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Actualités - CHRONOLOGIE

Bkerké, point d’appui de la contestation populaire Sfeir formel : Les chrétiens doivent élire eux-mêmes leurs 64 députés

C’est une sorte de contremarche, faisant écho à la déferlante du 14 mars, qui s’est produite hier dans l’enceinte du siège patriarcal de Bkerké. Où des dizaines de délégations populaires ont afflué. Pour acclamer le verdict sévère rendu la veille contre la 2000, et contre les manœuvriers, par l’Assemblée extraordinaire des évêques maronites. Ce mouvement de foule vise à soutenir les exigences épiscopales. Dans l’espoir (le fol espoir ?) que la caste politique se ressaisisse. Fasse machine arrière et renonce en dernière minute à un code « inique, aux conséquences inévitablement néfastes », selon les termes du communiqué-brûlot des évêques. Que le patriarche Sfeir a martelé hier derechef. Pour affirmer en substance que les élections ne doivent pas se dérouler n’importe comment, à l’image de la loi. Et répéter que « nous réclamons des droits », entendre aussi élémentaires que légitimes. « Nous voulons, dit le patriarche, que les Libanais soient égaux devant la loi. C’est ce que la Constitution stipule. » Le patriarche se hâte de mettre les points sur les i, pour ne pas être mal compris. « Nous ne sommes, certifie-t-il, contre personne. Nous tenons à vivre ensemble, chrétiens et musulmans, sur une base d’égalité des chances. Nous n’admettons la mise à l’écart d’aucune partie du peuple libanais. L’accord de Taëf nous donne 64 députés. Nous devons donc élire 64 représentants. Nous n’en dirons pas plus. » Harb Parallèlement au meeting populaire improvisé, fruit de l’élan de délégations massives accourant des quatre coins du pays, Bkerké a été le théâtre hier d’un défilé de personnalités politiques de diverses tendances ou colorations. Le député Boutros Harb, qui est l’un des piliers de la Rencontre de Kornet Chehwane, souligne que le communiqué des évêques traduit les appréhensions des chrétiens à l’égard de la 2000. Car ils ressentent l’impression de ne pas pouvoir être associés aux décisions nationales. Harb indique que le patriarche ne propose pas un plan d’action précis. Laissant ce soin aux professionnels. Pour qu’ils voient comment on peut retourner à la formule 1969. Ou s’entendre sur un autre texte. Même si cela doit impliquer un retard technique. L’essentiel étant de ne pas organiser les élections dans un climat aussi explosif. Harb rappelle que la question est aux mains de Berry. Qui a tout l’air de ne pas vouloir en démordre. Le député dénonce une machination délibérée. Remplaçant le premier plan des loyalistes, qui visait à faire reporter le scrutin. En adoptant la 2000, estime Harb, on usurpe l’opinion des gens. Il répète que Berry a torpillé le retour à la 1960. Pour espérer quand même, après le manifeste historique des évêques, que le tableau soit révisé. Que le président de la Chambre, qui partage la responsabilité de l’unité nationale comme du devenir du pays, se ravise. Que dans ce climat tendu, il tienne compte de l’appel épiscopal. Non pas pour préserver les droits des chrétiens. Mais pour protéger l’unité nationale et le principe de coexistence. Qui seraient compromis si une fraction, chrétienne ou musulmane, voyait ses droits bafoués. Harb invite Berry « pour la vingtième fois » à convoquer l’Assemblée pour une séance législative. En vue d’une loi sensée. Harb égratigne ensuite Mikati, absent du pays à un moment si crucial pour une conférence organisée au Brésil, et dont on ignore l’importance. Il relève de même que les événements ont pratiquement mis hors circuit le président de la République, lui faisant perdre son rôle de symbole de l’unité nationale. Sur l’éventualité d’un recours au boycottage, Harb indique qu’il s’est fait jadis (en 92) parce qu’il se fondait sur une union nationale. Laissant entendre que la chose est envisageable, car « nous ne courons après aucun poste au détriment de l’intérêt du Liban, de son unité ou des droits des chrétiens ». Il conclut en indiquant que la concertation avec les partenaires du front qui a lutté pour la liberté et pour la vérité, après l’assassinat du président Hariri, se poursuivra. Affirmant qu’il est inadmissible que ce front se disloque par suite d’appétences électorales. Et que les pôles politiques doivent se réunir d’urgence pour une solution. Autre que la 2000. Hachem compréhensif De son côté, le député Abbas Hachem, reçu ensuite par Mgr Sfeir, dit compatir à l’indéniable angoisse, ou peine, qu’éprouve une partie des Libanais. Il souligne que la véritable union nationale est un acte de foi impliquant la participation de tous à la décision. Sans se limiter à une simple récupération de cas isolés. Comme Harb, il ne voit pas pourquoi on serait aussi attaché à la notion de délais légaux, exigés par des agendas extérieurs. « Comme si, trouve-t-il, la démocratie était une question de timing à respecter plutôt que de conditions fondamentales à remplir. » Il met cependant en garde contre un ajournement indéfini, sine die, prolongé. Aux fins de dénaturer l’échéance, et non pas pour élaborer une meilleure loi. Le député applaudit au communiqué des évêques. Et appelle à une consolidation de la coexistence, de l’unité nationale. À travers un consensus rationnel. Car, souligne Hachem, la 2000 n’organise pas une élection mais consacre, en fait, un système de désignations. Boueiz Le député Farès Boueiz relève pour sa part que le communiqué des évêques traduit fidèlement le drame que suscite la 2000, source de discorde. Il juge inadmissible qu’au moment où il s’agit d’édifier un État digne de ce nom, après le départ des Syriens, on démarre sur d’aussi mauvais plans. Une loi aussi déséquilibrée constitue, ajoute-t-il, un projet de déstabilisation et de mésentente. Boueiz réclame à son tour une séance législative. Pour le retour à l’arrangement conclu antérieurement entre le patriarche et plusieurs parties, dont le regretté président Hariri. Ce qui avait donné lieu au projet de loi transmis à la Chambre par le précédent gouvernement. Pour Boueiz, répondant à une question, l’objectif de l’adoption de la 2000 n’est pas tant de cibler les chrétiens. Mais de conforter un système de copartage, de bazar et de lucre. Il dénonce plus particulièrement ceux qui ont trahi la confiance mise en eux par le siège patriarcal, pour servir leurs intérêts propres. Ajoutant qu’avant de se tourner vers autrui pour des reproches, il faut se demander des comptes à soi-même (entendre à certains membres de l’opposition). Boueiz répète qu’il faut le caza, pour une représentation équilibrée, juste et démocratique. Afin de dissiper les appréhensions. Et pouvoir s’acheminer ensuite vers l’abrogation du confessionnalisme. Lui aussi estime qu’un report des élections ne devrait pas poser de problème. Que les conditions de base sont essentielles, alors que les dates ne le sont pas. Et qu’il ne faut pas se laisser impressionner par les pressions internationales, tant que la vie nationale est en jeu. En réponse à une question, et après avoir de nouveau dénoncé le manque de transparence de ceux qui n’ont pas bien défendu le caza, Boueiz juge que la Rencontre du Bristol a perdu sa crédibilité. Le patriarche Sfeir a ensuite accordé audience à une délégation des villages frontaliers du Sud et de Jezzine. Dont le porte-parole, Naïm Kalaani, a indiqué que la 2000 est réprouvée, au nom même de la coexistence bien comprise. Indiquant que dans la bordure frontalière les chrétiens sont largement marginalisés, voire exclus, sans représentants qu’ils auraient librement choisis. Le député Neemetallah Abinasr, l’ancien ministre Jean-Louis Cardahi, le député Gebrane Tok et le député Farid Makari ont de même apporté leur appui au manifeste des évêques maronites et dénoncé l’iniquité de la 2000. Comme des lois précédentes appliquées depuis Taëf. Abinasr s’en est pris au système SR. Cardahi s’est dit engagé dans la ligne du manifeste épiscopal. Tok a proposé qu’on élabore un compromis entre la 2000 et la 1960. Et Makari a soutenu que les haririens sont toujours pour le caza mais pensent qu’il faut des élections avant tout.
C’est une sorte de contremarche, faisant écho à la déferlante du 14 mars, qui s’est produite hier dans l’enceinte du siège patriarcal de Bkerké. Où des dizaines de délégations populaires ont afflué. Pour acclamer le verdict sévère rendu la veille contre la 2000, et contre les manœuvriers, par l’Assemblée extraordinaire des évêques maronites. Ce mouvement de foule vise à...