Une cérémonie planétaire

Les obsèques de Jean-Paul II, premier pape de l’ère médiatique globale et chef de l’Église catholique qui revendique plus d’un milliard de fidèles, se sont transformées hier en événement planétaire, marqué par des rassemblements populaires et des manifestations de deuil dans le monde entier. Le deuil national a été observé ou prolongé au Brésil, plus grand pays catholique au monde, aux Philippines, pays d’Asie comptant le plus grand nombre de catholiques, au Nicaragua, au Portugal, en Lituanie, au Congo, au Mexique, en Zambie, Hongrie, Bosnie-Herzégovine, Roumanie, Ukraine et République tchèque. Beaucoup d’autres pays avaient décrété précédemment des journées de deuil, comme l’Italie, l’Espagne, l’Inde, l’Égypte, l’Albanie, Cuba et la Guinée équatoriale. L’Église de France avait installé hier un écran géant à la cathédrale Notre-Dame de Paris et à la basilique de Lourdes, permettant à des milliers de fidèles de suivre les obsèques. Les drapeaux étaient en berne en Allemagne, au Portugal, en France, en Autriche, au Luxembourg, en Slovaquie, en Belgique, aux sièges de la Commission et du Conseil des ministres de l’UE, du Parlement européen et de l’Otan. Les cloches ont sonné hier en Belgique, comme en Croatie, en République tchèque, au Liban, au Royaume-Uni, en Autriche et au Portugal, où une messe a rassemblé quelques centaines de fidèles au sanctuaire de Fatima. En Afrique, de nombreuses messes ont été organisées : en Afrique du Sud, dans l’immense township de Soweto, ou au Burundi, au Cap-Vert, ou encore au Kenya, en Ouganda et à Madagascar, au Rwanda, en Guinée-Bissau et au Sénégal. Plus de 20 000 Ukrainiens se sont rassemblés dans les églises de Lviv, bastion des catholiques de rite oriental (uniates) de l’ouest de l’Ukraine, pour des messes spéciales. En Turquie, pays laïque à population majoritairement musulmane, une messe a eu lieu hier soir à la cathédrale d’Istanbul. Au Japon, le prince héritier Naruhito s’est joint à une messe réunissant quelque 1 500 catholiques. Un écran géant avait été installé à la cathédrale catholique de Moscou et aussi en Inde, à la mission créée par Mère Teresa. Au Mexique, des milliers de fidèles s’étaient rassemblés jeudi au passage d’une papamobile occupée par une photo de Jean-Paul II. En Espagne, aucun écran géant et aucune messe n’ont été prévus. La raison probable, comme celle avancée en Hongrie, a été de laisser les fidèles suivre les obsèques de chez eux, sur l’Internet ou à la télévision. Les forums sur l’Internet ont connu une affluence record, selon le président de l’Observatoire espagnol de l’Internet (OEI), Francisco Canals, qui a affirmé que « jamais dans l’histoire autant de gens n’avaient exprimé leurs condoléances par voie électronique ». Des prières collectives ont rassemblé des milliers de Philippins à Manille, où les obsèques vaticanes ont été retransmises sur écrans géants. Les catholiques de Chine se sont rassemblés, malgré le silence des médias officiels sur les événements de Rome. À New York, l’Empire State Building a été plongé dans l’obscurité pendant toute la nuit en hommage à Jean-Paul II. Au Maroc, une messe de requiem avait été célébrée jeudi à Rabat en présence de plusieurs membres du gouvernement. Une autre l’a été hier matin à Alger. À la mosquée de Paris ou en Espagne, les musulmans ont été invités à se recueillir en hommage au pape.