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Actualités - OPINION

Les lecteurs ont voix au chapitre

À Yasma Fleyhane aJe me devais de vous le dire, Yasma Fleyhane, je me devais de vous dire ma blessure, notre blessure, désormais béante, suite au départ tragique de votre compagnon. Rien de plus beau que vous, avec Rayan dans vos bras, suivant le cortège de votre époux Bassel, digne dans votre souffrance, mais laissant deviner la souffrance d’une femme, d’une mère, un regard à la hauteur de l’épreuve, qui donne sens à notre dimension spirituelle et divine. Votre portrait a fait le tour du monde pour nous rappeler l’essence du tissu qui nous unit. Nous avons tous perdu Bassel, symbole d’humanisme et d’humilité, gentleman par excellence, détaché de toutes considérations matérielles, un homme de vocation. Personne n’est indispensable, dit-on, mais Bassel Fleyhane était l’exception qui confirme le dicton. Plus que jamais nous avions besoin de son dynamisme, de son intégrité et de son génie. Nous l’avons tous perdu. Mais une génération est née, que votre époux a parrainée, et soyez sans craintes, cette génération vous rendra justice. Désormais, grâce au martyr de votre mari et à celui de Rafic Hariri, vous êtes en droit de demander des comptes. Jean-Claude DELIFER Montréal – Canada Le glas dans nos cœurs Le petit ange dormait. On aurait cru une esquisse de Michel-Ange. L’Ave Maria résonnait dans l’église qui pleurait, embaumant le silence de psaumes et de roses. Les plaies se sont rouvertes sous le linceul de feu, dans la cendre pourpre des défis crucifiés. Seul celui qui donne la vie est en droit de la reprendre. Au nom de quelle loi la volonté humaine peut-elle s’ériger en bourreau et s’offrir la vie d’un homme sur l’autel des objectifs déchus ? De quel droit les forces du mal peuvent-elles mettre un terme au brillant avenir d’un homme qui avait ceint son chemin d’honneur et de justice ? De quel droit peut-on briser les maillons d’une famille, pour n’en faire que drames et douleurs ? Le glas a sonné longtemps dans nos cœurs. On n’entendait plus que le silence. Celui de la grandeur. Celui de la dignité. Celui des douleurs les plus muettes. Celles d’une famille éplorée et d’un peuple qui la berçait profondément touché, las d’encaisser les coups d’un sort injuste. Le petit ange dormait toujours, au son du Requiem. Son père était déjà parti très loin, vers un monde que la haine des hommes ne peut atteindre, là où ne règnent que la tolérance et l’amour. Le petit ange a souri du plus profond de ses rêves. Serait-ce à son père ? Son père s’appelait Bassel. May SALHA Pour ne pas oublier 24 avril 2005, pour ne pas oublier « Nous en sommes venus au temps où l’humanité ne peut plus vivre avec, dans sa cave, le cadavre d’un peuple assassiné », disait Jean Jaurès au début du XXe siècle. Et pourtant… À l’heure de la 90e commémoration du génocide arménien, la Turquie se proclame de l’Europe dont elle veut revendiquer les principes d’humanisme. Elle maquille par la même occasion le cadavre d’un peuple massacré, d’une civilisation millénaire décimée au nom des principes nationalistes d’un Empire ottoman en déclin. Le projet était bien clair : l’élimination de l’élément arménien du territoire turc. Il n’est pas étonnant de constater que malgré des évidences historiques flagrantes, les dirigeants actuels de la Turquie refusent d’assumer l’héritage lourd de conséquences des atrocités commises par leurs proches ancêtres. Ce qui choque en revanche, c’est l’attitude presque complaisante de la communauté européenne prête à des négociations en vue de l’entrée de la Turquie en Europe. Ainsi l’Europe des droits de l’homme, l’Europe de Victor Hugo, aura en son sein un boulevard Talat Pacha, grand bienfaiteur de l’humanité, pour avoir organisé le massacre de près d’un million et demi d’Arméniens. Entend-on seulement un cri de révolte de ces intellectuels de France ou d’ailleurs pour dénoncer la politique des « deux poids, deux mesures » qui consiste à commémorer, à juste titre, la libération des camps nazis, tout en collaborant avec un État négationniste ? Le Premier ministre turc ne disait-il pas, l’autre soir, au journal de France 2, qu’il fallait laisser les historiens se chamailler sur la question arménienne ? Mais le peuple arménien disséminé sur toute la planète, parfaitement intégré dans les sociétés les plus diversifiées, d’Europe, du Moyen-Orient, d’Amérique, refuse de sacrifier ses origines, son identité, ses liens biologiques et le sang de ses ancêtres aux intérêts économiques d’une Europe qui se déshumanise. Marc KALOUSTIAN « Nabad el-hurriyé » Quelle n’a été ma surprise lundi matin de voir que L’Orient-Le Jour s’intéressait enfin au campement de la place des Martyrs en informant ses lecteurs d’une négligeable rixe nocturne laquelle aurait été très facilement réglée sans l’intervention des forces armées. Un journal se doit-il de ne parler que d’un incident survenu après plus de 70 jours de campement continu et occulter toutes les actions positives réalisées au cours de cette période sans que ses lecteurs n’en prennent connaissance? En effet, le samedi 19 de ce mois, ces jeunes de tous les partis présents sur la place ont créé, au cours d’une conférence de presse à la place des Martyrs, un mouvement qu’ils ont appelé « Nabad el-hurriyé », dont l’objectif est le combat pour l’indépendance et la liberté du Liban. De plus, le lundi 19, ils ont obtenu la signature d’un grand nombre de députés sur une pétition pour l’organisation des élections dans les délais constitutionnels. Depuis, ces jeunes sillonnent tout le pays avec des urnes pour faire voter symboliquement tout le peuple libanais. Ce mouvement a donné naissance à un site Internet : http://www.pulseoffreedom05.org/, un forum sur lequel tout le monde peut s’exprimer. Ces événements ont été couverts par toute la presse écrite et télévisée sauf par votre quotidien. Cette initiative, unique en son genre au Liban, a pour but d’élargir le dialogue entrepris à la place des Martyrs à tout le territoire libanais, de faire entendre les différentes voix de notre pays uni et de maintenir la pression sur le gouvernement pour qu’il réponde aux vrais besoins de la population. Le but du journaliste est d’informer ses lecteurs, mais il est impératif que l’information soit complète et qu’elle ne réduise pas aux incidents qui seront oubliés le lendemain, mais qu’elle se concentre aussi sur les initiatives constructives qui se font sur le long terme. Edmond RABBATH 1789 – 2005 Afin que triomphent véritablement les idéaux d’un certain 14 juillet 1789, L’Orient-Le Jour avait publié en 1989 et dans un supplément un numéro spécial sur le bicentenaire de la Révolution française. Le message était clair : aider les Libanais à retrouver un jour leur souveraineté sans faille. Et ce jour est enfin arrivé le 14 mars 2005. Les Syriens viennent d’achever la dernière phase de leur retrait, grâce a un sursaut de la conscience internationale. Enfin, à la veille de ces élections législatives tant attendues, un seul souhait à l’intention de nos députés. À l’instar du 4 août 1789, l’abolition de vos privilèges représente une mesure essentielle pour vous rallier à votre peuple. Antoine SABBAGHA Situation incompréhensible Je vous écris car je suis confrontée a une situation que je n’arrive pas à comprendre. Personnellement, je n’ai jamais été pour un homme politique en particulier. Je trouve que nous sommes dotés d’un sens critique et que certaines attitudes ou actions de tel ou tel politicien sont honorables, d’autres moins et certaines (actions ou attitudes) ne sont pas acceptables du tout. Peu importe si ce politicien est de la même confession que moi ou non, peu importe si je suis d’accord avec lui sur un autre point ou non, peu importe s’il est mon cousin ou mon voisin. Dans ma mentalité, je ne vénère pas un politicien (ou autre) jusqu’à arriver à accepter certaines de ses actions que j’aurais condamnées si elles avaient été le fait de quelqu’un d’autre, ou à fermer les yeux et faire semblant de n’avoir rien vu. Prière de m’expliquer, si c’est possible, pourquoi, sur le site http://www.tayyar.org, on nous demande de faire des donations pour le retour du général Michel Aoun. Laure MONIN Laissez faire le peuple – Faire le ménage, ce n’est pas ranger les vieux objets pourris dans le placard pour les ressortir plus tard. – Deux poids, deux mesures, c’est ce qui a toujours perverti le Liban. – Une loi électorale béton est la seule garantie d’une vraie démocratie. Une fois les élections terminées, qu’est-ce qui pourra être changé par la voie démocratique ou populaire, car le peuple est toujours là, n’est-ce pas ? Si vous voulez aller aux urnes, respectez au plus près les délais, sinon laissez faire le peuple, il saura faire le ménage. Jacqueline PETMEZAKIS Fleurs de mai Mai s’enivre, mai se saoule, un parfum de liberté flotte sur ma ville, ils étaient cent, ils étaient mille, le dernier est parti, emporté par la houle. Mères du Liban, séchez vos pleurs, sous vos pas meurtris, la terre gronde et acclame le sang du martyr rejailli en fleurs, fleurs de mai, arrosées par vos larmes. Printemps de Prague, printemps de Beyrouth, peuples debout, fusils en déroute, dans les cœurs blessés s’efface le doute, l’espoir renaît, retrace sa route, mai refleurit, mai nous envoûte. Liliane MASRI

À Yasma Fleyhane

aJe me devais de vous le dire, Yasma Fleyhane, je me devais de vous dire ma blessure, notre blessure, désormais béante, suite au départ tragique de votre compagnon. Rien de plus beau que vous, avec Rayan dans vos bras, suivant le cortège de votre époux Bassel, digne dans votre souffrance, mais laissant deviner la souffrance d’une femme, d’une mère, un regard à la...