Hammoud justifie l’opération du Hezbollah par les transgressions israéliennes répétées Geir Pedersen prolonge son séjour au Liban pour calmer le jeu à la frontière(photos)

Accompagné de son prédécesseur, Staffan di Mistura, le nouveau représentant d’Annan au Sud, Geir Pedersen, a fait connaissance hier avec les officiels libanais, y compris du directeur général de la Sûreté. Reçu par Mahmoud Hammoud au palais Bustros, il s’est félicité de la cordialité de l’entretien. Qui a porté en partie sur le bilan de l’action développée durant quatre ans par Di Mistura, maintenant nommé adjoint du représentant personnel du secrétaire général de l’Onu en Irak. Pedersen a ajouté qu’il est parfaitement conscient de la difficulté de la tâche qui l’attend. Précisant qu’il a rapidement évoqué avec Hammoud la situation sur la ligne bleue. Qu’il compte naturellement, car c’est là sa mission, suivre toujours de près. Il a indiqué avoir appris qu’un drone du Hezbollah avait effectué un vol. Appelant les protagonistes des deux côtés à maintenir le calme le long de la ligne bleue. Pour contribuer, a-t-il dit, à l’instauration de la paix et de la stabilité dans la région. En réponse à une question de journaliste, il a répété ce souhait, précisant qu’il attend d’effectuer une première inspection de terrain avant de discuter des détails avec la presse. Pedersen a indiqué qu’il envisage de rencontrer toutes les parties. Pour sa part, Di Mistura a prononcé un mot de circonstance pour remercier le ministre de la collaboration développée afin de désamorcer la tension sur la ligne bleue. Les deux diplomates onusiens ont ensuite rendu visite au commandant en chef de l’armée, le général Michel Sleimane. Hammoud dénonce Israël Quant au ministre des Affaires étrangères, il a dénoncé devant ses visiteurs les viols israéliens permanents de l’espace aérien libanais. Indiquant que ce sont ces transgressions qui ont motivé l’opération menée la veille par le drone du Hezbollah, Mersad 1. Hammoud a réaffirmé que la 425 n’est toujours pas complètement appliquée. Ajoutant qu’une fois qu’elle le sera, cela mettra un terme à toutes les violations. En ôtant à Israël les prétextes dont il se sert vis-à-vis de l’Onu, prétendant que ses avions n’empruntent que l’espace aérien régional non libanais. Alors que l’écran radar militaire libanais enregistre des survols à l’intérieur des deux milles au large, donc en plein territoire libanais. Embarras israélien Toujours est-il que l’initiative du Hezbollah a pour ainsi dire mis les chancelleries sur les dents. Pedersen, qui devait pour sa prise de contact ne rester qu’un seul jour, a décidé de prolonger son séjour de deux semaines. Afin de contribuer à calmer le jeu, dans la mesure du possible, dans la région frontalière. De leur côté, des diplomates étrangers relèvent une certaine confusion provoquée par Mersad 1 dans les réactions israéliennes. En effet, le porte-parole de l’armée israélienne a déclaré, après le survol, que le drone, « iranien, a été lancé par le truchement du Hezbollah terroriste ». Mais un autre communiqué, publié à Jérusalem, indique que l’appareil relève bien, uniquement, du Hezbollah. Mais minimise la portée du survol. Un troisième communiqué, émanant également d’un porte-parole de l’armée israélienne, reconnaît que le drone a pu effectuer un large tour de reconnaissance aérienne au-dessus de la Galilée. Il s’abstient d’indiquer si les défenses antiaériennes israéliennes sont entrées en action. Sans évidemment réussir, puisque l’appareil a regagné sa base indemne. Message Des correspondants militaires israéliens ont d’ailleurs soutenu, à la télé, qu’une escadrille avait été vainement lancée à la poursuite du drone. Sans résultat, parce qu’il a échappé aux radars. Ces mêmes observateurs ont mis l’accent sur l’embarras des militaires israéliens, face à un défi « intolérable » lancé à la souveraineté aérienne israélienne. Pour se rassurer, un porte-parole militaire israélien a affirmé qu’Israël dispose de plusieurs moyens pour prévenir une récidive. Mais il convient de rappeler que ce n’est pas la première fois que Mersad 1 est employé : il l’avait déjà été en novembre dernier. Et les spécialistes avaient alors souligné que cet appareil, aussi léger qu’il soit, peut quand même transporter une cinquantaine de kilos d’explosifs à larguer sur des objectifs déterminés. Les Israéliens avaient donc annoncé l’installation de batteries antiaériennes Patriot le long de la frontière avec le Liban, mais qui n’ont manifestement servi à rien. Des sources diplomatiques notent dès lors à Beyrouth que le Hezbollah a trouvé une brèche dans l’armure israélienne. Et que le survol effectué par Mersad 1 constitue autant un message politique que militaire. Adressé au Conseil de sécurité de l’Onu, relativement à la 1559, autant qu’à Israël. Cela au moment où Bush recevait Sharon. Pour leur dire qu’il ne faut pas rêver de désarmer le Hezbollah. Khalil FLEYHANE