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Heureux et tristes à la fois, les jeunes promettent de poursuivre leur action ensemble Les dernières heures du « camp de la liberté »

Plus que quelques heures avant la levée, aujourd’hui samedi 30 avril, du « camp de la liberté », place des Martyrs. Avant que la jeunesse de tous bords, de toutes confessions, de tous partis politiques se sépare et reprenne ses occupations quotidiennes. Cette jeunesse qui, en dépit des différences et des fossés, a réussi le difficile pari de 70 jours de vie commune, de partage, de dialogue, mais aussi, inévitablement, de conflits. Réunie par petits groupes à l’entrée des tentes, partageant café, gâteaux et friandises préparés par les mères, c’est une jeunesse à la fois heureuse et triste que nous avons croisée hier soir, avant le dîner d’adieux qui devait la réunir une dernière fois. Heureuse, parce que ce « camp de la liberté » a atteint son but. Il a réussi grâce à son action, soutenue par une population fortement mobilisée, à faire tomber le gouvernement, à obtenir le départ de l’armée syrienne et la démission des chefs des services de renseignements, ainsi que la mise en place d’une enquête internationale sur l’assassinat de Rafic Hariri. Heureuse aussi, parce que ce « camp de la liberté » a été la preuve concrète que les jeunes Libanais de toutes confessions, de toutes communautés, de tous partis politiques étaient capables de dialoguer, de créer des liens, de régler leurs conflits à l’amiable. Bref, de s’accepter mutuellement en dépit des différences. « J’ai réalisé que les jeunes des autres partis, des autres communautés étaient aussi libanais que moi », observe un militant aouniste, Édouard Ghanem. « Qu’ils ont eu, comme moi, peur de perdre leur pays, et que nous rêvons tous aujourd’hui d’un même Liban. Nous formons finalement une grande famille que nous espérons ne pas perdre encore une fois. » Une grande famille, le terme n’est pas exagéré lorsqu’on observe le comportement des uns et des autres conversant, blaguant, se serrant la main, s’embrassant. À l’entrée d’une tente, plusieurs représentants des partis politiques, assis en cercle, bavardent comme de vieux amis. Ayman Abou Chacra (Gauche démocratique), Marwan Hayek (Bloc national), Élie Chamoun (PNL) et Khodr Ghadbane (PSP), entourés d’un groupe de jeunes, ont depuis longtemps dépassé et accepté leurs différences. Ils sont aujourd’hui heureux et fiers d’avoir été capables de communiquer non seulement aux jeunes, mais aussi à une importante tranche du peuple libanais cette envie de vivre ensemble, de s’accepter, dialoguer et résoudre pacifiquement les conflits. Mais les rires et les plaisanteries qui fusent, de part et d’autre, ne parviennent pas à masquer la tristesse ressentie par les jeunes. Tristes de se quitter, ils le sont tous sans exception. « Et dire que j’ai quasiment cohabité avec les socialistes durant 70 jours », raconte un jeune militant des Forces libanaises, Nabil Saad. « Je ne me serais jamais cru capable de le faire. Le pire, c’est qu’aujourd’hui, je suis triste de quitter toutes ces personnes que j’ai appris à connaître et apprécier. » Il garde, de même que certains membres du Courant du futur, soucieux de connaître la vérité sur l’assassinat de Rafic Hariri, cette impression d’inachevé. « La majorité de nos demandes a abouti, mais nous espérons toujours la libération de Samir Geagea », indique-t-il, tout en assurant qu’il sera présent auprès des jeunes du CPL le jour de l’arrivée du général Aoun à la place des Martyrs. Ce soir, après une célébration d’adieux, le camp sera démantelé. Les jeunes ont prouvé leur détermination et leur capacité à faire front. Ils savent que la bataille électorale sera dure avec ses nouvelles alliances et mésalliances. Ils sont prêts pour la bataille. Mais ils n’oublieront jamais ces moments, « les meilleurs de leur vie », selon certains, qu’ils ont passés tous ensemble. Et promettent de se revoir régulièrement pour continuer leur action, qui n’en est qu’à son début. Ils espèrent aussi que les politiciens ne récupéreront pas à leur compte la réussite ou plutôt l’exploit de la jeunesse du « camp de la liberté ». A.-M. H.
Plus que quelques heures avant la levée, aujourd’hui samedi 30 avril, du « camp de la liberté », place des Martyrs. Avant que la jeunesse de tous bords, de toutes confessions, de tous partis politiques se sépare et reprenne ses occupations quotidiennes. Cette jeunesse qui, en dépit des différences et des fossés, a réussi le difficile pari de 70 jours de vie commune, de partage, de...