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Actualités - CHRONOLOGIE

Accueil plutôt mitigé de la classe politique L’opposition attend la déclaration ministérielle et s’attache à ses revendications

Si la classe politique libanaise a en général accueilli assez tièdement la formation et la composition du nouveau gouvernement, elle a cependant tenu à ne pas adopter une attitude négative à son égard, accordant ainsi un sursis à l’équipe de Négib Mikati. En effet, la grande majorité des responsables politiques a déclaré vouloir attendre la teneur de la déclaration ministérielle pour se prononcer définitivement, tout en soulignant dans ce cadre la nécessité d’y inclure les revendications de l’opposition en ce qui concerne la révocation des responsables sécuritaires, la tenue d’élections législatives dans les délais et, pour certains, l’adoption du caza comme circonscription électorale. Le général Michel Aoun a ainsi exprimé « des réserves » en ce qui concerne « la dimension politique » du nouveau gouvernement, se déclarant sceptique quant à son caractère « équilibré ». « Ce cabinet contient des personnes engagées au sein du camp loyaliste, sans qu’il ne comporte des personnes engagées dans l’opposition », a-t-il expliqué, avant de souligner toutefois que l’avantage de cette équipe est de sortir de l’impasse. Le député du Metn, Nassib Lahoud, a fait état, à l’issue de sa rencontre avec le Premier ministre désigné, Négib Mikati, d’un sentiment « mitigé ». « Nous avons relevé d’un côté la formation sans atermoiements d’un gouvernement restreint, ainsi que la participation de certaines personnes intègres », a-t-il déclaré, soulignant toutefois la présence de « symboles de l’étape antérieure » et « l’effet négatif qu’ils pourraient avoir sur la performance du gouvernement durant cette étape transitoire et sensible qui doit être libre de toute pratique perverse ou autoritaire ». « Nous avons expliqué à M. Mikati que notre position par rapport au cabinet est liée à la déclaration ministérielle qui devra comporter les principales revendications de l’opposition, notamment en ce qui concerne l’adoption du caza comme circonscription électorale », a-t-il ajouté. Le comité de suivi de la « troisième force » a salué la rapidité à laquelle a été formé le cabinet « indépendamment de sa qualité ou de sa composition ». « Ce gouvernement assume la lourde responsabilité de faire adopter une loi électorale, d’organiser les élections le plus vite possible et d’accompagner le travail de la commission d’enquête internationale chargée d’établir la vérité sur l’assassinat de l’ancien Premier ministre, Rafic Hariri », a-t-il dit. Estimant que les nouveaux ministres étaient de « bonnes personnes », l’ancien ministre Albert Mansour a espéré que le cabinet pourra remplir sa mission en travaillant avec la commission d’enquête et en organisant les élections législatives dans les délais. Le député haririen de Beyrouth, Walid Eido, a de son côté estimé que la composition du nouveau gouvernement est « acceptable » et indiqué que les choses pourraient évoluer d’une façon « correcte ». Soulignant l’importance de la déclaration ministérielle pour le vote de confiance, il a affirmé s’attendre à ce que la nouvelle équipe « poursuive les engagements de son président, Négib Mikati, en ce qui concerne la révocation des responsables sécuritaires et l’adoption rapide d’une loi électorale afin d’avoir des élections ». Le député Michel Pharaon a également déclaré vouloir attendre la déclaration ministérielle. « Le plus important est que les élections aient lieu dans les délais constitutionnels », a-t-il affirmé, avant de souligner l’importance des autres doléances de l’opposition, alors que le député du Batroun, Boutros Harb, a déclaré : « Nous sommes en contact avec les autres forces de l’opposition pour adopter une position unique. Une position qui ne peut d’ailleurs être prise tant que nous ne savons pas ce que ce gouvernement est venu faire. » Le député du Kesrouan, Nehmetallah Abi Nasr, a en outre salué le fait que les membres de ce cabinet ne soient pas candidats aux élections, prenant en même temps position en faveur de l’adoption de la petite circonscription lors du prochain scrutin « qui devrait avoir lieu dans les délais ». Par ailleurs, le député Alaeddine Terro, membre de la Rencontre démocratique, a estimé que « beaucoup de ministres inspirent confiance, et donnent l’impression de pouvoir assumer leurs responsabilités et accomplir leur mission ». « Nous souhaitons que les autres ministres que nous ne connaissons pas fassent la même chose », a-t-il dit. Le député Ghazi Aridi a déploré de son côté le refus de certaines parties de l’opposition de participer au gouvernement. « Nous voulions que l’opposition participe directement pour qu’il y ait des politiciens professionnels capables de protéger et d’appliquer les grandes lignes du compromis régional et international qui a eu lieu à Paris et à l’élaboration duquel Walid Joumblatt, Saad Hariri et l’opposition ont participé », a-t-il expliqué, avant de poursuivre : « Il y a certaines failles dans la composition du cabinet qui auraient pu être évitées. Le Premier ministre désigné, Négib Mikati, a d’ailleurs essayé de le faire, sans qu’il ne réussisse dans sa tentative. » Le député de la Békaa-Ouest, Robert Ghanem, a estimé que la formation du gouvernement « donne l’espoir d’avoir des élections dans les délais constitutionnels et dans une atmosphère de transparence et de neutralité ». « M. Mikati sera d’ailleurs un exemple sur ce point puisqu’il a annoncé qu’il ne sera pas candidat à ces élections. Cela montre (...) sa volonté de rendre leur crédibilité aux institutions et à l’État aussi bien à l’intérieur qu’à l’étranger », a-t-il ajouté. La députée de Beyrouth, Ghenwa Jalloul, a également donné toute son importance à la déclaration ministérielle qui déterminera sa position par rapport au gouvernement. Relevant plusieurs aspects positifs dans le nouveau cabinet, parmi lesquels figurent la rapidité de la formation, la compétence de « beaucoup de ministres », ainsi que le fait que ses membres ne soient pas candidats aux prochaines législatives, elle a toutefois souligné la présence de certains ministres « provocants qui proviennent de l’ancien gouvernement et qui avaient essayé de mettre des obstacles devant le travail de la commission d’enquête, ou bien qui n’ont pas vérifié qui sont ceux qui l’ont fait ». « Mais pour être positifs, nous allons donner une deuxième chance », a-t-elle ajouté, mettant en exergue l’existence d’« une certaine bonne volonté » en ce qui concerne la réalisation des demandes de l’opposition. L’ancien vice-Premier ministre, Issam Farès, a à son tour estimé que « la mission du nouveau cabinet ne doit pas se résumer à l’organisation des élections législatives, puisqu’il doit également se pencher sur les différents aspects politiques et financiers de la situation ». Le ministre démissionnaire de l’Économie, Adnane Kassar, a enfin salué Négib Mikati « qui a dû former un gouvernement dans cette période difficile, ce qui a rapidement été fait lorsqu’il a senti qu’il devait éviter plus de tension au pays ». Il a en outre favorablement accueilli la nomination de certaines personnes « qui inspirent confiance », et notamment le ministre des Finances et de l’Économie, Damien Kattar. Il a également exprimé le soutien des organismes économiques à M. Mikati dans toutes les initiatives qu’il prendra avec son gouvernement.

Si la classe politique libanaise a en général accueilli assez tièdement la formation et la composition du nouveau gouvernement, elle a cependant tenu à ne pas adopter une attitude négative à son égard, accordant ainsi un sursis à l’équipe de Négib Mikati. En effet, la grande majorité des responsables politiques a déclaré vouloir attendre la teneur de la déclaration...