Le barrage de Chtaura tenu désormais par l’armée libanaise À Ablah, l’adoption du plan de l’ultime retrait syrien (Photo)

Les commandements des armées libanaise et syrienne ont décidé hier, lors d’une réunion conjointe, un plan de retrait total des troupes syriennes stationnées au Liban, du 7 au 30 avril. Entre-temps, les troupes syriennes ont poursuivi leur retrait de la Békaa. Elles ont remis le barrage de Chtaura, qu’elles occupaient depuis 29 ans, à l’armée libanaise. Hier donc, le commandant en chef de l’armée, Michel Sleimane, et le chef d’état-major syrien, Ali Habib, ont tenu une réunion à Ablah, au cours de laquelle ils ont mis au point un plan de retrait complet syrien. « La commission militaire mixte a décidé d’entamer à partir du 7 avril l’opération de retour de toutes les troupes syriennes stationnées au Liban en Syrie, qui se terminera au plus tard le 30 avril », ont précisé les deux commandements militaires dans un communiqué. La réunion s’est tenue en présence du chef des services de renseignements militaires syriens au Liban Rustom Ghazalé. Avant la réunion de la commission mixte, l’armée syrienne avait poursuivi l’évacuation de ses positions de la Békaa. Vingt-cinq camions chargés de batteries antiaériennes et de matériel militaire ont quitté les localités de Rachaya et de Halwa, dans la Békaa-Ouest, et se sont dirigés vers le territoire syrien. Des dizaines d’autres positions syriennes dans cette partie de la Békaa étaient maintenues intactes jusqu’à hier soir. Par ailleurs, les troupes syriennes ont démonté un hôpital de campagne érigé à Chtaura. L’armée libanaise a pris le contrôle du barrage de Chtaura, qui était tenu depuis près de trente ans par des agents des services de renseignements syriens. À Dahr el-Baïdar, les troupes de Damas ont évacué des positions non loin du radar et ont rejoint la frontière. Dans le nord de la Békaa, le retrait s’est poursuivi et des dizaines de camions ont quitté la frontière par la route de Qaa, ou en empruntant des chemins de terre battue. L’annonce du retrait total syrien a provoqué des réactions dans les rangs de l’opposition. Le mouvement de réforme Kataëb (Amine Gemayel) a souligné dans un communiqué publié à l’issue de sa réunion hebdomadaire que « le retrait total des troupes syriennes du Liban permettra de revenir à l’application des accords de Taëf et de parvenir à l’édification d’un État souverain, et ce notamment par le biais de l’organisation des élections législatives à leurs dates prévues ». Ghassan Moukheiber, député du Metn, a, pour sa part, indiqué que le retrait total des troupes syriennes devrait permettre l’organisation des élections à la date prévue, ainsi que la redéfinition des relations libano-syriennes. Il a ajouté que malgré « le retrait, il ne faut pas oublier les dossiers en suspens, notamment ceux des détenus libanais dans les geôles syriennes, et le tracé des frontières à Chebaa ». Rappelons que l’adoption de ce plan du dernier retrait intervient au lendemain de l’annonce par la Syrie et l’Onu, à Damas, d’un accord « historique » sur le retrait de toutes les troupes syriennes déployées au Liban depuis 1976, avant la fin du mois courant. L’envoyé spécial de l’Onu Terjé Roed-Larsen a déclaré que le ministre syrien des Affaires étrangères, Farouk el-Chareh, l’avait informé « du retrait total et complet du Liban des forces armées et des services de renseignements syriens au plus tard le 30 avril ». Les forces syriennes ont entamé le démantèlement de leurs positions dans la Békaa le 22 mars dernier. La première étape du redéploiement s’est achevée le 17 mars avec l’évacuation de quelque 8 000 hommes du Mont-Liban et du Nord ainsi que des permanences des services de renseignements syriens à Beyrouth. Entre 4 000 et 5 000 militaires syriens s’étaient alors retirés en Syrie alors que les autres s’étaient repliés sur la Békaa. Après ce dernier mouvement de retrait, le nombre de soldats syriens encore stationnés dans la Békaa était estimé à près de 8 000 hommes. Au plus fort de la guerre, Damas avait stationné 40 000 hommes au Liban.