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Actualités - CHRONOLOGIE

Le point de contrôle des SR syriens abandonné à Chtaura Les habitants de Jdita et des villages voisins : « Nous sommes désormais libres, le Liban entier doit célébrer la noce »(photos)

«Désormais nous pourrons vivre à voix haute. » C’est ainsi qu’un homme originaire de Jdita, assis à la terrasse d’une sandwicherie de Chtaura, parle de son bonheur. Mais le bonheur n’est pas le terme adéquat pour décrire le sentiment qui s’est emparé de la population de Jdita et des villages voisins quand les membres des services de renseignements syriens ont évacué le point de contrôle et leur permanence de Chtaura. Tout s’est passé très vite. C’est peu après 16 heures que les dernières positions syriennes de Chtaura ont été abandonnées et prises en charge par une unité de l’armée libanaise. Il a fallu quelques petits instants pour que les habitants de Jdita, musulmans et chrétiens, appartenant à divers courants de l’opposition, prennent possession de la rue pour faire éclater leur joie. Ainsi deux moutons ont été égorgés, l’un à l’emplacement du point de contrôle syrien, et l’autre à l’entrée du bâtiment qui abritait la permanence des services de renseignements de Damas. Certains sont descendus à pied du village, d’autres étaient au volant de leur voiture, klaxonnant des airs de l’opposition. Il y a ceux qui agitaient les drapeaux du Liban, des Kataëb ou des FL, ceux qui brandissaient les portraits de l’ancien Premier ministre assassiné, Rafic Hariri, ou du chef des FL, Samir Geagea. Tous scandaient les mêmes slogans : « Liberté, souveraineté, indépendance » ou encore « Nous ne voulons d’autre armée au Liban que l’armée libanaise », offrant des roses et des douceurs arabes aux soldats libanais et aux passants. Les habitants de Jdita ont vite été rejoints par les habitants originaires des villages voisins, venus eux aussi participer à la fête et offrir des douceurs aux automobilistes. « Il faut célébrer la noce dans tout le Liban, aujourd’hui toutes les personnes qui passent ce barrage doivent faire la fête avec nous », indique un habitant de Mreijate venu avec son plateau de baklawa. Deux habitants de Kab Élias ont garé leur voiture dans un parking non loin de l’autoroute pour regarder le point de contrôle fraîchement évacué. « Voilà la fin de trente ans d’injustice. Tous les habitants de la Békaa ont été humiliés ici, indiquent-ils. Ce soir, toute la Békaa devrait faire la fête, ici, sur ce barrage de trente ans d’humiliation et d’occupation », martèlent-ils. « Cela fait trente ans que nous attendons qu’ils partent, je n’ai pas encore réalisé que mon rêve est devenu réalité », indique Michel, originaire de Jdita, agitant un drapeau libanais et fixant le point de contrôle qui vient d’être remis à l’armée libanaise comme pour graver ce moment dans sa mémoire. Joseph s’écrie à son tour : « Heureusement que nous nous étions psychologiquement préparés pour leur départ, sinon tous les habitants de Jdita seraient morts de joie. » « Dieu merci, Dieu merci », répète Ragheb, comme un automate, regardant les convois de voitures qui passent devant son épicerie. D’autres lancent avec un grand sourire : « Bon débarras » ou encore « Que Dieu ait pitié de l’âme de Rafic Hariri ». Alors que certains remontent à pied au village, brandissant portraits ou drapeaux, un épicier les hèle pour leur demander : « Vous êtes sûrs qu’ils sont partis ? Qu’ils ne vont plus jamais revenir ? » Très vite, sur l’autoroute Beyrouth-Damas, au niveau de l’ancien point de contrôle des services de renseignements syriens, un bouchon s’est formé. Il était dû principalement aux automobilistes venus de plusieurs localités de la Békaa avec leurs drapeaux libanais comme s’ils voulaient vérifier que les membres des services de renseignements syriens ont réellement quitté Chtaura. Un homme indique sans pour autant dévoiler son identité : « Je suis le propriétaire d’une laiterie non loin du barrage. Cela fait trente ans que les membres des services de renseignements syriens vivent à nos crochets... Nous leur servions gracieusement le thé, le café, les sandwichs, ceci sans compter leurs invitations... indique-t-il. Vous savez, pour la statue de bronze de Bassel el-Assad (démantelée il y a quinze jours), tous les propriétaires des fonds de commerce de la rue principale – des banques aux laiteries – avaient cotisé pour rassembler 300 000 dollars, le prix de l’élément en bronze sculpté en Italie, nous avaient-ils dit, ajoute cet habitant de la région avec amertume. Je suis heureux que mon père soit toujours vivant pour les voir partir. Cela fait trente ans qu’il rêve de cet instant », ajoute-t-il, un brin de tristesse dans la voix. Il marque une pause, soupire, affiche un grand sourire et indique : « Tout est fini maintenant. Nous sommes désormais libres. » Hier, à Jdita, pour marquer le retrait total et définitif de l’armée et des services de renseignements syriens du Liban, la fête a duré jusqu’aux heures tardives de la nuit. Pat. K.

«Désormais nous pourrons vivre à voix haute. » C’est ainsi qu’un homme originaire de Jdita, assis à la terrasse d’une sandwicherie de Chtaura, parle de son bonheur. Mais le bonheur n’est pas le terme adéquat pour décrire le sentiment qui s’est emparé de la population de Jdita et des villages voisins quand les membres des services de renseignements syriens ont évacué le point...