tensions et de rancœurs à caractère confessionnel. Selon ces sources, c’est toujours par une entente d’égal à égal que la pérennité nationale peut être assurée. Sans risques de dérapages partitionnistes plus ou moins camouflés. Quelle que soit la philosophie ou l’idéologie que l’on développe, l’actualité et le proche avenir entraînent des questionnements inquiets : quel rééquilibrage est-il possible, aussi habiles que soient les tactiques d’alliances électorales, à l’ombre de la loi 2000 ? Quelle réforme, quel changement sont-ils réalisables par la suite avec le maintien en place, majoritairement, d’un personnel politicien ou administratif parachuté rongé par toutes sortes de tares, impéritie et corruption en tête ? La logique voudrait qu’une Chambre issue d’une loi viciée étant récusable, on restreigne son rôle dans le nouveau Liban. En confiant les pouvoirs extraordinaires au prochain gouvernement, dit d’entente nationale. Le problème est que, sauf intervention des nouveaux tuteurs, ce gouvernement sera lui-même issu de la Chambre malade. J.I.

Finalement, c’est un litige d’appréciation, d’évaluation, du volume des forces politiques en présence qui a fait capoter le projet (américain ?) d’un nouveau pouvoir libanais assumé, collectivement, par l’ex-opposition. Aoun est au centre de la question. Arithmétique. Fraîchement débarqué sur une scène électorale qu’il a eu rarement la chance d’expérimenter, il...