Iran - Polémique autour de matériel lourd allemand vendu à la République islamique Les divisions se multiplient dans le camp conservateur à l’approche de la présidentielle

Les candidats conservateurs ont continué à se diviser hier. Le Conseil de coordination des forces de la Révolution islamique, alliance de partis et de groupes de droite, a choisi l’ultraconservateur Ali Larijani, ancien patron de la puissante télévision publique et aujourd’hui conseiller du guide suprême, pour tenter de succéder à M. Khatami. Deux de ses rivaux, l’ancien ministre des Affaires étrangères Ali Akbar Velayati et l’ancien commandant de la police Mohammed Baqer Qalibaf, ont dit leur intention de maintenir leur candidature. M. Larijani a salué la multiplicité des candidatures qui, selon lui, renforcera la participation. Mais, pour la première fois dans l’histoire de la République islamique, « on s’achemine vers une élection à deux tours », a-t-il prédit. La décision du Conseil a été annoncée sans que soient connues les intentions de l’ancien président Akbar Hachémi Rafsandjani, dont les mystères stérilisent la campagne. M. Larijani a laissé entendre qu’il se maintiendrait, si M. Rafsandjani, réputé comme un conservateur pragmatique, entrait en lice. « Si les conservateurs s’unissent sur ma candidature, je me sens obligé moralement de ne pas les laisser tomber », a-t-il déclaré. Un autre conservateur, Mohsen Rezaie, ancien chef des Gardiens de la révolution (l’armée idéologique), a déclaré qu’il resterait en compétition même si M. Rafsandjani était de la partie, a rapporté l’agence officielle Irna. Enfin, entre 42 % et 51 % des Iraniens ont l’intention de voter à la présidentielle du 17 juin selon des sondages, a déclaré le porte-parole du ministère iranien de l’Intérieur, cité hier dans la presse. Par ailleurs, l’Iran a officiellement démenti hier des informations de presse faisant état d’un achat en Allemagne de matériel destiné à la fabrication de missiles balistiques Shahab. « C’est une théorie sans aucun fondement. Comment du matériel pour une grue peut être utilisé dans la production de Shahab 3 et 4 ? » a déclaré le porte-parole du ministère iranien des Affaires étrangères Hamid Reza Assefi à la presse. L’hebdomadaire allemand Der Spiegel rapporte dans son édition parue aujourd’hui que le parquet fédéral allemand enquête sur une entreprise de Téhéran soupçonnée d’avoir acheté en Allemagne du matériel destiné aux Shahab, jugés dangereux pour Israël. Cette société, Mizan Machine, placée sur la liste noire des autorités allemandes, avait acheté en août dernier une grue spéciale de 600 000 euros (780 000 USD) auprès de l’entreprise Liebherr, basée dans le sud de l’Allemagne, selon le journal.