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Actualités - CHRONOLOGIE

Affaire al-Madina - Adnane Abou Ayache dépose une plainte devant le parquet contre Rustom Ghazalé et ses frères pour vol de 72 millions de dollars Khaled Kabbani : Je n’interviendrai pas auprès des juges et la justice suivra son cours

L’affaire de la banque al-Madina connaît de nouveaux rebondissements, qui ressemblent à des tremblements de terre. Ce que les gens murmuraient tout bas ou dévoilaient à mots couverts a éclaté hier au grand jour, à travers la plainte présentée par le PDG de la banque Adnane Abou Ayache contre l’ancien chef des SR syriens au Liban, le général Rustom Ghazalé, et ses trois frères, ainsi que contre son ancienne directrice, Rana Koleilat, et un fonctionnaire. Interrogé par L’Orient-Le Jour, le ministre de la Justice, M. Khaled Kabbani, a déclaré que, conformément à l’engagement qu’il a pris au moment de sa prise en charge du ministère, il n’intervient pas dans le cours de la justice. « Je ne me permets pas non plus de demander à consulter un dossier présenté devant le parquet de cassation. Mais je peux affirmer que cette plainte suivra son cours judiciaire et sera traitée comme il se doit, conformément à la loi. Il n’y a plus d’épée de Damoclès plantée au-dessus des têtes des magistrats et ces derniers peuvent désormais prendre leurs décisions en toute liberté et selon leur conscience. Nous avons brandi le slogan de la justice indépendante et nous comptons en faire une réalité. Cette affaire ne bénéficiera pas d’un traitement spécial et la justice prendra les mesures qui s’imposent. Les droits des particuliers seront préservés et les coupables punis si leur culpabilité est prouvée. » Le ministre Kabbani a précisé que s’il n’intervient pas dans le cours de la justice, cela ne signifie pas qu’il n’est pas au courant de ce qui s’y passe. « Mais je laisse les juges libres de décider et de faire leurs choix. » Le procureur lit le dossier De son côté, le procureur général près la Cour de cassation, le juge Saïd Mirza, a déclaré à L’Orient-Le Jour qu’il est actuellement en train d’étudier le dossier qui lui a été présenté par le greffe de cassation. Comme il s’agit d’un dossier épais et technique, il compte prendre son temps pour le lire attentivement. Ensuite, il décidera si la plainte doit être enregistrée ou non. Si elle l’est, la justice devra alors suivre son cours et la plainte sera transmise à un juge pour l’instruction du dossier. Sinon, elle sera considérée irrecevable et le dossier sera clos. Après avoir longtemps traîné devant les tribunaux et donné lieu à de spectaculaires arrestations, suivies de libérations discrètes, l’affaire al-Madina revient donc à la une des médias. Et ce qui a longtemps constitué un sujet tabou s’étale désormais au grand jour. D’Arabie saoudite, où il se trouve, le PDG de la banque, Adnane Abou Ayache – qui n’avait jamais répondu aux convocations de la justice libanaise, craignant le pire pour lui et les siens – a donc déposé hier une plainte contre l’ancien chef des SR syriens au Liban Rustom Ghazalé et ses trois frères, Mohammed, Borhane et Nazem, ainsi que contre son ancienne directrice, Rana Koleilat, et contre Ihab Hamiyé, fonctionnaire à la banque. Dans la plainte qui a été déposée devant le parquet de la Cour de cassation par l’avocat de Adnane Abou Ayache, Me Jean Azzi, ce dernier accuse les Ghazalé, avec la complicité de Koleilat et de Hamiyé, d’avoir subtilisé 72 millions de dollars de la banque, sous forme de virements et de cartes bancaires. Selon la plainte, tout en n’étant pas des clients de la banque, les Ghazalé ont bénéficié pendant trois ans (2001, 2002 et 2003) de près de huit millions de dollars par an chacun, officiellement parce qu’ils assuraient la sécurité de la banque. La plainte est étayée de documents, montrant le mécanisme d’octroi de ces sommes considérables qui ne sont pas justifiées dans les papiers officiels de la banque. Près de 24 millions de dollars ont été ainsi détournés chaque année, au profit de ces messieurs, et on ne retrouve nulle trace de ces sommes dans les avoirs de la banque. M. Adnane Abou Ayache s’est résolu à divulguer ces données après le retrait des Syriens du Liban et le départ du général Rustom Ghazalé de Anjar. Dans sa plainte, Abou Ayache réclame la levée du secret bancaire sur les avoirs de ceux qu’il met en cause, ainsi que leur comparution devant la justice et leur emprisonnement. Si c’est possible pour Rana Koleilat, qui a déjà été emprisonnée pendant plus d’un an, n’ayant été libérée que depuis un peu plus d’un mois, la justice libanaise aura sans doute plus de difficultés avec le général Ghazalé et ses frères. En tout cas, un grand pas a été franchi hier par M. Adnane Abou Ayache, dont le frère Ibrahim, installé au Liban, est resté hors d’atteinte hier. Il est vrai qu’il a fait un an de prison à cause des rebondissements de ce dossier complexe. Mais si la plainte est jugée recevable par le procureur général et si la justice suit son cours, elle ouvrira sans doute la voie à d’autres affaires de ce genre. Rappelons que jusqu’à présent, le dossier d’al-Madina est toujours devant la justice libanaise, mais celle-ci s’était surtout souciée de permettre aux déposants paniqués de recouvrer leurs avoirs.
L’affaire de la banque al-Madina connaît de nouveaux rebondissements, qui ressemblent à des tremblements de terre. Ce que les gens murmuraient tout bas ou dévoilaient à mots couverts a éclaté hier au grand jour, à travers la plainte présentée par le PDG de la banque Adnane Abou Ayache contre l’ancien chef des SR syriens au Liban, le général Rustom Ghazalé, et ses trois frères,...