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Actualités - OPINION

L’opposition reste à l’affût et se méfie... Écœuré, Karamé ne se présenterait plus aux prochaines législatives

Comme le souligne l’un de ses pôles, l’opposition attend maintenant la déclaration ministérielle. Pour voir ce que le gouvernement a l’intention de faire au sujet de la configuration électorale. Et pour vérifier, en même temps, si Mikati tient parole. Car elle n’a plus une confiance aveugle dans les promesses qu’il lui a faites et certifiées. On sait en effet que le premier soin du chef du gouvernement, une fois le cabinet formé, a été de se laver les mains d’avance des décisions qui seraient prises. En déclarant que les convictions du député Mikati, auteur des promesses en question, restent sans doute les mêmes. Qu’il croit donc toujours personnellement au caza, comme à la nécessité d’organiser les élections dans les délais. Mais qu’il ne résume pas à lui tout seul l’autorité du Conseil des ministres et ne peut préjuger des choix de cette instance. D’autant, dit-il, qu’il doit s’efforcer de dynamiser, d’activer les institutions en tant que telles. Il relativise donc ses engagements, pour ne pas dire qu’il les renie. Prenant en quelque sorte le contre-pied de Louis XII qui, en montant sur le trône, rassurait tout de suite ses adversaires : le roi de France n’allait pas régler les comptes du duc qu’il avait été. Doutes La prudence toute neuve de Mikati inquiète donc sourdement l’opposition. Qui se l’explique d’autant moins qu’en principe, et sauf revirement, le président de la République, indéniablement influent dans le cadre du nouvel Exécutif, est lui aussi pour le caza. Les opposants se demandent donc si Mikati n’a pas reçu, du côté des décideurs, des signaux déterminés. Allant dans le sens souhaité par leurs fidèles alliés d’Amal et du Hezbollah, favorables au mohafazat assorti d’une dose de proportionnelle, et favorables aussi au report des élections, puisqu’il faut du temps pour remplacer le projet de loi déjà transmis à la Chambre et en débattre. Sur les deux points, sur le caza comme sur les délais, l’opposition ne peut pas transiger. Car elle y perdrait la certitude de remporter le scrutin haut la main. Paysage La partie est d’autant plus serrée que même si le président de la République, fort de son accord avec le patriarche Sfeir comme du soutien de la majorité des ministres, Mikati en tête, devait faire prévaloir le caza, le dernier mot appartiendrait toujours à la majorité parlementaire. Qui garderait le droit de modifier entièrement le code proposé, par une série d’amendements. En pratique cependant, elle ne s’y risquerait sans doute pas si le gouvernement se montre ferme et lie la confiance au respect du texte avancé. Tout au plus, ou au pire, on trouverait un arrangement à la libanaise. En divisant les mohafazats en deux ou trois parties. Ou en fusionnant certains cazas. Mais ce ne serait peut-être pas nécessaire. Car la majorité loyaliste de 71 se trouve maintenant, par suite des retombées de l’assassinat du président Hariri, largement ébréchée. Déjà, les 57 députés qui se sont prononcés pour Mikati soutiennent le caza. Ils peuvent compter sur le probable ralliement de quelques indépendants qui avaient opté pour Abdel-Rahim Mrad, sans être partisans du mohafazat. Et le forcing éventuel du noyau dur des prosyriens se trouverait réfréné, sans doute, par le fait que cette fois les décideurs ne peuvent pas lancer ouvertement de mot d’ordre. Les Syriens ne cessent en effet de répéter, à l’instar de la déclaration d’adieux de Rustom Ghazalé, qu’ils ne se mêlent pas des questions intérieures libanaises. Sujet sur lequel tous les jours, ou presque, Bush les met sévèrement en garde. Positions Mais Berry, allié avec le Hezbollah, n’est évidemment pas quantité négligeable en matière d’options parlementaires. Il fait des pieds et des mains pour imposer le mohafazat. En se référant à Taëf. Ce à quoi des politiciens qui avaient participé à l’élaboration de ces accords lui répondent que, primo, le document précise qu’il s’agit du mohafazat après nouveau découpage administratif réducteur ; c’est-à-dire d’une bonne dizaine de circonscriptions et non de cinq. Sans compter que désormais il y a trois nouveaux mohafazats officiels : Nabatiyeh, Baalbeck-Hermel et le Akkar. Et, deuxio, que Taëf n’a jamais parlé de la proportionnelle. Mikati, pour sa part, n’est pas candidat à la députation. Il n’en garde pas moins sa stature, ou son statut, d’homme politique soucieux de son assise populaire, au Nord. Dans ce cadre et dans ce sens, il devrait logiquement rester fidèle au projet de caza présenté par son allié régional, l’ancien ministre de l’Intérieur Sleimane Frangié. Cependant on ne peut oublier qu’à un certain moment, Mikati avait élaboré lui-même une formule mélangeant caza et mohafazat, avec une dose de proportionnelle. Il a déclaré qu’il y avait renoncé et, selon ses proches, il souhaite avant tout tenir la gageure d’organiser les élections dans les délais. Ce qui signifie qu’il s’accrocherait au projet du caza, déjà sur la table, sans perdre du temps à en établir un autre. D’autant qu’il doit tenir compte des fortes pressions extérieures pour un scrutin en temps dû. De plus, il resterait politiquement conséquent avec lui-même. En faisant le contraire de ce que son adversaire tripolitain, Omar Karamé, champion des atermoiements et du report, avait tenté de faire. Avant d’être en quelque sorte lâché par ses bons amis prosyriens de la Rencontre de Aïn el-Tiné. Ce qui explique, aux dires de certains, que le président du Conseil démissionnaire en ait un peu voulu aux décideurs. Et se soit poliment excusé, selon ces sources, de ne pas recevoir la délégation militaire qui faisait sa tournée d’adieux. Écœuré, Karamé déclare qu’il va voyager au Ghana, qu’il ne se présentera pas aux prochaines élections législatives et son fils non plus. Idées Retour à Mikati. S’inquiétant sans doute des inquiétudes de l’opposition, il a pris contact avec nombre de ses pôles, indiquent des sources informées. Pour essayer d’en calmer les appréhensions. Selon ces observateurs, on débattrait actuellement des formules suivantes : – Maintien du caza, mais pour une seule fois, avec quelques modifications concernant notamment Beyrouth. Le prochain gouvernement élaborerait un code sur d’autres bases plus consensuelles. – S’il y a trop de complications, et pour respecter la priorité des délais, on convoquerait les collèges électoraux en base de la loi en vigueur, c’est-à-dire de la loi utilisée en l’an 2000. Ce qui serait un triomphe pour les loyalistes, assurés de voir de nouveau voler les parachutes, circuler les bulldozers et les bus. Avec cependant trois retouches correctrices : Jezzine serait rattachée à Tyr-Saïda-Zahrani et non plus à Nabatiyeh ; Bécharré serait reliée à Zghorta-Tripoli ; enfin, le Mont-Liban serait divisé en deux et non en quatre. – Adoption d’un nouveau découpage administratif, avec des districts comprenant plus d’un caza. Au Nord, il y aurait les unités suivantes : Tripoli-Akkar ; Zghorta-Denniyé-Minyé ; ou Zghorta-Koura-Batroun. Au Mont-Liban il y aurait : Jbeil-Kesrouan ; Metn-Nord ; Baabda-Aley ; Chouf. Au Sud, Saïda-Jezzine-Zahrani-Tyr ; Nabatiyeh-Hasbaya-Bint-Jbeil. Dans la Békaa, Baalbeck-Hermel ; Zahlé-Békaa-Ouest. Enfin Beyrouth serait divisé en trois circonscriptions. Philippe ABI-AKL
Comme le souligne l’un de ses pôles, l’opposition attend maintenant la déclaration ministérielle. Pour voir ce que le gouvernement a l’intention de faire au sujet de la configuration électorale. Et pour vérifier, en même temps, si Mikati tient parole. Car elle n’a plus une confiance aveugle dans les promesses qu’il lui a faites et certifiées. On sait en effet que le premier soin...