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Actualités - OPINION

L’ÉDITORIAL de Issa GORAIEB Vite ; mais bien ?

Les yeux fixés sur le calendrier – et même, faut-il croire, sur le chronomètre ! – Nagib Mikati a gagné hier la première tranche de son pari : après tout le temps perdu avec son prédécesseur Omar Karamé, un gouvernement au pas de charge pour honorer à temps, et sans le moindre délai, l’échéance électorale. Le Premier ministre désigné a par ailleurs tenu parole en excluant de son équipe tout candidat aux législatives dont la présence eut fatalement compromis, d’emblée, le critère d’impartialité requise pour la préparation et la gestion de l’opération électorale. On créditera encore Mikati de l’entrée au gouvernement de maintes personnalités respectées pour leur compétence et leur intégrité, et qui se retrouvent exactement là où il faut : citons entre autres Adel Hamiyé aux Travaux publics, Ghassan Salamé à l’Éducation et la Culture et Charles Rizk à l’Information. On regrettera néanmoins que pour ce cabinet de transition l’on ait tout de même sacrifié à la sacro-sainte règle du partage des influences, même si les principaux partenaires, les présidents Lahoud et Berry, ont concédé une modeste part du gâteau gouvernemental à la famille Hariri. Bien moins que modeste, a très vite réagi le leader druze Walid Joumblatt qui souhaitait en effet une substantielle participation des contestataires au nouveau gouvernement. Et dont la déception est partagée, depuis son exil parisien, par un autre poids lourd de l’opposition, le général Michel Aoun. Pour s’en tenir à l’objectif-élections, beaucoup devrait dépendre de la poigne dont feront preuve, il faut bien l’espérer, les nouveaux ministres de l’Intérieur et de la Justice, premiers gardiens – et responsables premiers – de la régularité du scrutin. À l’officier retraité Hassan Sabeh échoit la tâche, essentielle entre toutes, de remettre sous sa coupe tous les fonctionnaires civils et sécuritaires qui tout au long des dernières années ont imposé leur propre loi à leur ministre titulaire, viciant de la sorte non seulement les consultations électorales mais l’exercice du pouvoir dans sa plus simple expression. Pour le magistrat Kabbani, la régularité du scrutin devrait être l’occasion de réhabiliter, aux yeux de l’opinion publique, son département longtemps et scandaleusement perméable aux ingérences occultes. Promise par Nagib Mikati, la mise à l’écart des chefs des divers organismes sécuritaires ne règle pas toute la question : le traficotage des élections, c’est aussi le fait des mohafez, caïmacams, officiels subalternes de gendarmerie et autres scribes de l’état civil. Et il est bien connu que certaine famille politique longtemps en charge de l’Intérieur s’est assuré la fidélité de divers maillons sensibles de la hiérarchie des Forces de sécurité intérieure. Aussi faut-il espérer que le gendre du chef de l’État, Élias Murr, ancien patron de l’Intérieur, se contentera de jouer les petits soldats au ministère de la Défense qui vient de lui être confié. Plus malheureux encore est le diktat du président Berry qui s’est traduit par le retour, à la tête des Affaires étrangères, de Mahmoud Hammoud. À l’heure où est en voie d’être desserré ce véritable carcan que fut la tutelle syrienne, et où Beyrouth doit traiter avec les prises de position quasi quotidiennes des puissances, il est pour le moins inopportun de maintenir à la tête de la diplomatie libanaise un homme qui, dans son champ d’action (de passivité et de suivisme serait sans doute plus exact) s’est incontestablement plié à la règle de l’arrimage à Damas. Pire, Hammoud fait indiscutablement partie de ces excellences qui ont manifesté les plus grandes réserves à l’idée même d’une enquête internationale sur l’assassinat de Rafic Hariri, et qui ne s’y sont ralliées que sur le tard et sous la pression des événements. Même à ce moment, le palais Bustros a déployé une belle activité pour tenter d’adoucir tantôt les rapports du secrétaire de l’Onu sur l’ attentat du 14 février, et tantôt le cadre de fonctionnement de l’enquête internationale. Ces efforts ont-ils été orchestrés, jusqu’à ces tout derniers jours, par ces mêmes officines de l’ombre que Mikati s’est engagé à décapiter mais qui se refusent obstinément à dételer, comme le veut la rumeur ? Au stade où en sont les choses, peu importe en réalité la réponse : c’est bien la première fois dans les annales qu’à l’instant de prendre ses fonctions, un ministre se trouve contraint de tenir une conférence de presse à seule fin de se défendre…

Les yeux fixés sur le calendrier – et même, faut-il croire, sur le chronomètre ! – Nagib Mikati a gagné hier la première tranche de son pari : après tout le temps perdu avec son prédécesseur Omar Karamé, un gouvernement au pas de charge pour honorer à temps, et sans le moindre délai, l’échéance électorale. Le Premier ministre désigné a par ailleurs tenu parole en excluant...