Le chef du PSP annonce qu’il rencontrera Aoun à Beyrouth et appelle à une participation massive à la manifestation pro-Geagea Joumblatt réaffirme de Bkerké son attachement au caza et à l’unité de l’opposition

Le chef du PSP, Walid Joumblatt, a appelé hier à des élections qui satisferaient l’opposition et rassureraient les loyalistes, réaffirmant son attachement, avec l’opposition plurielle, au caza comme circonscription électorale. Il a également réitéré son refus et ses critiques à l’encontre de la prorogation du mandat Lahoud et de ses conséquences. Walid Joumblatt s’exprimait à l’issue de son entretien à Bkerké avec le patriarche Sfeir, auquel assistaient les députés Ghazi Aridi et Farès Souhaid, ainsi que Samir Frangié. Commençant par fustiger ceux qui « prétendent aujourd’hui défendre les intérêts des chrétiens alors qu’ils ont participé le 7 août à la ratonnade contre la jeunesse, entre autres aouniste », le député du Chouf a estimé que le démantèlement du système sécuritaire a certes débuté, « même si cela reste insuffisant, parce que certains sont encore puissants à Baabda », a-t-il asséné. Concernant les législatives 2005, Walid Joumblatt a assuré qu’il se moquait royalement du nombre de voix qu’il allait récolter et qu’il appréhendait ces élections selon « une logique politique ». « Au tout début, nous avions appelé au caza – et nous continuons de le faire – alors que les loyalistes s’attachaient à la proportionnelle. Et lorsque à l’époque j’avais rendu visite aux présidents Berry et Karamé, c’était après avoir été abreuvé de conseils internationaux, notamment de la part de Terjé Roed-Larsen. Aujourd’hui, que nous le voulions ou non, la décision au Liban s’est malheureusement internationalisée. Je souhaite que cela change », a-t-il indiqué. « Finalement, quel est notre but ? Nous voulons des élections qui satisfont l’opposition et qui rassurent les loyalistes, c’est-à-dire une partie importante des citoyens – Hezbollah et Amal –, afin de pouvoir plus tard, et ensemble, par le dialogue, désarmer le Hezbollah dans un cadre libanais et institutionnel. Mais c’est uniquement par le dialogue que nous pourrons aboutir à cela », a-t-il répété. Estimant au passage que la non-participation de l’opposition au gouvernement « permet aujourd’hui à certains opportunistes qui étaient hier les hommes liges de la Syrie d’abonder dans la surenchère sur le plan chrétien ». Le chef du PSP s’est également rendu au domicile des Geagea à Zouk Mosbeh, où il s’est entretenu en tête à tête pendant 10 minutes avec Sethrida Geagea. « Demain (aujourd’hui), il y aura une manifestation de solidarité à la place Riad el-Solh avec Samir Geagea, et en faveur de sa libération. J’invite tous les membres de la jeunesse PSP à participer en masse à ce sit-in. Je sais, parallèlement à cela, que mes mots pourraient être mal perçus par la famille Karamé. Nous avons tous perdu Rachid Karamé, mais je rappelle juste pour l’histoire que Samir Geagea était représenté en 1990-91 par Roger Dib au sein du gouvernement que présidait Omar Karamé », a indiqué Walid Joumblatt, appelant la famille de l’ancien Premier ministre ainsi que toutes les autres parties à « sortir de la crise ». Et rappelant que l’opposition était toujours unie, et que Nabih Berry aurait promis à Sethrida Geagea de convoquer à une séance plénière le 20 mai pour débattre de la loi d’amnistie, il a exclu que la loi électorale soit liée d’une façon ou d’une autre au dossier Geagea. Rappelons qu’une délégation du Rassemblement démocratique présidé par le chef du PSP s’était rendue lundi auprès de Sethrida Geagea. Elle était formée des députés Antoine Ghanem, Fouad el-Saad, Bassem Sabeh, Salah Honein et Marwan Hamadé, qui a pressé Nabih Berry de convoquer la Chambre afin qu’elle se prononce sur la loi d’amnistie. Walid Joumblatt s’est également rendu à Sin el-Fil au domicile de l’ancien chef de l’État, Amine Gemayel. Le chef du PSP a insisté sur le caractère « politique et non électoral » de sa visite, ainsi que sur la primauté de la coexistence. Interrogé par les journalistes, il a confirmé que les élections auront bien lieu à la date prévue et qu’il allait rencontrer Michel Aoun une fois que celui-ci sera à Beyrouth, tout en fustigeant ceux qui ont mené campagne contre lui afin de le décrédibiliser au sein de l’opposition. Signalons que dimanche, devant un grand nombre de membres de la jeunesse PSP, Walid Joumblatt avait tiré à boulets rouges sur Émile Lahoud, qu’il a accusé « de favoriser, avec les résidus des services de sécurité, les dissensions confessionnelles ». Il a également estimé que le fait de ne pas avoir contribué à la démission d’Émile Lahoud était « une grande erreur », se demandant « pourquoi il est interdit à Walid Joumblatt de tisser avec les chrétiens des liens basés sur l’égalité ».