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Actualités - CHRONOLOGIE

Un merveilleux rendez-vous d’amour plutôt qu’un adieu Après des funérailles grandioses, Jean-Paul II repose en paix dans une crypte de saint Pierre (Photo)

ROME - De notre envoyée spéciale Scarlett HADDAD Ce n’était pas un adieu, mais un merveilleux rendez-vous d’amour. Le cercueil de Jean s’est comme effacé simplement alors que les six cloches de la basilique Saint-Pierre sonnaient à toute volée et que la foule, émue mais sereine, applaudissait à tout rompre. On aurait presque dit qu’elle assistait à une tombée de rideau et attendait une réapparition après les rappels. Mais le pape ne reviendra pas, même si le million de fidèles qui se sont pressés hier sur la place Saint-Pierre et ses environs l’ont déjà canonisé. Et ce jour des funérailles que tout le monde appréhendait comme une séparation pénible s’est transformé en une occasion de retrouvailles entre les grands de ce monde, mais aussi entre les citoyens venus des quatre coins de la planète. Un moment unique pour un pape qui a certainement marqué l’histoire. Une aube froide et lumineuse s’est levée hier sur Rome, envahie par des groupes de pèlerins venus essentiellement de Pologne, mais aussi de nombreux autres pays. Ils ont envahi toutes les places, toutes les parcelles de gazon, transformant la ville en un vaste camping, bon enfant et sans prétention. Les rues étant fermées à la circulation, sauf pour les voitures officielles, les pèlerins ont pu prendre leurs aises et les autorités avaient placé des écrans géants sur les grandes places pour que les fidèles puissent suivre la cérémonie sans avoir à entrer à la place Saint-Pierre. Cette place était d’ailleurs quadrillée comme un camp retranché. Les tentes blanches des chaînes de télévision internationales plantées sur les toits des bâtiments entourant la place, la faisaient ressembler à un carré de centurions. Et les rares entrées filtraient implacablement les visiteurs. Seuls les Polonais étaient admis sans problèmes. Mais pour les autres pays, il n’y avait que de petites délégations, surtout des jeunes avec des drapeaux. Toute la cérémonie était minutieusement orchestrée, et les journalistes étaient parqués sur les toits pour observer – de loin – toute la scène. À partir de 9 heures, les délégations officielles ont commencé à arriver selon un ordre bien précis. Les autorités italiennes et vaticanes ont d’ailleurs beaucoup travaillé pour parvenir à l’établir, car gérer 200 délégations officielles sans erreur protocolaire ou diplomatique est un véritable casse-tête. Jusque tard dans la soirée de jeudi, les autorités du Vatican hésitaient encore sur les critères à adopter. Naturellement, les délégations italienne et polonaise devaient être installées au premier rang, mais comment placer les autres sans susciter des susceptibilités ? Finalement, les souverains ont été placés au premier rang, les chefs d’État au second, avec un souci d’éviter les proximités gênantes. Mais le climat de fraternité ambiant a quand même permis des poignées de main inattendues entre le président américain George Bush, et les présidents syrien Bachar el-Assad et iranien Mohammed Khatami. Quant au président français Jacques Chirac, il a eu un aparté avec Bill Clinton. La plupart des échanges étaient d’ailleurs courtois à défaut d’être toujours amicaux. Et selon les experts, il n’y a jamais eu pour une même cérémonie une telle concentration de chefs d’État : cent au total, dont notamment le président brésilien, le Premier ministre espagnol, le président algérien et le roi de Jordanie. Les jeunes, surtout, que Jean-Paul II a tant aimés, lui ont rendu hier au centuple son amour, scandant son nom par moments, et par d’autres priant avec ferveur. Si le patriarche maronite Nasrallah Sfeir était avec les cardinaux, c’est le patriarche grec-catholique Grégoire Lahham qui a prononcé une prière en arabe au nom des Églises d’Orient. D’ailleurs, à ce moment-là, le silence s’est fait sur toute l’assemblée, et cette prière orientale a résonné dans tous les cœurs comme un message d’amour entre toutes les religions et entre toutes les races. Un peu comme l’a voulu Jean-Paul II qui n’a jamais cessé de militer pour la fraternité entre les hommes. Il avait fait sienne cette devise de saint Augustin. « Je suis chrétien avec vous et pour vous. » Et hier, les chrétiens du monde entier l’ont accompagné dans son dernier voyage. Oubliant la cohue, le froid, les mesures de sécurité épuisantes, ils sont venus de partout pour lui crier leur amour et lui dire que son message ne mourra pas avec lui. Hier, place Saint-Pierre, la chrétienté n’était que tolérance et ouverture. Et dans la crypte où il se trouve désormais, à la place de Jean XXIII, devenu bienheureux (lire par ailleurs), Jean-Paul II peut reposer en paix. Son long pontificat a donné un nouvel élan à la chrétienté et a changé le cours de l’histoire.
ROME - De notre envoyée spéciale Scarlett HADDAD
Ce n’était pas un adieu, mais un merveilleux rendez-vous d’amour. Le cercueil de Jean s’est comme effacé simplement alors que les six cloches de la basilique Saint-Pierre sonnaient à toute volée et que la foule, émue mais sereine, applaudissait à tout rompre. On aurait presque dit qu’elle assistait à une tombée de rideau et...